La densité des vignes à proximité des habitations entraîne une augmentation de 5 à 10% de cas de leucémie chez l'enfant. Les conclusions du travail des chercheurs de l'institut de la santé et de la recherche médicale restent à affiner selon les régions.
Plus la densité de vignes augmente, plus le risque de développer une leucémie est élevé chez les enfants vivant dans un rayon d'un kilomètre. C'est la conclusion à laquelle aboutit la chercheuse Stéphanie Goujon, autrice de l'étude publiée ce 18 octobre par l'institut de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Une étude #Inserm s’intéresse au lien entre le risque de #leucémie pédiatrique et le fait d’habiter près de #vignes
— Inserm (@Inserm) October 18, 2023
🔹Résider à - de 1000 m de vignes ne semble pas être un facteur de risque
🔹Le risque augmente avec la densité de vignes à - de 1000 m
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L'étude concerne plus de 40 000 enfants
"Nous nous sommes appuyés sur les données du Registre national des cancers de l’enfant sur la période 2006-2013. Ils ont estimé la présence et la surface de viticulture autour de l’adresse de résidence des 3 711 enfants de moins de 15 ans atteints de leucémie en France métropolitaine sur cette période. Cette estimation a également été réalisée pour 40 196 enfants non malades du même âge (témoins), sélectionnés pendant la même période" précise Stéphanie Goujon.
Résultat : le risque de leucémie augmente si l'on tient compte de la surface totale des vignes, et non de leur seule présence. "En moyenne, pour chaque augmentation de 10% de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1 000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique", la plus fréquente, "augmente de près de 10%", détaille la chercheuse.
Des disparités régionales
L'étude révèle des résultats hétérogènes selon les régions. La corrélation entre le risque de leucémie pédiatrique et l'habitation près de vignes est la plus marquée en Pays de la Loire, Grand-Est, Occitanie, ou Provence-Alpes-Côte d'Azur-Corse.
La Nouvelle-Aquitaine, pourtant terre de vignoble, n'apparaît pas dans cette liste. "Ce résultat nous surprend un petit peu pour une région très viticole, avec beaucoup d'enfants à proximité de vignes", reconnaît Stéphanie Goujon. Elle précise que l'analyse des données région par région doit encore être affinée.
Preignac, commune symbole
Douleurs, maux de tête, sensations paradoxales, à 25 ans, Lucas souffre toujours des séquelles de la leucémie qu'il a contractée à l'âge de cinq ans, à Preignac, au cœur du vignoble de Sauternes, en Gironde." Je vis ça depuis que je suis gamin, c'est pesant, mais c'est ma vie".
En 2012, l'ancien maire de Preignac avait alerté les autorités de santé sur les cancers contractés par quatre enfants de sa commune au cours des dix dernières années. L'institut de veille sanitaire (INVS) avait conclu en 2015 à un "excès" des cas de cancers infantiles dans la commune, précisant que "la contribution des pesticides au risque cancer ne peut donc être exclue."
VIDÉO. Voir le reportage sur le risque de leucémie accru infantile près des vignes avec le témoignage de Lucas Papin, un Girondin de 25 ans habitant du village de Preignac atteint par la maladie depuis l'enfance.
L'étude de l'Inserm ne nomme pas non plus les pesticides comme facteur de risque de cancers pédiatriques, et prévoit de nouvelles études sur la corrélation entre cancers pédiatriques et des cultures agricoles autres que la vigne, qui pourraient permettre de mettre en évidence ce facteur commun.