La statue de Modeste Testa, érigée en mémoire des victimes de l'esclavage, a été blanchie à la chaux. La municipalité de Bordeaux et l'association Mémoires et Partages font part de leur intention de porter une plainte.
"C'est d'une violence extrême". L'adjoint au maire pour le patrimoine et la mémoire, Stéphane Gomot ne mâche pas ses mots. Ce lundi matin, la statue à l'effigie de Modeste Testas érigée sur les quais, a été vandalisée. Le buste de cette représentation d'une esclave africaine, achetée par des Bordelais et déportée à Saint-Domingue, a été recouvert de chaux blanche.
Très surpris ce matin de voir ainsi la statue de Modeste Testas. Elle est à moitié recouverte de blanc.
— La Clé Des Ondes (@LaCleDesOndes) September 13, 2021
On essaie d'avoir plus d'infos..#bordeaux #gironde #modestetestas#LaCleDesOndes
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La mairie veut se porter partie civile
"On a quand même repeint en blanc le buste d'une personne noire. C'est un acte raciste et misogyne", poursuit Stéphane Gomot, qui assure que la mairie va porter plainte et se constituer partie civile.
C'est à la fois un acte négationniste, une atteinte aux personnes déportées et victimes de l'esclavage, une atteinte aux femmes, et une atteinte à un projet artistique.
La statue en bronze de Modeste Testa, née Al Pouessi, a été inaugurée le 10 mai 2019, journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition. Erigée sur les quais de la Garonne, devant la Bourse Maritime, elle est l'œuvre du sculpteur haïtien Filipo.
Karfa Diallo, conseiller régional EELV et fondateur de l'association Mémoires et Partages, déplore quant à lui "une énième provocation contre la mémoire de crime contre l'humanité qu'est l'esclavage". "Cet acte obéit à une rhétorique raciste d'extrême-droite, qui veut disqualifier la couleur noire au profit de la couleur blanche", s'insurge-t-il, précisant que l'association avait également l'intention de porter plainte.
"Cette statue n'est pas une décoration"
Pour ce militant anti raciste, la question de la valorisation de l'œuvre de Filipo est à remettre en question. " Il faudrait mettre en place une délimitation, surélever la plaque qui est à côté", et ce, afin de "permettre à tous de constater le symbole qu'elle représente."
J'ai souvent vu des personnes qui ignoraient la portée de cette statue. Ils s'amusent avec, l'embrassent… Cette statue n'est pas une décoration, ni un ornement ou une simple œuvre d'art. Elle porte un sens, il faut qu'elle interpelle, qu'elle fasse réfléchir… On ne peut pas se permettre de familiarité avec.
A la mi-journée, les services municipaux avaient déjà entrepris de nettoyer la statue.