Et si c’était la solution ? Manuel Augusto, un Girondin de 58 ans, a imaginé une perche télescopique, raccordée à un aspirateur, pour tuer le frelon asiatique. L’appareil promet de détruire des nids en quelques secondes. Son invention a reçu la médaille d’or au concours Lépine en mai 2023 et pourrait être commercialisée d'ici à la fin de l’année.
Ils sont reconnaissables à leur robe noire et à leurs pattes jaunes. Les frelons asiatiques sont partout. Ces tueurs d’abeilles empoissonnent les soirées d’été et donnent des sueurs froides aux apiculteurs. Comme tant d’autres particuliers, Manuel Augusto redoute cet insecte nuisible.
Tout commence il y a 10 ans. À cette époque, l’espèce invasive qui a été signalée pour la première fois dans le Lot-et-Garonne en 2004, a déjà envahi le sud du pays.
"Je ne voulais pas mettre de produits chimiques"
Cet habitant de Montussan, en Gironde, découvre un nid sous l’avant-toit de sa maison. "Je ne voulais pas me faire attaquer, je ne voulais pas non plus mettre de produits chimiques, et je souhaitais être en sécurité pour pouvoir les éliminer !"
Il cherche alors comment s’en débarrasser sans trouver de solution. Elle lui est apparue quelques jours plus tard dans son sommeil. "C’est en faisant un rêve, un samedi matin, que j’ai trouvé l’idée. Je me suis vite levé. J’ai déjeuné et je suis allé dans ma cabane de bricolage au fond du jardin. J’ai récupéré tout ce que j’avais qui pouvait me servir !"
Manuel Augusto va concevoir une perche télescopique. Il s’agit d’un long tube en plastique, de 3,50 m une fois déployé, à l’intérieur duquel il installe des lames coupantes pour broyer les insectes. Cet élément est branché à un aspirateur classique. Il suffit de placer l’appareil à proximité d’un nid.
Les frelons et les guêpes tombent dans le piège et sont aspirés et détruits en quelques secondes
Manuel Augusto médaille d’or au concours Lépine 2023Rédaction Web, France 3 Aquitaine
L’inventeur va mettre à profit la période de la crise sanitaire et du covid-19 pour changer de vie. Il décide de faire évoluer son prototype pour en faire un produit abouti.
"L’idéal est de l’utiliser une heure avant le coucher du soleil, au moment où les individus reviennent au nid et là, on éradique un maximum en peu de temps. Ils ne se sentent pas agressés, car on ne fait que les attendre. Donc aucun risque d’être attaqués !"
De la cabane en bois à la commercialisation
En 2022, il crée sa marque BeeZen. Le nom n’est pas choisi au hasard. "Bee c’est abeille en anglais. Et elle est zen parce qu’on va utiliser cet appareil pour combattre son prédateur principal."
Ces dernières années, les apiculteurs ont vu des milliers de ruches décimées par le Vespa Velutina et les produits chimiques. "J’ai mis toutes mes compétences professionnelles. Je travaille dans la tôlerie et aussi mes économies. J’ai tout financé par moi-même, que ce soit le dépôt de la marque, le dépôt de brevet, le concours Lépine au total, une dizaine de milliers d’euros".
L’aventure prend alors une autre dimension. Il s'associe avec un chef d'entreprise de Montussan. Benoit Chalmé ne cache pas son enthousiasme. "J’ai trouvé ça pertinent. Il n’y a pas réellement de solution pour éliminer le frelon, excepté de passer par un professionnel et encore, c’est compliqué ! En plus c’est un contre-pied aux pesticides, aux produits chimiques que l’on va tous acheter dans la grande distribution. Moi le premier !"
Médaille d'or au concours Lépine
Les deux hommes veulent trouver un industriel français pour produire l’appareil. La médaille d’or, remportée à la foire de Paris au dernier concours Lépine, devrait les y aider. D’autant que cette perche télescopique présente d’autres atouts. Elle est également capable de s’attaquer à d’autres frelons tout aussi ravageurs, grâce à une cartouche de découpe spécifique.
Parmi les menaces, le frelon oriental et le géant japonais. Ce dernier, dont la taille est d’environ 4 centimètres pour une envergure de 6 centimètres, est la plus grosse espèce de frelon dans le monde. Très dangereuse, la piqûre de cet insecte peut être fatale non seulement pour les abeilles, mais également pour l’homme.
"Il reste pour le moment au Japon, mais il a déjà fait des intrusions aux États-Unis et des épidémiologistes américains et européens estiment qu’il pourrait arriver sur notre continent. Cet insecte est très gros. Et il tue 50 personnes par an au Japon", explique Manuel Augusto.
Il espère que son invention pourra être commercialisée, avec un prix inférieur à 100 € dans des magasins de bricolage et jardinage à l’automne 2023.