Le réseau de transport risque d'être perturbé à Bordeaux, lundi 9 décembre, à l’appel du syndicat CGT TBM, qui dénonce un "déni de dialogue social" de la part de la direction. Les salariés réclament une meilleure valorisation de leur travail. De son côté, la direction déplore une mobilisation prématurée en pleines négociations annuelles obligatoires. Prévisions de trafic, revendications, on fait le point.
Cette fois-ci, pas question d'augmentation des salaires, mais plutôt, une "meilleure valorisation du travail". En pleines négociations annuelles obligatoires, les salariés du réseau TBM, à Bordeaux, "remontés contre la direction", annoncent une journée morte dans les transports en commun, lundi 9 décembre, à l'appel du syndicat CGT, un mouvement également suivi par la CFDT. "L'entreprise n'a répondu favorablement qu'à un seul point, mineur, de notre cahier revendicatif", fustige Mathieu Obry, secrétaire général CGT TBM qui dénonce une forme de "provocation".
Déroulement de carrière
La demande principale des salariés est claire : l’instauration d’un déroulement de carrière. Ce mécanisme vise à offrir aux salariés une progression régulière de leurs coefficients de salaire, en récompensant l’expérience et les compétences accumulées au cours des années. "Cela permettrait de donner une perspective d'évolution constante aux salariés et de rendre le métier plus attractif alors même que la direction répète souffrir dans le recrutement", relève Mathieu Obry, en admettant tout de même être ouvert à d'autres propositions.
"Qu’ils réfléchissent réellement à la raison de pourquoi on a des difficultés pour recruter, abonde Jean-Christophe Colombo, secrétaire CFDT TBM. Ça fait des années que les patrons de gros réseaux ne reconsidèrent pas le métier et rien n’a bougé, ni salaire ni conditions de travail."
Pour la direction, une grève "prématurée"
Les discussions avec la direction piétinent. "Elle a menacé la CGT de ne pas discuter si nous faisions grève, voilà où nous en sommes, lâche Mathieu Obry. Nous participerons lundi aux négociations en étant en grève. Si la direction accepte de nous recevoir, nous resterons. Sinon, nous irons au piquet de grève", lance le secrétaire.
Le bras de fer avec la direction s'annonce déjà tendu. Pour le directeur général de Kéolis Bordeaux métropole mobilités, Pierrick Poirier, "le mouvement est prématuré, les discussions étant en cours". Selon lui, le déroulement de carrière, tel que proposé par les syndicats, ne répond pas au contexte économique de l'entreprise, fragilisée par l'inflation.
Les demandes formulées étant très supérieures aux capacités de KB2M pour 2025, et afin de préserver l’équilibre économique de l’entreprise, il est nécessaire que des compromis soient trouvés avec les partenaires sociaux.
Pierrick PoirierDirecteur générale Kéolis Bordeaux métropole
Il souligne, par ailleurs, qu'une grille d’ancienneté, déjà en place par la Convention collective des transports urbains "entraîne l’augmentation automatique des salaires dès six mois d’ancienneté (+3 %), à un an (+7 %), à 3 ans (+10 %), à 5 ans (+12 %), à 10 ans (+14 %), à 20 ans (+20 %)". "La direction propose de porter l’augmentation principale sur la Valeur du Point, qui est la base de la rémunération des salaires de l’entreprise, et touchant la totalité des salariés."
Perturbations sur le réseau
S’agissant de l’attractivité du secteur, "la question salariale n’est pas le frein au recrutement, affirme le directeur général, les salaires chez KB2M étant très correctement positionnés sur le territoire, en se rapprochant de métiers comparables. Ce sont les contraintes du métier, en termes d’horaires de travail en particulier, qui freinent certains candidats."
Selon les premiers éléments, 30 % des agents seront en grève lundi, tramway et bus confondus, impactant ainsi le réseau de transports en commun. Si TBM prévoit "une amplitude normale" de circulation, certaines lignes seront toutefois ralenties : toutes les cinq à dix minutes pour le tramway A et B, et toutes les sept à quinze minutes pour les C et D. Les lignes de bus 37, 55, 64, 66, 67 et 87 seront totalement à l'arrêt. Une seule agence TBM sera ouverte, contre cinq habituellement.
Ce plan de circulation pourrait de nouveau être modifié en début de semaine selon l'évolution du mouvement de grève. Une assemblée générale est prévue lundi, à 10 heures et devrait donner le ton de la suite de la mobilisation.