Viticulture : comment la campagne des primeurs de Bordeaux se réinvente avec le Covid

Comme en 2020, l'Union des Grands Crus de Bordeaux a imaginé des sessions de dégustations à Bordeaux dès la semaine prochaine et du 26 au 29 avril à Paris et dans d'autres grandes villes internationales pour déguster le millésime 2020. Des dégustations en petits comités avec des règles strictes.

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Vous connaissez sans doute les primeurs à Bordeaux, mais peut-être que cela ne vous dit trop rien... Les primeurs, c'est une  campagne de dégustations, suivie de critiques et de notes décernées sur le nouveau millésime, en l'occurence le 2020.
Ce temps d'analyse doit déboucher sur des ventes qui se font à l'issue, en général durant les mois de mai et juin, deux ans avant la livraison.
Cette tradition à Bordeaux remonte au XIIIe siècle, lorsque la Guyenne était anglaise: les marchands avaient pour habitude d'acheter dès la sortie de récolte, parfois même sur pieds, la production à venir.

La forme actuelle remonte aux années 80 ou 90, elle est orchestrée par l'Union des Grands Crus de Bordeaux : "la semaine des primeurs" débutait jusqu'ici fin mars  pour se terminer le premier jeudi d'avril suivant.
Ce sont 5500 à 6000 professionnels, journalistes, critiques, négociants, courtiers, importateurs du monde entier et de 50 nationalités différentes qui se pressaient pour venir déguster à Bordeaux. Une forme qui était encore dans cette version grand messe jusqu'en 2019. Seulement voilà, la crise sanitaire liée au coronavirus est passée par là, et donc ce sont des primeurs "allégés" qui ont été imaginés pour répondre aux règles sanitaires.

Comme l'an dernier, on va avoir une présentation à Bordeaux la semaine prochaine, sur deux jours, pour 384 négociants et courtiers. Les places sont chères, on doit faire avec la contrainte actuelle du confinement et les règles sanitaires et de sécurité accrues.

Ronan Laborde - président de l'UGCB -

 

Tour du monde des dégustations pour les Bordeaux

Pour répondre aux attentes des professionnels du vin du monde entier, l'Union des Grands Crus va organiser également d'autres dégustations du 26 au 29 avril à Paris, Bruxelles, Franckfort et Zurich. A Hong-Kong ce seront des dégustations à quelques dizaines de personnes, à Shangaï un mode presque normal.
En revanche, pas de dégustation comme en France aux USA et au Royaume-Unis, ni à Singapour ou au Japon, où là des sets de dégustation seront envoyés pour les plus gros importateurs.
Ces opérations devraient toucher plus de 2000 personnes.

Certains critiques internationaux sont déjà arrivés à Bordeaux comme le Suisse Yves Beck, arrivé le 3 avril et qui devrait rester jusqu'à fin mai.  L'an dernier, il avait créé le buzz car il avait été le seul à s'auto-confiner en France au château la Voute, pour faire la dégustation de 1000 vins en primeurs.  "Cette année, c'est un peu moins compliqué, quoiqu'il y a pas mal de règles auxquelles il faut se tenir. Il ne faut pas prendre cela à la légère. J'ai la chance de déguster seul, cette année je suis venu avec un collègue, on s'est fait tester tous les deux avant de partir.   En ce moment, avec les châteaux classés 1855, j'ai beaucoup de visites de propriétés, chaque jour je déguste les vins des appellations Saint-Julien, Pauillac, Margaux, j'ai déjà dégusté 245 vins, ce qui me permet de voir le style du 2020..."

On est sur de la fraîcheur, des tanins puissants, des baies beaucoup plus petites.. Là c'est frais, fruité et puissant. La clé sera le bel équilibre. On est sur une très belle trilogie, avec 18, 19 et 20, ce n'est pas courant. Deux grands millésimes de suite c'est régulier, mais trois là c'est waouh ! "

Yves Beck, critique helvétique en vins

A peine remis du gel de ces deux derniers jours, Fabien Teitgen, directeur du château Smith Haut Lafitte à Martillac en Gironde présentait ce matin le millésime 2020 à des négociants de Bordeaux. Le mode de dégusattion était changé par rapport aux années précédentes: non "pas tous dans une grande salle mais en petit nombre avec des rendez-vous étalés et les distances de sécurité". "Mais on arrive à faire notre métier". Et de donner son avis sur le nouveau millésime : "le 2020, moi j'adore ! Les raisins étaient super bons très goûteux, c'est un millésime qui me plaît depuis le début. Il est marqué par de la fraîcheur et de l'onctuosité. On est content, il a été apprécié..."

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