Après quatre ans d’attente, Ana-maria, élève au lycée Magendie de Bordeaux, et sa mère ont obtenu un titre de séjour “humanitaire”. Onel Shenaya Fernando, son amie originaire du Sri-Lanka, attend de son côté un retour de la préfecture.
Quatre ans d’errance administrative, de courriers sans réponse, de menaces d’expulsion. Ana-Maria et sa mère, Moldaves, peuvent désormais un peu souffler. La préfecture de Gironde leur a accordé le 9 novembre un titre de séjour à titre humanitaire.
"Bon avenir en France"
L’enveloppe est arrivée au cabinet de l’avocat d’Ana-Maria Baciu ce lundi 13 novembre. Dedans, les mots qu’attendaient la lycéenne et sa mère depuis quatre ans. “C’était une convocation pour finaliser les démarches”, explique Ana-Maria. Jusqu’à hier, la jeune fille, élève au lycée Magendie de Bordeaux, ne réalisait pas. “C’était un miracle. On avait du mal à croire que tout ça était réel”, s’étonne encore Ana-Maria Baciu.
Désormais, un récépissé de leur carte en poche, en attendant l’édition de cette dernière, les deux femmes ne peuvent s’empêcher de sourire. “L’état a compris que je suis en France pour faire des études et donner tout mon possible pour ce pays qui m’a sauvée”. Dans la lettre, Ana-Maria relit une phrase, sans relâche. “Ils me souhaitent un bon avenir en France. Ça me touche énormément”, glisse la jeune fille.
Je suis enfin libre. Libre de choisir mon université, mon avenir.
Ana-Maria Baciuélève au lycée Magendie
Elle vise à présent les concours de Science Po. “Avec ce titre, je sais désormais que rien n’est impossible”. Sa mère, couturière, rêve d’ouvrir son propre salon de couture, un métier qu’elle exerçait déjà en Moldavie.
Nouvel espoir
Un épilogue heureux pour la jeune fille, qui n’oublie pas sa camarade, Onel Shenaya Fernando. Comme elle, cette élève du lycée Magendie se bat depuis quatre ans pour obtenir un titre de séjour en France. Originaire du Sri-Lanka, elle s’était vue notifier une obligation de quitter le territoire en septembre 2023.
Par le biais de son avocat, elle a déposé le mois dernier un recours gracieux auprès de la préfecture. “On attend. Mais la situation d’Ana-Maria me redonne de l’espoir. Elle est si heureuse, et le mérite tellement”, sourit la jeune fille.
Bonnes élèves, “parfaitement intégrées”, les deux jeunes filles ont fédéré tout le lycée autour d’elles. Des manifestations ont été organisées pour porter leur voix et leur combat. “Je pense forcément que toute cette mobilisation a aidé à ce que la préfecture se penche réellement sur leur cas personnel", se réjouit Sandrine Nebout, une de leurs professeurs. “Ce sont des filles pleines de potentiel, leurs parents sont en CDI. Même si les motifs de leur demande sont différents, leurs situations sont similaires”.
La mention “humanitaire” sur le titre de séjour d’Ana-Maria n’est pas anodin. Ils ont compris et ont traité humainement les demandes de ces deux femmes.
Sandrine Neboutprofesseure de français au lycée Magendie
Heureux, mais toujours mobilisé derrière Shenaya, le lycée Magendie attend désormais la réponse de la préfecture. “Le préfet a encore un mois pour donner sa réponse. On laisse le temps au temps”, indique Sandrine Nebout. Pour autant, l’équipe enseignante envisage une nouvelle mobilisation, si l’issue n’était pas aussi favorable que celle d’Ana-Maria.