Mobilisation autour d'un boulanger malien en Gironde : un an après, clandestinité contrainte et "énorme gâchis"

En 2020, de nombreux habitants du Blayais s'étaient mobilisés pour soutenir Silima Diagouraga. Ce jeune homme, employé en CDI chez Leclerc après sa formation de boulanger, devait être expulsé par les autorités françaises pour avoir menti sur son âge lors de son arrivée en France. Qu'est-il devenu ?

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Il y a un an, France 3 Aquitaine relatait la forte mobilisation, dans le Blayais dans le nord de la Gironde, autour de la situation de Silima Diagouraga. 

Ce jeune boulanger venu du Mali, très intégré et employé en CDI au sein de l'enseigne de supermarché Leclerc, s'était vu remettre une obligation de quitter le territoire français pour avoir menti sur son âge lors de son arrivée en France. Qu'est-il devenu aujourd'hui ? 

Une mobilisation d'ampleur... sans résultats 

Malgré plusieurs rassemblements pour dénoncer la position des autorités, le soutien de nombreux élus locaux, ainsi qu'une pétition rassemblant 30 000 signatures, la préfecture n'a pas revu sa copie. 

En effet, en mars 2021, comme le relataient nos confrères de France Bleu Gironde, la préfète Fabienne Buccio avait décidé de maintenir l'OQTF ( obligation de quitter le territoire français ) contre le boulanger, arguant qu'il ne fallait pas créer de précédent. 

→ Archives du 8 décembre 2020 : mobilisation pour éviter l'expulsion d'un boulanger malien :

Une "entrée contrainte en clandestinité" 

Depuis le maintien de l'obligation de quitter le territoire français, la famille d'accueil de Silima en France, Ketty et Pierre Bayle, a dû "le laisser rejoindre la clandestinité", afin qu'il ne soit pas expulsé, comme l'explique Ketty. 

"Notre mobilisation est aujourd'hui beaucoup plus discrète" souligne-t-elle, contactée par téléphone. Pour celle qui a hébergé le jeune homme entre 2018 et 2021, c'est un "gâchis terrible". 

"Cet énorme crime, qui consiste à se sauver la vie en mentant sur son âge, justifie tout, et rend impossible de faire la démonstration qu'un immigré est intégré" déplore-t-elle avec amertume, estimant que la situation personnelle n'est pas du tout prise en compte par les autorités.

"Lorsque Silima est arrivé en France, il avait un niveau scolaire de CM2. Il a tellement appris et progressé, en devenant boulanger, en suivant des cours de français en même temps, en étant bénévole au Secours Populaire !" souligne celle qui était principale de collège. 

"Qu'on fasse la chasse aux gens dangereux, aux profiteurs, c'est justifié. Mais pour Silima, on a l'impression de quelque chose de fou, d'irrationnel, où est passé le pays des droits de l'homme ?" 

Quelles perspectives pour Silima ? 

Après la décision préfectorale, un recours a été formé auprès du tribunal administratif. Il a été rejeté en octobre 2021, indique Ketty Bayle.

Avec son conjoint, ils ont envisagé toutes les options, comme celle d'une grève de la faim, ainsi que l'avait fait avec succès un boulanger de Besançon pour son apprenti début 2021, ou plus récemment un prêtre et deux militants associatifs à Calais. Mais ils ne sont pas lancés : "nous ne sommes pas des martyrs". 

Le couple n'a aujourd'hui que très rarement de nouvelles de Silima, afin de le protéger :"en septembre, les gendarmes sont venus et ont demandé à voir notre domicile" justifie Ketty. Lorsque le téléphone sonne, elle est systématiquement inquiète : "on a toujours peur de savoir ce qui a pu lui arriver". 

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