Gironde : Bernard Seurot, l'ex-maire de Bruges, et une quinzaine d'entrepreneurs jugés pour corruption

Bernard Seurot, maire de Bruges de 1995 à 2010, va devoir répondre de corruption passive devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. La justice lui reproche d'avoir bénéficié des largesses d'entreprises du BTP, et suspecte des anomalies dans plusieurs marchés remportés par ces entreprises.

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Plus de dix ans après sa mise en examen, Bernard Seurot va affronter la justice. L'occasion, sans doute, pour l'ancien maire de Bruges, de faire entendre sa vérité. Ce lundi 4 octobre, à Bordeaux, s'ouvrira le procès de l'ancien élu, poursuivi pour corruption, mais aussi d'une quinzaine d'entrepreneurs, principalement issus du monde du BTP.

Une élue fait part de ses soupçons

Les faits remontent à la fin des années 2000. Et la mise en cause est venue du propre camp du principal accusé. C'est une adjointe à l'enfance et à l'éducation à la mairie de Bruges, et membre de la majorité de Bernard Seurot qui met alors les pieds dans le plat. En septembre 2010, Marie-Pierre Saingou fait part de soupçons de collusion entre Bernard Seurot et des entreprises de construction. 
Avec 13 membres de la majorité du Conseil municipal, elle démissionne. Le procureur de la République est informé.
Dans la foulée, des municipales partielles sont organisées. Marie-Pierre Saingou, qui se présente avec une liste dissidente, affronte Bernard Seurot. Une division de la droite qui la dessert. La candidate de gauche, Brigitte Terraza l'emporte.

Corruption passive

Dans le même temps, une enquête est ouverte. En novembre, à l'issue de 48 heures de garde-à-vue, et suite à "la mise en exergue d'indices graves et concordants contre Bernard Seurot", l'ex-élu, qui fut également vice-président de la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux) est mis en examen pour corruption passive.

L'ancien maire n'est pas le seul mis en cause dans cette affaire. Il est soupçonné d'avoir bénéficié de largesses offertes par des acteurs du BTP. Parmi les prévenus, se trouvent une quinzaine d'entrepreneurs : cadres ou dirigeants, des groupes Pichet, JC Decaux, de la Semib (Société d'économie mixte immobilière de Bruges, de Safran immobilier, de Dalkia… jusqu'à l'ex président du stade montois Jean-Robert Cazeaux, cofondateur du groupe Eovest.

Des entrepreneurs à qui la justice reproche d'avoir été très généreux avec Bernard Seurot. Voyages au Maroc, en Espagne ou en Argentine, invitations à des matches et rencontres sportives, restaurants, et même le financement d'appareils électroménagers pour équiper une maison appartenant à l'ancien maire… 
La justice s'est également penchée sur des contributions de ces entreprises à une société de chasse "Coto de Astudillo", dont Bernard Seurot était actionnaire. En dix ans, plus de 300 000 euros ont été versés sur un compte relié à cette société.

Il y avait-il des contreparties à ces versements? C'est la grande question du procès. Si Bernard Seurot s'en défend, et si les entrepreneurs évoquent uniquement des actions de "communication", un rapport de la Cour des comptes pointe plusieurs anomalies dans différents marchés remportés par ces entreprises : opérations immobilières, marchés publics ou contrats de sous-traitance.

Pas de personnes morales

Les représentants de ces groupes se retrouveront à la barre, alors que les sociétés, en tant que personnes morales, ne seront pas poursuivies, ce que déplore Me Pierre Blazy, avocat de Bernard Duris. La justice reproche à ce cadre régional de Dalkia d'avoir financé le transport, les repas et l'hébergement de l'ancien maire de Bruges, à l'occasion de rencontres internationales de rugby. Le tout, en échange d'un marché d'exploitation des installations de chauffage pour des bâtiments de la commune.
"Monsieur Duris est un salarié de Dalkia. En aucun cas, il n'avait la délégation pour engager sa société sur des frais importants, et il n'en tirait aucun intérêt, assure l'avocat. Ces pratiques correspondent à une politique de société, et rien d'autre".

Un délai qui pose question

Plus de dix ans se sont écoulés entre les premières mises en examen et le renvoi devant le tribunal correctionnel. Un délai déraisonnablement long estime la défense. "Nous allons solliciter l'annulation de la procédure", assure Me Blazy. Contacté, Me François Tosi, avocat de Bernard Seurot ne souhaite pas s'exprimer avant l'audience. Le procès devrait se tenir jusqu'au 15 octobre.

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