Le mouvement qui commence ce lundi 26 décembre touche tout le personnel paramédical du service de la réanimation et des soins intensifs pédiatriques. Les grévistes réclament davantage de moyens, notamment humains.
Le service est hébergé au troisième étage des urgences pour enfants. Un nouveau bâtiment inauguré en mars dernier sur le CHU de Bordeaux. Ici, le personnel soignant prend en charge la réanimation et les soins intensifs et chirurgicaux des enfants.
Ce lundi, un appel à la grève est observé par les infirmières, les aides-soignantes, les puéricultrices mais sans affecter les soins, le personnel nécessaire a été réquisitionné.
"On y observe les mêmes problèmes que dans tous les hôpitaux", souligne Ludwig Horel. L'infirmier relève une "grosse perte de qualité" et regrette de ne plus pouvoir s'occuper des parents, les rassurer, les tenir au courant de l'évolution des soins.
On essaye de faire le maximum pour les enfants, on n’a pas le temps d’expliquer aux parents, tout se fait dans l’extrême urgence.
Ludwig Horel, infirmier en reanimation pédiatriqueFrance 3 Aquitaine rédaction web
Un constat que partage Stéphanie, infirmière-puéricultrice dans le service depuis 18 ans. Selon elle, en pédiatrie, la famille est omniprésente : "On ne soigne pas un enfant seul, c'est une prise en charge globale."
On passe beaucoup de temps dans le relationnel avec l'enfant et la famille, l'explication, le soutien. C'est une mission à part entière de notre travail.
Stéphanie, infirmière-puéricultrice en réanimation pédiatriqueFrance 3 Aquitaine rédaction web
Mais lorsque l'équipe est en sous-effectif, c'est le soin au patient qui est privilégié. "On a moins de temps pour les parents, regrette Stéphanie. C'est dommageable car si les parents sont inquiets, dans l'incertitude, c'est délétère pour l'enfant."
Revalorisé le travail à l'hôpital
La faute selon eux au manque de personnel. Certains ont quitté l'hôpital. Les postes vacants ne trouvent pas preneur. Pour que le métier redevienne attractif, Stéphanie ne voit qu'une solution : augmenter les salaires de façon globale.
Selon elle, la pédiatrie manque d'effectifs depuis longtemps, mais c'est peut-être la récente épidémie de bronchiolite qui a été le déclencheur de ce mouvement social. "C'était très difficile pour nous et les urgences à cause de la surcharge de travail. Il y avait un turnover important : on a été mis à mal", témoigne Stéphanie. Ludwig Horel déplore, lui aussi, des conditions de travail difficiles.
On fonctionne sur les heures supplémentaires. On revient sur nos congés. On nous demande toujours plus, mais en échange, on n'a rien.
Ludwig Horel, infirmierFrance 3 Aquitaine
Parmi les revendications du personnel gréviste, la reconnaissance des heures de transmission. Ce temps pendant lequel la première équipe achève ses douze heures de travail et passe le relai à la suivante, qui correspondrait à six jours par an selon les grévistes. "C'est un don au CHU de Bordeaux alors que dans d’autres hôpitaux, c’est en place", assure Ludwig Horel.
Les grévistes demandent aussi une revalorisation des heures de nuit "Avant, on faisait un tiers de nuit et deux tiers de jour", se souvient Stéphanie. "Maintenant on nous demande de faire 50/50. C'est un travail pénible qui est peu valorisé. On est payé dix euros en plus par nuit."
Huit semaines de formation
En 18 ans de service en tant qu'infirmière-puéricultrice, Stéphanie a vu les conditions de travail évoluer. Selon elle, la charge a augmenté avec l'arrivée de nouvelles techniques de soins, complexes, qui demandent du temps.
La pédiatrie a la spécificité de traiter toutes les pathologies. Une grande diversité de soins à apporter, pour lesquels une formation est nécessaire. Les grévistes demandent à ce que les nouveaux soignants du service puissent être formés pendant 8 semaines, contre un mois actuellement. "Il y a un panel de pathologies énormes, il faut une formation minimale pour pouvoir travailler en sécurité pour le soignant et pour le patient", justifie Stéphanie.
La direction annonce des avancées
Après de premières discussions, la direction de l'hôpital assure que certains points ont fait l'objet d'un accord. Selon la direction des ressources humaines, un poste d'auxiliaire de puériculture sera créé en janvier, pour augmenter les effectifs de nuit. Les RH annoncent également la création d'un poste d'accueil, ainsi que l'équipement du service de visiophones sécurisés.
Pas suffisant pour le personnel paramédical. "Ils ne veulent pas lâcher sur les heures de transmission et sur la création d'un poste de puéricultrice supplémentaire", regrette Ludwig Horel. Les grévistes se disent "motivés et solidaires", ils ont décidé de continuer la grève. Le préavis est reconductible et ils n'ont pas prévu de date de fin.