A Mérignac comme à Anglet, les salariés de Dassault aviation poursuivent leur mobilisation. Ils réclament une augmentation de salaire, alors que l'avionneur a signé en décembre un contrat de 80 Rafale avec les Emirats arabes unis.
Des voitures alignées tout le long des allées menant au site de Mérignac. Pour les salariés de Dassault Mérignac, il était impossible, ce jeudi, de pénétrer sur leur lieu de travail au volant de leur véhicule. Ils ont dû se garer avant l'entrée, puis terminer leur trajet à pied.
Le résultat d'une opération de barrage filtrant, organisée par la CGT entre 5 heures du matin et 10 heures.
Après une mobilisation ce lundi, cette action marque la suite du conflit qui oppose les salariés de la production, à leur direction.
Depuis plusieurs mois, ils réclament une revalorisation des salaires de l'ensemble des salariés, à hauteur de 200 euros nets, se disant insatisfaits de celles accordées dans le cadre des négociations annuelles obligatoires.
"L'accord signé par la CFE-CGC et l'Unsa prévoit une augmentation de 1,8 %. Ce qui correspond à un minimum de 32 euros, pour un salarié non-cadre. Un salarié qui a 23 ans d'ancienneté ne va toucher que 35 euros", assure Anthony Dupuy, délégué syndical CGT sur le site girondin.
Un contrat historique signé en décembre
L'incompréhension des travailleurs s'est accentuée depuis la signature, début décembre, de la vente de 80 Rafale aux Emirats arabes unis. Un contrat historique pour l'avionneur, qui affiche un carnet de commandes particulièrement bien rempli pour les prochaines années.
La production du site de Mérignac, qui compte plus de 2 000 salariés, est d'ores et déjà assurée jusqu'en 2031. Mais les salariés déplorent n'avoir obtenu en retour que des gestes jugés dérisoires.
"En 2020 et 2021, en pleine période de pandémie, l'entreprise n'a connu aucun retard de livraison. Tous les salariés ont fait des efforts pour sortir les avions en temps et en heure, dans des situations parfois catastrophiques", poursuit Anthony Dupuy.
En 2020, on a eu 0 % d'augmentation, et en 2021, on a eu 0,5 % d'augmentation. On s'attendait à un signe fort de notre PDG après une année record. Ce geste fort, c'est en réalité 1,8 % et une perte de pouvoir d'achat pour les salariés, alors que l'inflation est de l'ordre de près de 3 %.
Anthony Dupuis, délégué CGT Dassault MérignacFrance 3 Aquitaine
Un mouvement qui s'étend
Mérignac, Saint-Cloud, Argenteuil… depuis des mois, la grogne s'est étendue quasiment sur l'ensemble des sites de Dassault sur le territoire national.
A Anglet près de Bayonne ce jeudi 6 janvier, les salariés se sont également mobilisés, bloquant la production par des actions de débrayage organisées par la CGT et la CFDT. "Les gens n'ont plus envie de travailler, ils sont vraiment écœurés, assure Paul Jasper, délégué syndical CFDT sur le site de Biarritz.
"Tant que la direction ne bougera pas, on ne sortira plus d'avions. Si le PDG a besoin de vendre ses Rafales et ses Falcon, qu'il vienne sur place sur le site avec ses camarades de l'Unsa et de la CGC, pour les fabriquer".
La direction de Dassault se défend
La direction de Dassault qui refuse de répondre aux interviews a répondu aux médias par voie de communiqué de presse, rappelant avoir versé une prime de pouvoir d'achat de 500 euros nets, et prévoir une prime "Rafale Export" de 500 euros brut, "liée au contrat avec les Emirats arabes unis".
La société Dassault Aviation rappelle que sa politique de rémunération se traduit par des salaires qui se situent au-dessus du niveau moyen de la Branche. Par ailleurs, elle distribue à ses salariés des montants de participation et intéressement d’un niveau exceptionnel par rapport au légal, compte tenu de ses résultats.
Dassault AviationCommuniqué du 6 janvier 2022
Ce jeudi, l'avionneur a également annoncé avoir reçu pour 2021, en plus de la commande des Emirats non comptabilisée dans ce bilan, 49 commandes de Rafale et 51 concernant des Falcon neufs. Après une année 2020 morose, son niveau de commandes dépasse désormais celui de 2019.