Un hommage est rendu ce samedi 23 janvier à Dominique Duhoux, dit Neneuil. Le quinquagénaire, sans domicile fixe, qui tenait une "librairie libre" place de la ferme Richemont est décédé le 16 janvier 2021.
Les Bordelais étaient appelés ce samedi 23 janvier, à braver la pluie pour rendre un dernier hommage à Dominique Duhoux, surnommé Neneuil. Ce quinquagénaire, sans domicile fixe tenait une librairie - bibliothèque libre, soit des étagères remplies de livres et quelques fauteuils, disposés à même la rue, devant le palais des Sports. Il s'est éteint le 16 janvier, victime d'un cancer.
Un dernier au revoir
Alors riverains, voisins, amis, sans abris, connaissances ou simples amoureux des livres sont venus sur place, "à son bureau" pour lui dire au revoir. Toute la semaine, et à nouveau ce samedi, des petits mots, des textes, des photos ont été déposés. Sur un cahier, figurent les remerciements de tous ceux qui l'ont côtoyé, de près ou de loin.
"J'habite dans le quartier. Tous les matins, je passais devant Dominique pour aller au travail. Je lui donnais souvent à manger en rentrant des courses. C'est une âme du quartier qui s'en va", explique les larmes aux yeux, une riveraine venue déposer un mot sur le cahier.
Il était souriant, poétique, nostalgique, pur et sincère. Quand il n'était pas là, je me demandais où il était. Je ne savais pas qu'il était malade, donc j'ai été un peu choquée de la nouvelle.
Un esprit libre et fédérateur
Le libraire a toujours naturellement fédéré autour de lui. Ainsi, en 2018, les policiers municipaux avaient détruit sa collection de livres, exposée dans la rue. S'en était suivie une vaste vague d'indignation sur les réseaux sociaux et les médias locaux.
Alain Juppé, alors maire de Bordeaux, avait lui-même fait part de son mécontentement. Deux jours après les faits, de nouveaux livres avaient été réinstallés, au même endroit, devant le parking Victor Hugo.
"Dominique était l'ami de tous. Je me garais tous les jours au parking, chez lui. Très souvent on échangeait quelques mots, on discutait de la vie, de la société, de la politique, de tout ce qui intéressait Neneuil et Dieu sait s'il y avait des choses qui l'intéressaient", se souvient Jean-François Traumat, présent au rassemblement ce samedi.
C'était un homme libre, qui ne voulait pas s'enfermer entre quatre murs. Il refusait d'être prisonnier des biens. Cette liberté qu'il s'octroyait, c'était son bien le plus précieux. (…) Il nous manque à tous. Le parking est devenu très triste, on sent que son cœur s'est arrêté de battre.
Une cagnotte pour financer les obsèques
Le rassemblement avait également pour but de financer les obsèques de Dominique Duhoux. Une urne de bois fait office de cagnotte, afin de récolter des fonds pour financer ses obsèques. Une messe sera donnée mardi 26 janvier, à 10 heures, à l’église Saint-Paul, rue des Ayres, à Bordeaux.
Les cendres de Neneuil doivent ensuite être dispersées en Bretagne.
Voir le reportage de France 3 Aquitaine