Bruno Lafon, maire de Biganos en Gironde et président de la Défense des forêts contre l'incendie, invité du journal régional de France 3 Aquitaine, a fait le point sur les feux qui ravagent une nouvelle fois la Gironde et pointe du doigt la responsabilité de tous. "Nous serons obligés de tirer des enseignements de ce qu'il se passe"
Sur le terrain aux côtés de sapeurs-pompiers, Bruno Lafon vit au plus près les incendies qui ont frappé deux fois la région depuis le début de l'été. Il est aussi le président de l'association DFCI - Défense des forêts contre les incendies en Aquitaine - dont deux cents bénévoles sont à pied d'œuvre depuis un mois pour aider les sapeurs-pompiers à lutter contre les incendies dans le massif forestier de Gascogne notamment pour construire un pare-feu de 10 km le long de l'A63.
"On a mis le feu à notre forêt"
Le premier coup de gueule porte sur la responsabilité de ces incendies. Selon Bruno Lafon, "il faut tirer les conclusions de ce qu'il s'est passé. Cela fait quelques années que nous réclamions à nos propres mandats ( ndlr les sylviculteurs et élus) à ce que les pins ne soient pas plantés au ras des chemins et des pistes forestières (ndlr qui permettent un accès rapide au massif en cas d'incendie), qu'on garde quatre mètres d'un côté et quatre mètres de l'autre".
Nous avons cédé à la facilité et nous avons mis le feu à la forêt !
Bruno Lafon, maire de Biganos et président de la DFCIFrance 3 Aquitaine
"Mais l'industrialisation et nous même, et je me mets dedans,(ndlr Bruno Lafon a été longtemps le patron des sylviculteurs de la région), nous avons cédé à la facilité ! Nous devrons tirer les conséquences chez nous, mais d'autres aussi devrons tirer des conséquences".
J'en connais qui ont ensemencé des pares-feux pour compenser le photovoltaïque dans leur commune !
Bruno Lafon, maire de Biganos et président de la DFCIFrance 3 Aquitaine
"Il faut que tout ceci cesse. On se mettra tous autour de la table et on parlera gentiment et peut-être que nous aurons d'autres réflexions, d'autres aménagements pour permettre à notre forêt de continuer à vivre comme elle vivait jusqu'à présent parce que si on avait pas le feu, la forêt vivrait tranquillement !"
Déjà 40 millions d'euros de perte pour la filière
Interrogé par France 3 Aquitaine sur l'impact économique des incendies cet été, le président de la DFCI estime les pertes à 40 millions d'euros sans compter le nettoyage des bois brûlés et le reboisement.
"Au premier incendie en juillet à Landiras et La teste-de-Buch, nous étions à 30 %, c'est-à-dire deux millions de m3 sur les 6/7 millions de m3 que nous utilisons dans l'industrie du bois. Donc il faudra rajouter un petit paquet avec ce nouvel incendie".
L'autre coup de gueule de Bruno Lafon est sur le montant alloué à la prévention incendie en France qui est dérisoire selon lui : "La prévention au niveau national pour le ministère de l'agriculture est de 22 millions d'euros dont 1,5 millions seulement pour la forêt de Gascogne, donc on peut faire des efforts. Cela coutera beaucoup moins cher que tout l'armada qu'on a vu et toute la perte économique et de biodiversité."