Dans un communiqué diffusé le mercredi 5 juin, l'association One Voice alerte sur des cas de maltraitance animale dans le Neurocentre Magendie de Bordeaux. L'Inserm se défend et pointe "de nombreux éléments erronés".
Que s'est-il réellement passé dans ce laboratoire de l'Université de Bordeaux ? Pour l'association One Voice, qui milite pour les droits des animaux, "de graves problèmes ont récemment touché" le Neurocentre Magendie, affilié à l'Inserm. Les souris utilisés comme cobaye par les scientifiques y seraient "enfermées par près de 40 degrés avec des taux d'humidité atteignant 75 %". Celles-ci auraient "littéralement bouillonné pendant des heures", selon l'association, qui alerte de ces faits dans un communiqué diffusé le mercredi 5 juin.
Des problèmes d'hygrométrie et de température
Pour l'Inserm, "le communiqué de One Voice comporte de nombreux éléments erronés". Dans un démenti, l'Institut parle de "problèmes d'hygrométrie et de température" observés ponctuellement entre 2021 et 2023, dus notamment à des "périodes de fortes chaleurs ou de dysfonctionnement des systèmes de climatisation".
Contrairement à ce qu’affirme One Voice, la température n’a jamais atteint 40 degrés, ni plusieurs fois dépassé les 30 degrés.
InsermCommuniqué
"À chaque dépassement de normes de température et d’hygrométrie dans des salles, les personnels sont alertés, des vérifications sont effectuées et les réparations réalisées si besoin est, le plus rapidement possible pour ne pas impacter le bien-être et l’intégrité des animaux."
Si One Voice pointe le "calvaire" vécu par les animaux, l'Inserm certifie "limiter le stress et l'impact sur leur bien-être" en les déplaçant dans d'autres salles lorsque nécessaire, avec des astreintes effectuées les week-ends.
Inondations
Mais les accusations de l'association ne s'arrêtent pas là. Pour One Voice, "des inondations ont touché, à deux reprises, les secteurs où sont détenus les animaux". "L’eau a par ailleurs endommagé le système de surveillance incendie, mettant en danger les animaux et les employés", développe l'association militante, qui accompagne son alerte d'une photographie d'employés passant la serpillère dans les couloirs du laboratoire.
Ces spécialistes de la nage forcée, pratique que nous combattons depuis plusieurs années, d’autant qu’il existe des alternatives n’impliquant pas de souris, tenteraient-ils de réaliser des tests grandeur nature ?
One Voiceassociation militante pour le droit des animaux
Ces inondations répétées sont confirmées par l'Inserm, qui précise toutefois que des travaux de rénovations adaptés sont déjà prévus pour "changer les réseaux d'eau glacée permettant la climatisation de l'Institut Magendie".
Trois fuites d'eau seraient survenues en décembre 2023, en mai et juin 2024. "Les animaux n’ont pas été en contact avec l’eau, dément l'Institut. Les salles impactées ont été nettoyées et décontaminées et des tests sanitaires ont été réalisés pour vérifier l’absence de contamination des animaux." Par ailleurs, aucun décès d'animaux n'aurait été déclaré à la suite de ces fuites. "Les tests réalisés rapidement après la fuite de décembre 2023 ont révélé l’absence de dysfonctionnement au niveau du système de surveillance incendie."
One Voice demande l'inspection du laboratoire
En 2023, l'association aurait déjà rencontré les responsables de l'Université de Bordeaux pour leur faire part de leur "incompréhension". One Voice précise avoir demandé la diligence d'une inspection auprès de la préfecture de Gironde et du ministère de la Recherche.
L'Inserm a dégagé les fonds nécessaires pour que ces travaux de grande ampleur soient réalisés au plus vite, ce qui a permis jusqu'ici de régler les problèmes observés
L'Insermcommuniqué
De son côté, l'Inserm assure "mettre tout en œuvre pour assurer le bien-être des animaux dans ses animaleries, ainsi que le bien-être des personnels dans les laboratoires".
Nage forcée et chocs électriques
Parallèlement, l'association One Voice a publié une pétition à l'intention, notamment, du ministère de la Recherche. Par ce biais, elle demande l'arrêt de la pratique "de test de nage forcée" qui consiste à simuler la dépression chez des rongeurs "à coups de chocs électriques" avant de les plonger dans un bocal d'eau "jusqu'à ce qu'elles abandonnent tout espoir de vivre", afin d'évaluer l'efficacité de la molécule sur les dépressions.
Entre 2 séances de nage forcée, les souris de ce labo affilié à l’@Inserm doivent supporter des températures tropicales, des taux d’humidité extrêmes et des défaillances en série. Nous exigeons un contrôle immédiat! #StopNageForcée #ExpérimentationAnimale https://t.co/Pz8yqLjALz
— One Voice (@onevoiceanimal) June 4, 2024
"En plus des souffrances injustifiables qu’il fait endurer aux animaux, l’utilité de ce test est largement remise en cause par la littérature scientifique, qui craint qu’il nous détourne de solutions intéressantes contre la dépression", tonne One Voice.
Pour l'Inserm, les activités des laboratoires répondent à assurer et "la bientraitance et le bien-être des animaux". "Le test dure six minutes en tout. La température de l’eau évite tout risque d’hypothermie et aucun animal ne se noie. Enfin, aucun choc électrique n’est administré aux animaux avant ou pendant ce test", se défend l'Institut.