Municipales 2020 : la métropole bordelaise bascule à gauche, un nouveau mode de gestion à trouver

Avec l'élection des écologistes Pierre Hurmic et Clément Rossignol-Puech à Bordeaux et Bègles et la bascule à gauche de Carbon-Blanc, Saint-Médard-en-Jalles et Artigues-près-Bordeaux, la métropole bordelaise va entrer dans une nouvelle ère. Remue-ménage politique en perspective.

La couleur est annoncée. C'est la phrase choc lancée par Pierre Hurmic dimanche soir après sa victoire.

La cogestion à la métropole est morte !

Pierre Hurmic, futur maire de Bordeaux

À peine élu, le futur maire de Bordeaux qui sera installé officiellement vendredi, a dit qu'il ne voulait plus de cogestion, une gouvernance qu'il combat depuis longtemps comme élu métropolitain. "Il faut arrêter la gestion par un club de maires, en finir avec la méthode des petits trocs entre maires. C'est l'ancien monde". Concernant la présidence de la métropole, il n'a pas encore pris de décision mais "tout est ouvert". "Le maire de Bordeaux n'est pas obligatoirement président mais ce n'est pas exclu. Il faut surtout trouver un nouveau mode de gestion avec une vision collective de l'agglomération qui s'étende au-delà des communes intra métropole", explique Pierre Hurmic.

Cogestion ou pas cogestion de la métropole : les pour et les contre


Invité de TV7 Bordeaux ce dimanche soir, le président actuel de la métropole Patrick Bobet et maire (LR) du Bouscat a fait part de son inquiétude face à la position de Pierre Hurmic sur la métropole, qui annonce que la "cogestion, c'est mort". "Nous sommes prêts à tout pour débloquer la métropole, qui est bloquée ce soir, a lancé Patrick Bobet. J'ai appelé Alain Anziani ce soir [le maire PS de Mérignac qui est, lui, favorable à la cogestion] on doit se rappeler lundi matin." De son côté Alain Anziani défendra le maintien de la cogestion qui est la règle au sein de la métropole bordelaise comme c'est le cas dans d'autres métropoles. 

On est dans une intercommunalité c'est la règle.

Alain Anziani, maire de Mérignac

Pour Alain Anziani " C'est normal que chaque maire défende les intérêts de sa commune. Ce qui compte c'est de décider d'un projet commun. Il faudra avoir une ambition environnementale trés forte mais il n'y a pas que l'environnement. L'emploi, le social et les services à la personne, ça compte aussi". Le maire de Mérignac défend "un équilibre à trouver" mais il y aura des points indépassables entre lui et le futur maire de Bordeaux en particulier sur l'aéroport de Bordeaux. Alain Anziani veut défendre en priorité le bassin aéronautique. Dernièrement, il est monté au créneau pour le maintien de la navette Air France entre Bordeaux et Paris. Pierre Hurmic est totalement favorable à son arrêt pour limiter l'impact sur l'environnement. Des turbulences sont en vue sur ce sujet. 

Pierre Hurmic ne sera pas le seul maire écologiste de la métropole. Clément Rossignol-Puech a en effet été reconduit dimanche soir à la tête de la mairie de Bègles, anciennement dirigée par Noël Mamère. "Ce soir, les électeurs béglais ont élu la liste Vivons Bègles en lui accordant 58,86% des suffrages exprimés" a-t-il dit. (...) La métropole de Bordeaux bascule donc  avec une majorité écologiste et de gauche. " C'est un moment historique pour faire progresser la transition écologique et sociale en matière de transports, nature, énergie... C'est enfin une formidable occasion de mettre en œuvre une nouvelle gouvernance pour sortir de la cogestion, où les maires auront toute leur place. Nous avons 15 jours pour dse mettre d'accord sur un projet clair de transition écologique, poursuit Clément Rossignol-Puech qui prône à terme une élection au suffrage universel d'une partie des élus commutaires.

"Ces élections municipales resteront historiques pour la Gironde" a rapidement réagi dimanche soir Jean-Luc Gleyze, Président du Département de la Gironde. "La victoire de l’union de la gauche à Bordeaux est un symbole. Je tiens à féliciter Pierre Hurmic, et l’ensemble des équipes, qui ont travaillé avec lui pour offrir un changement historique.Cette victoire redessine les équilibres politiques au sein de la Métropole. 
Carbon-Blanc, Saint Médard en Jalles, Artigues près Bordeaux, viennent renforcer les forces de la gauche des communes remportées au premier et second tour telles que Eysines, Lormont, Mérignac".

La composition du futur hémicycle

Selon les premiers éléments du politologue de Sciences Po Bordeaux Jean Petaux, sur les 104 délégués de Bordeaux métropole, il y aura 38 délégués pour le groupe Communauté d'avenir dont deux LREM dont Thomas Cazenave, 32 pour le PS, 28 pour les verts, 4 pour le PC et 1 siège pour le radical Philippe Poutou. "La gauche et les écologistes sont majoritaires dans les chiffres mais pas sûr qu'une majorité se dégage car tout le monde n'est pas d'accord sur le mode de gestion de l'agglomération", explique Jean Petaux. Depuis 50 ans, c'est une cogestion gauche/droite qui se pratique sans remise en question. Question de génération politique ? On peut se poser la question. Le socialiste Alain Anziani, soutenu par Patrick Bobet l'actuel président de Bordeaux métropole, est pour la cogestion ce qui n'est pas le cas de Stéphane Delpeyrat élu à Saint-Médard-en-Jalles dimanche. Comment Christelle Bost, maire ps d'Eysines, se positionnera-t-elle ? L'hémicycle risque d'être très partagé sur le sujet et Jean Petaux d'ironniser sur l'éventualité d'un "Bordoxit" si aucun n'accord de gestion n'est trouvé.

L'élection du président et des vice-présidents de Bordeaux métropole est prévue le 17 juillet. La répartition définitive des sièges en fonction de la couleur politique sera connue ce lundi. Mais il est déjà certain que la présence des écologistes va peser sur les grands dossiers du transports et du logement. Pierre Hurmic a déjà des idées pour une ville et une agglomération plus vertes

Les grands dossiers qui vont fâcher

Fini l'extension du tramway : Pierre Hurmic en avait fait état lors de sa campagne. Fini le tramway dans l'agglomération. "Trop coûteux, c'est le mode de transport des maires mais pas des travailleurs". Ainsi, le futur maire de Bordeaux entend bien interrompre le projet d'extension à Saint-Médard-en-Jalles, au nord-ouest de Bordeaux, qui était soutenu par le maire sortant Nicolas Florian, et récupérer une enveloppe de 100 millions d'euros. Sa priorité, c'est un RER métropolitain pour "permettre aux habitants de Langon d'accéder plus facilement à la métrople par exemple". L'écologiste entend privilégier des outils de déplacement "moins cher et plus efficaces comme le bus à hydrogène".
Un péage sur la rocade aux heures de pointe : Pierre Hurmic défendra une troisième voie de circulation dédiée au covoiturage. Pour limiter l'accès à Bordeaux, il souhaite mettre en place un péage aux heures de pointe pour le trafic international des poids lourds. "Les tarifs seront dissuasifs", prévient le maire de Bordeaux. À son programme encore, des voies dédiées et des itinéraires privilégiés pour les vélos, la promotion du télétravail un à deux jours par semaine et les horaires décalés pour les entreprises pour alléger le trafic dans l'agglomération bordelaise.
Le grand stade Matmut Atlantique : Pierre Hurmic a toujours combattu sa constrcution et sa gestion. 
L'aéroport de Bordeaux-Mérignac : quel avenir pour la navette Air France ? Les verts ne sont pas sur la même longueur d'ondes que les élus locaux
Et donc le mode de gestion pour l'avenir de la métropole : cela impactera les choix budgetaires pour le logement, les transports et le défi climatique face à une population qui augmente chaque année. 

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