LGV sud-ouest : deux recours déposés devant le tribunal administratif de Toulouse

Des représentants d’associations ainsi que des élus ont déposé deux recours devant le tribunal administratif de Toulouse, contre la construction des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax.

Le combat se poursuit. Malgré la création du GPSO (Grand Projet Sud Ouest), l’approbation du financement de la LGV par le gouvernement et le soutien de plusieurs collectivités, associations et élus continuent de se mobiliser contre les projets de lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Ce jeudi, près d’une centaine d’associations et 70 particuliers, ainsi que 81 élus de Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, ont chacun déposé un recours devant un tribunal administratif de Toulouse.

Un levier juridique activé dans la lignée des actions menées par les opposants depuis la genèse du projet. “Ce volet est le troisième pilier, explique Denise Cassou, de la coordination Vigilance LGV Gironde. Les deux autres, ce sont d’abord le travail sur le terrain, l’information et la mobilisation du public sur ce projet et ses conséquences, puis le travail sur le dossier. On décortique les données et on montre qu’il y a des manipulations de chiffres.”

Le plan de financement ciblé

Objectif principal : obtenir l’annulation du plan de financement du GPSO, élément central du projet, établi à 14 milliards d'euros. Celui-ci détermine notamment la participation des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, ainsi que des départements et des communautés de communes concernés, dont les métropoles de Bordeaux et Toulouse. Une participation qui, selon ces associations, aurait évolué dans le temps. “Ce qui nous a motivés dans ce recours précis, c’est le petit bricolage qu'on a découvert dans la façon de mettre au point ce plan de financement, avance Philippe Barbedienne, président de la SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest). Certaines collectivités ont voté sur des plans différents, puis tout a été assemblé à la fin. Sauf que les gens qui ont voté au début n’ont pas voté pour les chiffres qui ont été présentés à la fin.” Suffisant pour être reconnu comme motif de nullité par le tribunal, selon les associations.

Cet argument s’ajoute à une liste déjà bien fournie par les opposants à la LGV. “Ce projet est mortifère et destructeur, il n’est pas adapté car il capte de l’argent qui doit servir ailleurs, détaille Denise Cassou. Il crée aussi un sentiment de mépris envers les milieux ruraux. On s’assoit sur leur avis alors qu’ils l’expriment leur mécontentement. Ils sentent qu’ils vont être enclavés et qu’ils vont en plus devoir payer. C’est le genre de chose qui amène aux gilets jaunes ou à des votes protestataires dans les urnes. C'est un signe évident d'inadéquation par rapport au terrain.”

Des gens vont voir la valeur de leur maison baisser considérablement, et ne pourront même pas vendre leur bien pour s’installer ailleurs.

Philippe Barbedienne, président de la SEPANSO

Des observations confirmées par la SEPANSO, chargée avant tout des questions environnementales. “Ce projet artificialiserait 4800 hectares de forêt, de terres agricoles et de sites Natura 2000. Rien que pour ça, il est inacceptable”, estime Philippe Barbedienne. Mais les conséquences auprès des habitants amènent l'association à dépasser son rôle premier. “Des gens vont voir la valeur de leur maison baisser considérablement, et ne pourront même pas vendre leur bien pour s’installer ailleurs, c’est scandaleux, poursuit le président de la SEPANSO. On sacrifie aussi les réseaux classiques et les trains du quotidien, bien plus utilisés que les TGV. On va faire des lignes qui vont avantager des petites minorités et désavantager les autres, et cela se traduit toujours par un défaut d’entretien sur les petites lignes, parfois laissées à l’abandon car jugées non rentables." 

La solution, selon les opposants : investir cet argent dans les lignes TER. “Il y a des aménagements très simples qui pourraient être faits tout de suite pour un coût minime, et qui permettraient d’améliorer les services de proximité, assure Denise Cassou, de la coordination Vigilance LGV Gironde. Au contraire, ce projet hors de prix réduirait les capacités et les moyens alloués aux trains du quotidien.”

Forts de ces arguments, les associations et particuliers pourraient voir leur démarche appuyée par l’action parallèle de 81 élus locaux, dont les maires écologistes de Bordeaux et Bègles, Pierre Hurmic et Clément Rossignol Puech. Eux aussi ont déposé ce jeudi un recours devant le tribunal administratif de Toulouse, et espèrent une issue favorable à cette bataille juridique qui les oppose à l’Etat et aux collectivités. D’ici là, associations et particuliers organisent ce samedi 30 avril un meeting interrégional, à partir de 14 h 30 à l’Athénée municipal de Bordeaux, pour faire entendre leur voix.

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