Comme la moitié sud de la France, la Nouvelle-Aquitaine est placée cette semaine en vigilance orange en raison des températures caniculaires, frôlant par endroit les 40 degrés. Le secteur du BTP, qui vient tout juste de reconnaître la canicule comme motif de chômage technique, se prépare à travailler dans ces conditions.
Quand surviennent les épisodes caniculaires, Tom Bauer troque son pantalon et ses chaussures de chantier pour un short et des baskets de sécurité légères sans oublier, bien sûr, sa caquette. Cet artisan, à la tête de l'entreprise aquitaine Bauer et fils, travaille chaque jour sur des toitures et des charpentes. "Le pire endroit où il faut être quand il y a des fortes chaleurs."
"Dès que je me lève, je sais que je vais devoir redoubler d'efforts, souffle l'artisan qui travaille essentiellement dans la région bordelaise et le Pays basque. Il faut à la fois supporter le métier, qui est déjà assez physique, mais aussi encaisser cette chaleur qui fatigue et donne des problèmes de respiration". Cette semaine, le couvreur qui a derrière lui une vingtaine d'années d'expérience, ne sera pas épargné par les températures : des pics à 40 degrés sont attendus par endroits en Aquitaine.
Quand il y a des canicules, les ouvriers du BTP souffrent plus que les autres, qu'ils soient en extérieur ou en intérieur.
Thierry LeblancPrésident de la Fédération française du bâtiment - Gironde
Face à ces températures, Tom Bauer essaie tant bien que mal de trouver des solutions pour que ses journées soient supportables. "Au lieu de commencer à neuf heures du matin, je me rends sur les chantiers dès six heures, où les températures sont beaucoup plus basses. Puis je pars à midi pour revenir à 18 heures et quitter le chantier à 21 heures", explique le professionnel, rappelant que cette nouvelle organisation est soumise au bon-vouloir de chaque client.
La canicule, nouveau motif de chômage technique
"Cet aménagement des horaires est une bonne solution", reconnaît Thierry Leblanc, président de la Fédération française du bâtiment de Gironde. Le professionnel rappelle que des protocoles sont à suivre dans les entreprises du BTP, dès lors que les températures sont importantes. Parmi les règles : varier les tâches, faire des pauses dans des zones fraîches, s'hydrater et travailler en équipe en cas d'incident, comme des malaises ou des problèmes respiratoires.
🟠 @meteofrance étend la vigilance orange #canicule à 39 départements à partir de demain midi.
— Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer (@Interieur_Gouv) July 28, 2024
💧 Buvez régulièrement
🪟 Fermez volets et fenêtres la journée
👶 Faites attention aux plus fragiles et aux plus isolés
Tenez-vous informés sur https://t.co/ljCIB3BgIE pic.twitter.com/tIEZZrl2MB
"Aujourd'hui, il y a du changement", se réjouit Thierry Leblanc, à propos des conditions de travail des ouvriers du BTP durant les fortes chaleurs. En effet, depuis le 28 juin, un décret du gouvernement autorise dorénavant les ouvriers du bâtiment à se mettre en chômage technique et à percevoir des indemnités quand les températures élevées viendront perturber leurs conditions de travail sur les chantiers.
Des disparités de traitement
Une avancée pour le secteur, qui bénéficiait de ces indemnités uniquement pour les épisodes de neige, de gel ou de vent sur les chantiers. Toutefois, le récent décret qui intègre la canicule au chômage technique des ouvriers ne prend pas en compte les "pics de chaleur", soit les épisodes qui ne durent qu'un ou deux jours. "Pourtant, bien que cela concerne toute la France, les pics de chaleur sont particulièrement importants en Nouvelle-Aquitaine, avec des températures très élevées", remarque Thierry Leblanc.
"Les indemnisations sont très encadrées, précise le président de la fédération. Il faut que ces périodes de canicule se tiennent entre le 1ᵉʳ juin et le 15 septembre par exemple, et que la préfecture les déclare officiellement."
Alors, le bien-être au travail des ouvriers du BTP ne dépend que du chef d'entreprise. Là est l'objectif de la fédération : rappeler ces enjeux à toute la chaîne du bâtiment pour éviter des disparités de traitement entre les sociétés. Thierry Leblanc le reconnaît : "toutes n'ont pas la même sensibilité."