Depuis le 8 février, six familles de sans-papiers qui occupent un immeuble voué à la démolition rue Charles-Domerq, près de la gare de Bordeaux, se retrouvent privées d'électricité. Les associations dénoncent une mesure de déshumanisation.
Ce sont six familles qui ont trouvé refuge dans cet appartement. Parmi la vingtaine d'occupants, sept enfants scolarisés et un bébé de trois mois. Depuis le mois de septembre, ils occupent cet immeuble au 10 bis, rue Charles-Domerq près de la gare de Bordeaux, promis à la destruction dans le cadre du projet de modernisation de Bordeaux "Euratlantique", dont la fin est prévue en 2027. Le 8 février, l'électricité leur a été coupée. "C'est très difficile, surtout pour les devoirs des enfants, il n'y a pas de lumière", s'inquiète l'un des occupants.
Plus d'eau chaude
"On mange juste du pain et du fromage et on va prendre des douches de temps à temps vers Stalingrad. On a froid, je rentre dans le lit pour me réchauffer", décrit un groupe d'occupantes albanaises, réfugiées ici depuis septembre 2023. Depuis la coupure d'électricité, leurs conditions de vie se sont considérablement dégradées. "En plein hiver, on n'a ni chauffe-eau ni rien du tout", raconte un père de famille, arrivé d'Algérie. On ne peut préparer à manger, ma femme est diabétique, je suis obligé de laisser son insuline sur le frigo."
"Une déshumanisation inadmissible"
Pour les associations, cette situation est intenable. Les occupants, qui se sont réfugiés dans l'immeuble inoccupé à la fin de l'été, ne peuvent être évacués avant la trêve hivernale, fixée entre le 1er novembre et le 1er mars. "Ces familles sont déjà en très grande précarité et on leur impose une précarité supplémentaire avec cette coupure d'électricité, on a là un élément de déshumanisation inadmissible", tance Gérard Clabé, bénévole du Réseau éducation sans frontières "RESF33".
"On demande que la trêve hivernale soit respectée"
Contactée, la ville de Bordeaux dit s'être "inquiétée de la situation dans le quartier Euratlantique dès qu'elle en eu connaissance". "La Ville a ainsi alerté la semaine dernière avec son Centre communal d’action sociale (CCAS) les parties prenantes notamment le propriétaire des lieux (Apsys), l’État pour la résorption du squat et l'hébergement d'urgence et le Conseil départemental de la Gironde pour la prise en charge sociale des familles avec enfants", précise la municipalité.
"Nous avons été saisis d'une demande de concours de la force publique le 5 décembre 2023 pour procéder à l'évacuation après le 31 mars", indique la préfecture de Gironde. D'ici là, "le dossier est en cours d'instruction". La préfecture ajoute qu'un recensement et un diagnostic social sont en cours.
On s'adresse au propriétaire du lieu et aux pouvoirs publics pour que ces familles retrouvent l'électricité, qu'on respecte la trêve hivernale et qu'à plus long terme, on leur trouve un logement
Gérard Clabébénévole du Réseau édication sans frontières
La société privée Apsys n'a pas répondu aux sollicitations de France 3. Les pouvoirs publics, de leur côté, assurent essayer de trouver une solution entre Enedis et le propriétaire privé pour que l'électricité soit rétablie. La question du relogement en urgence de ces familles se posera au moment de leur expulsion, à la fin de la trêve hivernale.