La présidente de l'association girondine Lormont Solidarité a été déférée au parquet le 24 novembre dernier et placée sous contrôle judiciaire pour "abus de confiance", "travail dissimulé" et "infractions à l’hygiène de denrées alimentaires".
Il y a quelques semaines, la présidente de Lormont solidarité, une association humanitaire locale, a été placée en garde à vue par les douaniers du service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF) puis déférée le 24 novembre, devant le Parquet avant d'être placée sous contrôle judiciaire.
Elle a été renvoyée devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour "abus de confiance", "travail dissimulé" et "infractions à l'hygiène de denrées alimentaires".
Des colis vendus 15 euros
Logée dans des locaux municipaux de Lormont, cette association était spécialisée, depuis une vingtaine d'années, dans la distribution de denrées alimentaires et de vêtements aux plus démunis. Grâce à une convention, Lormont Solidarité recevait des colis de la Banque Alimentaire pour les redistribuer gratuitement aux bénéficiaires.
La présidente de l'association avait mis en place, semble-t-il depuis plusieurs années, une "activité" de revente des denrées obtenues à titre gracieux par l’association.
Parquet de Bordeauxdans un communiqué
Mais les enquêteurs du SEJF soupçonnent l'association et plus précisément sa présidente d'avoir vendu des colis de "dépannage", aux alentours de 15 euros, à un public qui n'était pas éligible aux dons de nourriture. Pour rappel, les produits issus de la collecte de la Banque alimentaire ne peuvent pas être vendus plus de 10% de la valeur des produits délivrés.
L'enrichissement personnel en question
Le chiffre d'affaires de l'association est estimé à 5 000 euros mensuels, selon les douaniers du SEJF. Une partie des recettes payées en espèces a pu ne pas être versée sur les comptes de l'association, estiment les enquêteurs. Selon le Parquet de Bordeaux, "les profits tirés de cette activité étaient essentiellement utilisés par elle à des fins personnelles".
Elle n'est pas poursuivie pour malhonnêteté, sa rectitude morale n'est pas en cause.
Maître Jean Gonthieravocat de la présidente de l'association Lormont Solidarité
Maître Jean Gonthier, avocat de la présidente, a fait cependant savoir qu'il n'y avait "aucun soupçon, aucune poursuite concernant un enrichissement personnel" de la part de sa cliente. "En aucun cas il y a un sou qui a quitté l'association", ajoute-t-il. "Elle est poursuivie pour abus de confiance, pas envers l'association, mais au détriment des fournisseurs (dont la Banque Alimentaire), parce qu'il semblerait que certains lots ont été vendus alors qu'ils auraient dû être donnés".
Des milliers d'euros retrouvés au domicile
Lors de la perquisition au domicile de la présidente, le SEJF a trouvé plusieurs milliers d'euros en liquide mais, selon son avocat, la présidente aurait pu fournir des pièces bancaires pour montrer que cet argent était d'origine familiale, "sans rapport aucun avec l'association".
L'avocat de l'accusée affirme ainsi que "l'enquête a exclu tout enrichissement personnel". La présidente de l'association est poursuivie pour travail dissimulé - la vente de ces colis est une activité à but lucratif qui n'a pas été déclarée donc illégale -, abus de confiance, et infractions à l'hygiène des denrées alimentaires.
Il a été mis en évidence un stock important de denrées pour partie périmées et pour partie ne respectant pas les règles d’hygiène (chaîne du froid, recongélation, traces de déjections animales).
Parquet de Bordeauxdans un communiqué
Dans les locaux de Lormont Solidarité, les enquêteurs ont en effet retrouvé un stock important de denrées périmées et ne respectant pas les règles d’hygiène (chaîne du froid, recongélation, traces de déjections animales). L'avocat a répondu à ces accusations : "Il y a peut-être eu des manquements, des irrégularités, mais ma cliente était de bonne foi".
La Banque alimentaire a porté plainte
Au maximum, la présidente risque de la prison pour le délit d'abus de confiance, mais pour son avocat "ça m'étonnerait". "De la prison, même avec sursis, ça me paraît inenvisageable, suite aux éléments qu'on aura donnés". Il va plaider la relaxe, lors de l'audience qui se tiendra le 13 mai prochain.
La Mairie de Lormont ne veut pas s'exprimer sur le sujet et attend "que la justice passe". "Nous n'avons eu aucun encadrement de cette association. Nous ne faisions que prêter des locaux municipaux". La Banque alimentaire, elle, a porté plainte dès qu'elle a obtenu l'information, il y a quelques mois déjà : "Beaucoup de déception de notre côté", confie l'association. Lormont solidarité serait fermée depuis plus de deux ans.