Médecins de ville, urgences à l'hôpital : à Bordeaux, "on est tous à bout "

Face à la triple épidémie de grippe, Covid et bronchiolite, le système de santé craque de toutes parts. Les soignants souffrent autant que les malades. Les appels à la grève se multiplient, les réorganisations des urgences ne suffisent plus.

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Dans ce centre médical, situé à Lormont, près de Bordeaux, cinq patients se présentent dès l'ouverture. Ici, pas besoin de rendez-vous. Dans la salle d'attente, des malades qui n'ont pas réussi à avoir leur médecin traitant ou qui ont été refoulés par les urgences débordées. 

C'était bondé. Il manquait du personnel. Il n'y avait qu'un seul médecin de garde pour toute la journée. C'était vraiment alarmant. 

Le docteur Abdallah Achouri dit comprendre ses collègues. Il s'inscrit en complémentarité et parfois, prend en charge des patients envoyés par le service des urgences de la clinique privée juste en face. 

On essaye de s'adapter au flux, de répondre aux besoins de la situation

Docteur Abdallah Achouri, Médecin généraliste

Mais le système de santé doit faire face à une triple épidémie. La grippe d'abord. Le ministre de la Santé François Braun a parlé ce matin d'"une explosion des cas, avec également des cas graves, qui font que les services de réanimation d'une façon globale sont saturés". Le virus de la Covid  "circule moins" mais le niveau d'infection de la bronchiolite est "très élevé", a-t-il expliqué devant la presse. Le ministre de la Santé ne cache pas son inquiétude : "c'est la semaine de tous les dangers". D'autant que le collectif Médecins pour demain appelle les médecins généralistes à fermer leurs cabinets toute la semaine

A Bordeaux, le CHU a ouvert un local modulaire pour faire un premier tri. Le plan blanc, déclenché fin octobre, ne suffit plus.

Au service de réanimation pédiatrique, le syndicat Sud Santé appelle à une grève illimitée

Les symptômes sont les mêmes au centre hospitalier du Sud Gironde, qui  réorganise ses urgences depuis lundi 26 décembre. Il faut obligatoire être envoyé par le 15 pour être accueilli en journée. Dans un communiqué de presse le directeur constate que les tensions sont telles que "les leviers habituels comme l'intérim et les réorganisations  internes des services ne suffisent pas à soulager les équipes en place"

Des hôpitaux qui manquent de personnel et de lits, des médecins généralistes qui réclament notamment une hausse de leurs honoraires. Tout le système de santé est aujourd’hui sous tension. La triple épidémie relève un problème plus structurel : 

Ce sont quand même des revendications qui sont amenées sur la table depuis une vingtaine d’années. A un moment on est au bout du bout. On a l’impression qu’on n’est pas entendu en médecine de ville. Ce n’est pas pour critiquer la médecine publique. Tout le monde est dans la panade et tout le monde craque.

Docteur Karl Moliexe Porte-parole SOS Médecins Bordeaux

Invité du journal de France 3 Aquitaine, Benoît Elleboode, le directeur général de l'agence régional de santé rejette le risque d'implosion : 

Aujourd'hui, le système de santé est tendu en Nouvelle-Aquitaine mais il n'est pas encore saturé.

Benoît Elleboode, le directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine

Il s'appuie sur trois indicateurs.

  • Le nombre de passages aux urgences qui, selon lui, est à peu près le même que les années précédentes
  • le nombre de lits disponibles de l'ordre de 10 % mais pas forcément là où est le besoin, d'où les transferts d'un hôpital à l'autre et "une gestion des lits extrêmement tendue"
  •  les appels au Samu

On a une grosse augmentation, + 20% du nombre des appels. Donc il faut renforcer les Samu.

Benoît Elleboode, le directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine

Le week-end du Nouvel an est traditionnellement un pic pour les urgences. Les effectifs de SOS Médecins sur l’agglomération bordelaise seront multipliés par trois. 

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