Deux jours après la mort d’une randonneuse suite à un tir d’une chasseuse de 17 ans dans le Cantal, focus sur la formation des jeunes chasseurs en Gironde.
Sécurité : tout au long de cette journée de formation à Ludon-Médoc en Gironde, c’est ce mot qui est revenu le plus souvent, aussi bien du côté des encadrants que des élèves. D’autant plus après l’accident qui a coûté la vie à une randonneuse de 25 ans, ce week-end dans le Cantal.
Ce lundi, plusieurs jeunes se retrouvaient pour suivre l’une des deux demi-journées de formation obligatoires pour obtenir le précieux sésame. Deux-demi journées, suffisant pour maîtriser une arme mortelle et en appréhender tous les dangers ? “La formation est assurée tout au long de l’année par des formateurs expérimentés qui connaissent parfaitement le maniement des armes et qui ont à cœur de transmettre cette sécurité, répond Guillaume Desenfant, directeur de la communication de la fédération de chasse de Gironde. En sortant, toute personne qui passe par les mains de ces formateurs est censée avoir une parfaite connaissance de la manipulation. Ensuite, c’est comme pour la conduite. L’expérience s’acquiert au fur et à mesure des années, de la connaissance du milieu et du terrain.”
Le permis, ce n'est que de la sécurité.
Eric, formateur au permis de chasser
Au cours de différents exercices, les élèves apprennent les bases de la discipline, aussi bien en chasse individuelle pour du petit gibier, que pour du gros gibier en battue. Ils commencent par des munitions à blanc, puis passent à des munitions réelles “quand on voit que tout va bien”, explique Eric, formateur depuis cinq ans. La moindre erreur est éliminatoire : “Sur toute étape, si on met nos canons en direction de quelque chose, on peut être éliminé, que ce soit cartouche à blanc ou cartouche réelle. On ne doit bouger notre arme qu’une fois qu’on a bien identifié notre environnement. A partir du moment où elle descend sur quelqu’un, un bâtiment, une voiture, un animal domestique, même un plateau orange qui désigne une espèce protégée, le permis est refusé. Le permis, ce n’est que de la sécurité.”
Pas de quoi impressionner pour autant les jeunes venus s’entraîner. Et le message semble bien passer. “Ce à quoi il faut faire vraiment attention, c’est la sécurité, confirme Paul, 16 ans. Il faut vérifier à chaque fois qu’on tire, qu’on décharge et qu’on recharge, c’est vraiment le point le plus important. Tant qu’on m’a bien appris et qu’il y a la sécurité, ça va, ça ne me fait pas peur." Un sentiment partagé par Erika, qui a grandi avec cet intérêt pour la chasse en famille : “Sans les règles, ce serait du tout et n’importe quoi. Mais les armes, ça ne me fait pas peur du tout. C’était obligé que je passe le permis en ayant 16 ans. J’ai toujours été habituée étant petite à voir le gibier courir dans le jardin. Manipuler les armes, ça ne m’impressionne pas.”
Une formation à l’épreuve des balles ?
Une formation qui, en théorie, doit permettre d’éviter les accidents. Mais comme pour tout, le risque zéro n’existe pas, selon les formateurs. “On est la troisième fédération de France derrière le football et la pêche, et on est l’un des loisirs où il y a le moins de décès en France. Du point de vue de la sécurité depuis une vingtaine d'années, on a fait des progrès énormes. On est passé de 100-150 décès à entre 7 et 10 décès par an depuis une dizaine d’années, affirme Eric. Mais on est rendu à un nombre d'accidents si bas qu’on aura de la peine à descendre en-dessous. Un loisir sans aucun risque, ça n’existe pas. Aux sports d’hiver, il y a des gens qui font du hors piste et qui mettent du monde en danger. Tous les ans, il y a aussi des centaines de noyades, on n’en parle pas. On peut faire ce qu’on veut, l'accident, on ne pourra jamais l’empêcher totalement.”
Pour autant, la fédération de Gironde reste confiante quant à son avenir. “La chasse reste dans l’ADN des Girondins, ç’a toujours été un territoire de chasse, on est encore aujourd'hui la première fédération de France avec 65000 porteurs de permis, se félicite Guillaume Desenfant. Depuis un certain nombre d’années, on délivre environ 1000 permis par an en Gironde. C’est une belle progression, beaucoup n’ont pas ces chiffres.”
Les accidents subsistent néanmoins. En Gironde, au moins quatre personnes ont été blessées par balle à proximité d'une zone de chasse cette saison.