La France fait actuellement face à une forte circulation du virus de la grippe, plus précoce que les années précédentes. Le seuil épidémique sera atteint cette semaine en région Nouvelle-Aquitaine.
La situation est "exceptionnellement précoce par rapport aux saisons précédentes" selon Santé publique France. Les indicateurs de la grippe sont en nette hausse dans l'ensemble du pays, où neuf régions sont déjà en phase épidémique. La Nouvelle-Aquitaine, elle, a été placée en phase pré-épidémique.
"On commence à avoir des premiers cas, qui sont noyés dans le reste de la pathologie infectieuse du moment, qui est très riche. La grippe, tout comme le Covid, fait partie des pathologies qu'on voit beaucoup en ce moment", observe Nathalie Mariage, médecin généraliste en Gironde.
Même constat du côté de Santé Publique France. "Par rapport à la semaine précédente, SOS médecin observe une hausse de 69% des consultations, tous âges confondus, pour syndromes grippaux", explique Laurent Filleul, responsable de la Cellule Nouvelle Aquitaine de Santé publique France. La semaine passée, 12,9% de l'activité de SOS Médecins concernait des syndromes grippaux.
"La grippe est plus précoce, comme les autres pathologies virales. Les années précédentes on constatait des pics épidémiques vers les mois de janvier-février, parfois même mars certaines années "
Nathalie Mariage, médecin généralisteFrance 3 Aquitaine
"On ne porte jamais trop le masque"
Masque sur le nez, Nathalie patiente ce mardi en salle d'attente avec son enfant sur les genoux. Celui-ci présente justement des symptômes de grippe. "Fièvre, toux, diarrhée", énumère sa maman. "Presque toute la famille a été malade", déplore-t-elle.
Alors comment expliquer cette circulation accrue ? Nathalie Mariage réfute la thèse de la dette immunitaire, selon laquelle les Français auraient affaibli leurs défenses naturelles en portant le masque pendant une longue période. "On ne porte jamais trop le masque", balaie-t-elle.
"Je pense que le strict respect des gestes barrière jusqu'à il y a quelques mois, puis une forme d'allègement des mesures barrière, ont favorisé l'émergence de tous ces virus", reconnaît toutefois la soignante. "Il y a plusieurs hypothèses qui circulent mais il n'y a pas d’argument scientifique démontré", rappelle Laurent Filleul.
Regardez le reportage de France 3 Aquitaine :
Face à cette flambée, certains patients comme Jean-Bernard, qui souffre de diabète, sont déjà vaccinés. Le septuagénaire reçoit sa dose chaque année, depuis "quatre ou cinq ans".
"Ça me semble être un acte citoyen pour protéger ceux qui m'entourent et me protéger moi-même. Je fais partie des gens à risque donc j'ai préféré m'engager vers cette solution", confie-t-il.
Vers une épidémie dans la région
La campagne de vaccination a débuté le 18 octobre et s'achèvera le 31 janvier 2023. Selon Lisa Quilichini, pharmacienne en Gironde, la vaccination est en hausse ces derniers jours, après un début timide. "Ils ne s'y sont pas mis de suite, pendant un mois il y avait un recul de la vaccination. Là, depuis quinze jours, c'est reparti à fond."
Chaque hiver, deux à six millions de personnes sont touchées par la grippe. Le vaccin permet de limiter les formes de graves et d'éviter ainsi l'engorgement des hôpitaux. Selon Laurent Filleul, sur la période 2021-2022, le taux de vaccination contre la grippe dans la région atteignait 58,7% chez les 65 ans et plus.
La vaccination est recommandée aux personnes âgées de 65 ans et plus, à celles souffrant de maladies chroniques, aux femmes enceintes et aux personnes atteintes d'obésité. Comme pour le Covid-19, Santé publique France recommande à tous d'adopter les gestes barrière : lavage des mains, distanciation sociale, port du masque... Laurent Filleul insiste sur ce dernier point. "On recommande, vu la conjoncture, de le porter dans les endroits confinés comme les transports ou les magasins." La région devrait franchir le seuil épidémique ce jeudi.