Incendie de la Teste de Buch : plus de 530 000 tonnes de bois ont été coupées, "l'équivalent de 52 tours Eiffel"

Après les incendies qui ont ravagé la forêt de La Teste-de-Buch en juillet 2022, un vaste chantier était mené par les syndicats des propriétaires pour évacuer les bois décimés et œuvrer à la régénération du massif.

C'est la fin d'un vaste chantier qui a duré plus d'un an. Depuis le 15 janvier 2023, les syndicats généraux, accompagnés de huit entreprises, œuvraient à la gestion des conséquences des incendies sur la forêt usagère de La Teste-de-Buch. Matthieu Cabaussel, vice-président du syndicat des propriétaires retrace les étapes de cette opération.

Que s'est-il passé après les incendies de juillet 2022 ?

Matthieu Cabaussel : Quand il y a un incendie, on a des textes qui prévoient que les syndics généraux procèdent à la vente des bois sinistrés et répartissent les recettes. On a donc découpé la forêt en plusieurs lots et commencé les travaux dans la foulée. Ce chantier, une opération de sauvetage de la Forêt usagère exigée par les services de l’Etat, est terminé. On a évacué en quelques mois près de 530 000 tonnes de bois, soit l'équivalent de 52 tours Eiffel, c'est colossal. Parallèlement, près d’un million de graines de pins issues de la forêt usagère ont été collectées, ce qui est inédit, car nos pins sont d’origine naturelle, jamais introduits par la main de l’Homme.

Pourquoi ces bois ont-ils été arrachés ? 

Il y a d'abord un fort enjeu sanitaire. On sait que dans les peuplements de pins maritimes, il y a beaucoup de scolytes, un insecte ravageur qui se développe au sein des peuplements déjà affaiblis par les flammes. C'est un fléau qui a décimé plus de pins que les incendies eux-mêmes. 
On en a d'ailleurs payé le lourd tribut, car la quantité de bois à extraire a fortement augmenté ce qui a prolongé le chantier. Évacuer ces bois permettait de protéger le massif adjacent, mais aussi sert aussi à préparer la régénération de la forêt derrière. Cela permet que la lumière arrive au sol et d'éviter que les pins tombent, ce qui reviendrait à écraser les jeunes pousses.

Après un incendie, il se crée un déséquilibre qui entraîne une très forte augmentation du nombre d’insectes, à tel point qu’il devient également prédateur des pins en bonne santé.

Matthieu Cabaussel

Vice-président du syndicat des propriétaires de la forêt usagère

Quelle est la prochaine étape ?

Le paiement des bois récupérés. Les recettes sont partagées entre les communes, la caisse syndicale et les propriétaires. À présent, l’heure est au retour au calme dans la forêt usagère. Abatteuses, porteurs de bois et camions vont quitter les lieux, nous l’attendions tous avec impatience. Les occupants, propriétaires et usagers, vont bientôt pouvoir retrouver le chemin de la Grande montagne lorsque les conditions sécuritaires seront réunies. 
Une fois ce travail achevé, et un peu à distance de la violence des flammes, nous allons entamer la réflexion pour élaborer un projet d’avenir pour la Forêt usagère à travers l’élaboration d’un « Livre Blanc » qui devra répondre à beaucoup de questions qui se posent à nous désormais.

 La forêt peut-elle se régénérer complètement ?

Oui, c'est possible, mais il faut du temps. On est dans des écosystèmes forestiers qui se construisent et grandissent sur des temps très longs. En fait, on va devoir s'habituer à être face à une jeune forêt alors qu'on était jusque-là face à une vieille forêt, avec des pins âgés de 180 à 200 ans. Mais cela va nous offrir va nous offrir une nouvelle carte. Le milieu naturel va se reconstituer et il faudra sûrement des interventions pour l'accompagner.