Pourquoi les mares et les zones humides sont-elles indispensables à la vie de l’homme, et comment en recréer chez soi ?

Les terrains gorgés d’eau sont une richesse, pour les espèces en voie de disparition, mais pas seulement. Cela permet de limiter les effets de la sécheresse et des inondations, mais aussi de soutenir une agriculture locale. Dans la Vienne, des associations travaillent avec les citoyens et les agriculteurs pour préserver et recréer ces milieux vitaux.

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En plus d’être des habitats pour énormément d’espèces végétales et animales comme les tritons, les grenouilles, les oiseaux d’eau, la loutre ou encore le castor, présents dans les cours d’eau de la Vienne, les zones humides sont aussi indispensables à la survie de l’homme.

Lors des périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes, les zones humides s’avèrent être de précieuses ressources : « Elles fonctionnent comme des éponges. Lors des périodes hivernales, quand il pleut beaucoup, elles stockent l’eau. Et pendant les périodes plus sèches, elles vont la restituer lentement », explique Julian Branciforti, responsable de l’antenne viennoise du Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine.

À l’inverse, lors de fortes précipitations comme celles que l’on connaît ce printemps, les zones humides absorbent les excédents d’eau, et peuvent ainsi limiter les effets des grosses crues ou des inondations, parfois dévastateurs.

Un programme pour recenser et recréer des mares dans la Vienne

Vienne Nature a lancé un programme de recensement des mares, des zones humides très riches en biodiversité puisqu’il n’y a pas de poissons prédateurs, contrairement aux cours d’eau ou aux étangs.

20 ans auparavant, l’association avait constaté une disparition de 37 % d’entre elles dans les campagnes viennoises. « Ce qu’on constate sur le terrain, dans des secteurs où on a été il y a 20 ans, il y a une grosse dégradation des mares qui n’existent plus, ou la qualité de l’eau qui s’est fortement dégradée », observe Miguel Guailledrat-coordinateur de l’association Vienne Nature.

Les mares, sur les parcelles agricoles, jouent un rôle de drainage : « elles sont alimentées par les eaux de surfaces, donc quand il y a des écoulements agricoles ou routiers, les pesticides ou hydrocarbures se retrouvent dedans », précise Miguel Guailledrat.

Vienne Nature travaille aussi avec la profession agricole. En parallèle de l’inventaire des mares, l’association propose de créer des mares sur les terrains, qu’ils appartiennent aux agriculteurs, aux citoyens, mais aussi aux collectivités.

Les mares aussi peuvent être inscrites dans les plans locaux d’urbanisme. L’association Vienne Nature travaille avec la communauté de communes du Grand Poitiers pour inscrire dans les plans locaux d’urbanisme les mers. « Une fois qu’elles le sont, aucun levier ne permet de les détruire. Dès lors que des espèces protégées habitent les mares, la destruction de leur habitat est interdite, en théorie. »

Lorsqu’un permis de construire est donné sur un territoire, une étude d’impact est obligatoire. « Soit on est obligés d’éviter la mare, soit il faut compenser, comme c’est le cas avec la Ligne Grande Vitesse », indique le coordinateur de l’association Vienne Nature.

Il y a beaucoup de mares qui disparaissent. Le nombre qu’on recrée par rapport à celles disparues est infime. C’est comme les haies, tout le monde est d’accord pour dire qu’elles ont un rôle majeur, mais il y a encore des personnes qui arrachent les haies.

Miguel Guailledrat

coordinateur de l’association Vienne Nature

Vienne Nature et le Conservatoire des espaces naturels encouragent les citoyens à participer au recensement des mares, et les propriétaires qui le souhaitent à créer des mares chez eux. Ils proposent pour cela leur aide pratique.

Racheter des terres pour recréer des milieux humides

Avec une urbanisation de plus en plus importante et l’intensification des pratiques agricoles, les zones humides ont tendance à être asséchées volontairement. Le réchauffement climatique impacte aussi ces zones, des kilomètres de cours d’eau étant aujourd’hui complètement secs dans le département.

Pour recréer ces milieux menacés ou les restaurer, le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine recherche des terrains favorables au développement de la biodiversité « Soit on achète un terrain avec un notaire, soit on signe des baux avec des communes ou des collectivités », précise Julian Branciforti. L’association aménage alors la parcelle pour protéger ce qui peut encore l’être, ou restaurer ce qui a été dégradé.

Propriétaire ad vitam aeternam des terrains, l’association à la garantie, sur le long terme, que les terres achetées resteront des zones humides, vitales pour la biodiversité.

Quand on cherche à préserver les zones humides, on a une eau de qualité, épurée, des îlots de fraicheur, on peut prévenir les inondations et soutenir le tissu local comme l’élevage.

Julian Branciforti

responsable de l’antenne viennoise du Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine

Travailler en partenariat avec les agriculteurs

Une fois que le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine devient propriétaire d’un terrain, l’association cherche des partenaires du monde agricole, la plupart du temps des éleveurs. Ces derniers y trouvent leur intérêt, puisqu’ils peuvent venir faire paître leurs bêtes l’été dans les zones humides lorsqu’il n’y a plus rien à manger sur les plateaux. « C’est vraiment important pour nous ces partenariats. On ne veut pas mettre ces zones sous cloche, mais au contraire, qu’elles vivent et participent à l’activité socio-économique des terrains sur lesquels on intervient », insiste Julian Branciforti.

Grâce à ce système, les agriculteurs réalisent des économies, puisque le Conservatoire met à leur disposition les parcelles achetées, qui leur serviront à nourrir leurs bêtes. Dans le département, l’association travaille avec 80 exploitants agricoles, et possède 200 à 300 hectares.

« Il y a des solutions intelligentes qui existent déjà, précise Julian. C’est du bon sens qui a permis de conserver encore aujourd’hui des zones humides, grâce à des éleveurs ou des agriculteurs là bien avant notre époque ».

Un usage respectueux de l’environnement et le bon sens pourraient changer la donne et sont possibles. La cohabitation est possible avec le monde agricole, on travaille en synergie avec eux, pas en concurrence.

Julian Branciforti

responsable de l’antenne viennoise du Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine

Le Conservatoire peut même jouer le rôle d’aider de jeunes agriculteurs à s’installer : « C’est assez rare qu’on arrive à le faire complètement parce qu’il faut posséder plusieurs hectares de surfaces au même endroit pour que ce soit viable pour un jeune agriculteur, alors qu’on a plutôt des parcelles disparates, mais on a des exemples réussis de jeunes installés sur nos terrains », explique Julian Branciforti.

Freiner l’urbanisation par la réglementation

Les pratiques agricoles intensives sont responsables en partie de la détérioration des zones humides, mais pas seulement. L’urbanisation croissante, les choix d’aménagements du territoire ont un impact bien visible. Le Conservatoire rappelle que des outils réglementaires existent comme les plans locaux d’urbanisme qui indiquent les lieux où il est possible de construire et les zones naturelles à respecter. « Cet outil peut être utilisé à grande échelle, il faut qu’il y ait une vraie volonté politique de classer en zone naturelle une partie des territoires des communes, comme les zones humides », indique Mathieu Wagner, autre responsable des sites viennois pour le Conservatoire.

« Il y a un vrai intérêt à accompagner les porteurs de projets de constructions, de quartiers ou de routes pour prendre en compte la biodiversité de notre territoire », précise Mathieu Wagner. Un vrai changement passe donc par l’accompagnement des porteurs de projets, mais aussi par une volonté politique.

L’association Vienne Nature animera mercredi 22 mai une balade sur un ancien site de pisciculture, désormais reconverti en zone humide, refuge de biodiversité. La balade aura lieu aux étangs de Baro. Ces anciennes piscicultures ont été rachetées par le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine. Depuis que les étangs sont laissés à leur état naturel, plusieurs espèces de hérons y trouvent de quoi nicher, des insectes et des papillons ont refait leur apparition, comme les libellules.

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