Évènement climatique en Nouvelle-Aquitaine : Rien de nouveau sous la grêle ?

C’est une grêle particulièrement violente qui a frappée de plein fouet la Nouvelle-Aquitaine en ce début de semaine. A quoi ce phénomène est-il dû ? Comment expliquer la soudaineté et la violence de cet évènement climatique qui a pris les Néo-Aquitain.e.s par surprise ? Explication par des spécialistes du phénomène.

Des grêlons d’une grosseur impressionnante, allant parfois jusqu’à la taille d’une boule de golf, couvraient le sol de plusieurs départements de la Nouvelle-Aquitaine en ce début de semaine.  Si les orages en été ne sont pas une surprise dans la région, la sévérité de la grêle en a déboussolé plus d’un. L’étude de la grêle relève du météorologue et du prévisionniste, et ce sont eux qui nous expliquent l’origine et la sévérité de ce phénomène.

D’où viennent les grêlons qui tombent sur votre toit et votre pare-brise ?

L’épisode de grêle qui a eu lieu lundi est à situer dans le contexte d’une météo spéciale, mettant en scène deux phénomènes météorologiques n’allant pas l’un sans l’autre.

D’un côté, il y a les fortes chaleurs de la semaine précédente et dont l’air chaud est capable d’emmagasiner une très grosse quantité de vapeur d’eau.  

En parallèle à ces conditions, depuis la fin de la semaine dernière et provenant du Portugal, une goutte froide est remontée vers le Golfe de Gascogne, amenant un air frais et humide dans la région. Cette goutte froide s’est donc confrontée au phénomène de grosse chaleur pour donner une masse d’air orageuse.

La confrontation du très chaud et du très froid va avoir pour conséquence la montée du vent ascendant dans les nuages. A l’intérieur du nuage, en particulier du type cumulonimbus, les grêlons font une espèce de boucle et grossissent en s’agglomérant les uns aux autres.

Plus le grêlon a une durée de vie longue à l’intérieur du nuage, plus il va avoir le temps de grossir, plus il sera lourd avant de tomber au sol par effet gravitationnel.

Ce phénomène scientifique est également expliqué en vidéo sur la plateforme éducative Lumni.

Un épisode sévère en Nouvelle-Aquitaine 

Si les statistiques démontrent une grande variabilité annuelle concernant les chutes de grêlons, les mois les plus touchés sont ceux de mai et juin. En été, les nuages d’orages et les orages violents sont assez fréquents dans la région. « Néanmoins pour que la taille des grêlons et que les rafales de vent atteignent une sévérité telle que celle rencontrée lundi soir, c’est assez rare. » nous confie Damien Dommet, prévisionniste à Météo France Nouvelle-Aquitaine.

Ce lundi, la violence de l'averse avait pris Oscar, comme beaucoup d'autres, par surprise à Caudéran. 

Une particularité de la région ?

 Mais ce phénomène n’est pas une spécificité du Sud-Ouest 

Damien Dommet, prévisionniste chez Météo France

 

 « Quel que soit le territoire métropolitain observé, on a des phénomènes de ce caractère-là : des vigilances orages ont été placées sur d’autres régions que la nôtre ces derniers jours. »

Ce qui fait toutefois la particularité de notre région c’est que « les cellules orageuses [cumulonimbus] se forment à proximité directe de notre région. Ces derniers jours ont illustré cette situation où des régions plus au Nord ont récupéré des cellules qui se sont formés effectivement chez nous. » continue-t-il. 

En Nouvelle-Aquitaine, le risque peut ainsi être multiplié en raison de notre proximité avec le Golfe de Gascogne, représentant un apport potentiel d’humidité d’une part, et de l’autre par les Pyrénées qui sont propices aux orages.

Mesurer et prévoir la grêle : « La grêle, parent pauvre de la météorologie » ?

Il n’y a pas énormément de statistiques sur les orages, et encore moins sur la grêle

 Yorik Baunay, directeur de l’Observatoire permanent des Catastrophes Naturelles basé en Gironde. 

« Alors que le vent ou les nuages sont plus faciles à observer et à modéliser, la grêle est en revanche un phénomène hyper localisé et son processus de formation, complexe » confie-t-il.

Même au niveau international, la grêle n’est pas un domaine de recherche très investi. Résultat : le phénomène demeure imprécis et peu de données sont disponibles.

Pour produire ces données, Météo France utilise des modèles de prévisions numériques faisant appel à des outils de petites échelles. Des équations mathématiques ainsi que différentes observations radars et satellitaires permettent de représenter les dynamiques des nuages et des orages. 

Il faut garder en mémoire que ces cellules orageuses ont une vie propre avec une dynamique physique particulière, parfois très difficile à restituer en prévisions.

Damien Dommet, prévisionniste chez Météo France

Certaines structures privées, à l’image de l’Observatoire permanent des catastrophes naturelles qui se base sur un réseau indépendant de scientifiques experts sur les risques climatiques et qui répertorie toutes les catastrophes naturelles depuis 2001 sur son site, mesure le potentiel de  grêle sur la base d’analyses de radars météo et des précipitations. Selon son directeur, « le radar reste l’outil pratique : c’est mieux que rien même s’il n’est pas assez opérationnel pour faire des alertes à la population.»

Une amélioration attendue de la prévision grand public ?

Des progrès sont néanmoins attendus dans l’étude du domaine de la grêle. « L’imagerie radar sera de plus en plus précise, on va arriver à anticiper la grêle» prévoit Yorik Baunay. A terme, le directeur de l’observatoire permanent espère pouvoir mettre en place des alertes grand public.  

Pour l’instant, les prévisions ne se font en effet qu’à court terme pour les aspects grêle. « On a procédé à une anticipation correcte avec une représentativité du phénomène qui était assez bonne. » se satisfait Damien Dommet, prévisionniste à Météo France Nouvelle-Aquitaine à propos des vigilances orange mises en place en début de semaine.

En effet, face à l’incertitude du phénomène et afin de fixer au mieux les zones touchées, Météo France ne communique sa modélisation de grêle qu’à plus ou moins 24h à 48h.

La grêle comme cri d’alarme du changement climatique ?

Les épisodes de forte chaleur de ce mois de juin ont été historiques de par leur précocité. Si l’air chaud est un des deux paramètres favorisant la grêle, alors sur un aspect théorique, au vu du changement climatique en cours, il se pourrait que ces chutes soient de plus en plus fréquentes et intenses.

L’atmosphère globale se réchauffant, il y aurait de plus en plus de probabilités que des contrastes de masse d’air se forment. Yorik Baunay souligne ainsi qu'en théorie « si les épisodes de chaleurs se multiplient, les statistiques montreront effectivement une multiplication de ce type de phénomènes de grêle ».

Météo France, face aux faibles données sur l'aspect grêle, préfère ne pas se prononcer mais conclut que « le changement climatique peut induire des problématiques de plus en plus fréquentes ».

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