Gel du vignoble : comment les vignerons de Bordeaux accueillent le fonds de solidarité d'un milliard d'euros

Jean Castex a annoncé un fonds de solidarité exceptionnel après les épisodes de gel. Voici les réactions et attentes du monde viticole bordelais, face aux annonces d'année blanche pour les cotisations sociales, de dégrèvement de la taxe foncière et de débloquage des crédits d’urgence. 

Parmi les vignobles les plus touchés du Bordelais, figurent les Graves ou encore Sauternes. Des appellations meurties, qui lors des deux nuits de gel intense les 7 et 8 avril, ont été très sévèrement affectées, comme en 1991, voire pire...

Ainsi Jean-Jacques Dubourdieu a été touché à 100% sur les châteaux Doisy Daëne et Cantegril. Aujourd'hui, il commente: "on panse nos plaies, sur Sauternes et Barsac, cela a été assez violent, tout le monde a souffert, il n'y a pas eu de phénomène jaloux, même le plateau de Sauternes a été touché... On avait eu un mois de mars très sec et ce n'est pas une bonne chose, l'humidité aurait peut-être fait tampon. On a eu des -5 à -7°C, alors qu'on nous avait annoncé -1° !".

Face à l'annonce faite samedi 17 avril depuis un vignoble de l'Hérault par Jean Castex, le Premier ministre, d'un "fond de solidarité à hauteur d'un milliard d'euros parce que la situation le justifie", Jean-Jacques Dubourdieu, également Président de l'Organisme de Défense Sauternes-Barsac, réagit. 

"Tout cela est très bien... Face à un impondérable, que l'Etat nous aide c'est très bien, mais j'estime qu'on le mérite, comme d'ailleurs nos collègues de la Vallée du Rhône, de Loire ou d'ailleurs en France... En viticulture, on est de bons petits soldats, on représente tout de même 20% des actifs en Gironde, on fait vivre nos villages, on crée de l'emploi, on fait rentrer des devises et on est indélocalisables ! Au delà de la symbolique culturelle, Bordeaux a une symbolique économique et donc c'est justifié, on compte vraiment", souligne-t-il. 

Que l'Etat veuille nous aider, c'est une bonne chose, un vrai coup de pouce si on supprime les cotisations sociales, maintenant, il faut voir dans les actes",

Luc Planty, directeur du château Guiraud à Sauternes

Pour Luc Planty, directeur du château Guiraud, touché à 90% par le gel à Sauternes : "entre ce qui est vraiment annoncé et la mise en place, avec de nombreux décrets qui vont sortir, cela peut prendre du temps. Mais, sur le principe, cela nous plaît, on va voir comment cela s'applique...Il faudra voir dans quelles conditions, après souvent au niveau des aides on regarde et on se rend compte que c'est rare de cocher toutes les cases et d'y avoir droit..."

Jean Castex, en déplacement samedi matin dans une exploitation viticole de l'Hétault, avait annoncé ce "fonds de solidarité exceptionnel à hauteur d'un milliard d'euros" tout en détaillant les mesures phares qui allaient être prises à savoir :

une année blanche pour les cotisations sociales pour tous les agriculteurs concernés, il y aura également un dégrèvement de la taxe foncière pour toutes les exploitations concernées et nous allons également débloquer des crédits d’urgence ».

Jean Castex, Premier Ministre

Concernant ces crédits d'urgence, une enveloppe devrait être débloquée sous 10 à 15 jours par le biais des préfets pour les exploitations les plus en difficultés.

L'accès au chômage partiel, une mesure d'urgence 

"En terme d'urgence pour la viticulture, le gel a gelé des vignes mais par le vin, le sujet est la conséquence économique du gel et est donc décalé dans le temps", commente Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux.

"On a appris hier du ministère de l'Agriculture que des mesures de chômage partiel pourraient être mises en place pour les entreprises sinistrées, car quand les vignes ont gelé, le travail d'avril va être décalé plus tard et il va y avoir beaucoup de travail à venir..." ajoute-t-il 

On avait besoin d'avoir accès au chômage partiel pour les entreprises viticoles sinistrées, et ça c'est acquis",

Bernard Farges, président du CIVB.

"En terme d'urgence, ce sera décalé et ça concernera 2022, on peut néanmoins considérer que des mesures d'urgence pourront compenser la perte de jeunes plants détruits par le gel, sinon l'effet économique du gel est décalé, ce qui n'enlève rien aux difficultés économiques du moment liées au covid et à la crise de commercialisation, " selon Bernard Farges.

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, avait commenté la semaine dernière : "les agriculteurs viennent de vivre la pire catastrophe agronomique depuis le début du XXIe siècle", aussi son ministère a précisé hier aux représentants des interprofessions que "les aides seront proportionnelles aux pertes, et ce avec des données précises de déclarations de récoltes", ajoute Bernard Farges président du CIVB.

"Il y aura une exonération de charges, avec une année blanche en terme de cotisations sociales qu'il reste à préciser, est ce que cela va s'appliquer dès 2021 ou 2022...Ce qui est particulier, c'est l'accès au fonds de calamité agricole. Que l'entreprise soit assurée ou non assurée, le fonds devrait s'appliquer, on va examiner les baisses de chiffre d'affaire, baisses qui seront compensées par le fond de solidarité."

"Il y aura aussi une exonération de taxes foncières sur le non bâti fonction de la perte et de la sinistralité, commune par commune, évalué par les services de l'Etat", précise le président du CIVB. 

Du côté des services de l'Etat, ce mardi 20 avril au matin, il a été précisé que des réunions sont programmées en ce début de semaine et la Préfète Fabienne Buccio se rendra sur le terrain jeudi matin dans un château du Pian-Médoc pour revenir sur ces dispositifs d'aides.

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