Ford Blanquefort : le plan social, une "trahison" pour les élus

Jeudi 13 décembre, le constructeur automobile a refusé l'offre de reprise proposée par Punch Powerglide et a lancé un plan social. Élus, syndicats, et même le ministre de l'économie sont montés au créneau et critiquent cette décision.

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Pour beaucoup, c'est un coup de couteau dans le dos. La décision prise par Ford de fermer purement et simplement son usine à Blanquefort est mal vécue par les élus de tous bords.
 

"Ils ont menti"

A commencer par la maire de Blanquefort, Véronique Ferreira, qui a soutenu les syndicats depuis le début du bras de fer avec Ford. Pour l'élue, cette décision est incompréhensible et inadmissible:

De toute façon, ils voulaient partir. Qu'est ce que ça leur coûtait de dire "ok, on accepte la reprise" ? Leur honneur ? Leur argent ? De toute façon, leur honneur ils ne l'ont plus. 


Comme la plupart des salariés, la maire se sent trahie par le constructeur automobile. "Ils ont menti aux collectivités territoriales, aux ministres de l'État, et aujourd'hui ils osent donner des leçons en disant que la fermeture c'est mieux pour les salariés ? ", s'insurge-t-elle.
 
 
Un sentiment que partagent évidemment les employés. Quelques heures après l'annonce, CGT-Ford publiait un communiqué pour exprimer son "écoeurement" :

Ford refuse de vendre son usine, refuse même d'étudier un projet, le seul projet de reprise, balançant d'un revers de main la seule chance de maintenir une activité pour préserver des centaines emplois directs et environ 2000 emplois induits dans la région. Ce que fait Ford c'est inadmissible, injuste, dégueulasse ...

Et pourtant, malgré le choc et la tristesse, la CGT a annoncé son désir de continuer le combat. Elle a assuré qu'elle fera tout pour "embêter" le constructeur et "changer la donne". Dès demain, une réunion est prévue entre les syndicats et les pouvoirs publics pour organiser la résistance.
 

Quinzaine de millions d'euros

D'autant que les collectivités locales, la région et l'État se sont fortement mobilisés pour sauver le site et ses employés, en soutenant financièrement le groupe industriel dans son développement. D'après Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, le montant des aides s'élèverait à "une quinzaine de millions d'euros".
 
Dans un communiqué, le maire de Bordeaux a partagé sa "consternation". Il critique vivement la décision du constructeur automobile :

Alors que les salariés se sont massivement prononcés en faveur de cette reprise, et ont pour cela  consenti de réels efforts salariaux, Ford montre une fois de plus sa volonté de ne pas assumer ses responsabilités sociales et économiques vis-à-vis tant de ses salariés que de la métropole bordelaise.

Il compare cette situation à celle de la reprise de l'usine Général Motors à Strasbourg. Cet autre géant américain de l'automobile avait assuré la passation à un repreneur pour éviter le plan social. Enfin, Alain Juppé demande à Ford de changer d'avis : "Je demande instamment à Ford de reconsidérer sa position et donner au site de Blanquefort et à ses salariés un avenir en acceptant et en aidant la reprise".
 


De son côté, le président de la région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset appelle le gouvernement à trouver une solution. D'après lui, le temps est compté :

Les dégâts industriels, humains, éthiques sont considérables. Punch dit dans son communiqué : on a encore un peu de temps. J'en doute aujourd'hui.

Mais Ford pourrait-il examiner les offres de reprises d'autres entreprises que Punch ? D'après l'élu, avec l'annonce de son plan social, le message du constructeur automobile est clair :
 

"Trahison" envers le gouvernement

Enfin, la réaction s'est faite aussi du côté du gouvernement. Bruno le Maire, ministre de l'Économie, était aussi impliqué dans le projet de reprise. Il dénonce une "trahison" et appelle le constructeur à revoir sa décision.
 
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