L’association de défense des animaux, Vénus, basée à Bordeaux, dénonce une nouvelle forme d’exploitation des fauves du zoo depuis l’ouverture, en décembre 2020, de lodges pour dormir auprès d’eux.
Vue sur félins et cages d'animaux. Le zoo de Bordeaux-Pessac propose depuis quelques mois une nouvelle activité sur son site. Depuis le 15 décembre 2020, les visiteurs peuvent séjourner dans deux lodges situés au cœur du parc des félins.
Une immersion au plus près des fauves puisque le lieu où ils s’abritent pour notamment dormir, jouxte le lodge où vivent et dorment les touristes. Des lits côte à côte qui font le régal des visiteurs mais pas forcément celui de ces prédateurs.
C’est en tout cas le sentiment de certains. Une proximité avec le lieu de vie des fauves qui n’est pas du goût de tout le monde.
Polémique au zoo de Bordeaux-Pessac
L’association bordelaise Vénus, qui œuvre pour la défense et la protection des animaux, ne voit pas ce concept d’un bon œil et ne mâche pas ses mots.
C’est à l’encontre du bien-être animal
Les deux lodges qui peuvent accueillir jusqu’à 10 personnes juxtaposent les bâtiments des félins au grand damne de ce défenseur de la cause animale. “Les lodges sont au coeur du lieu de vie de l’animal et non pas au bout du parc, c’est hyper choquant, déjà qu’il vivent en captivité, et même s’ils sont nés en captivité, cela va générer un stress supplémentaire” s’insurge Laurent Blanchard-Talour, fondateur de l’association Venus.
Une proximité avec les animaux du zoo qui interpelle Laurent Blanchard. “La nuit, malgré les vitres teintées, avec les lumières allumées dans les lodges, c'est un stress pour les animaux” souligne-il.
Dans leur lieu de vie
Chaque visiteur doit s'acquitter de la somme de 265 euros pour dormir avec les tigres et les jaguars. Il n’en fallait pas davantage pour indigner le responsable de l’association de défense des animaux bordelaise. “C’est de l’exploitation animale” souligne-il.
Ils se servent des animaux pour faire du fric
Mais le bien-être des animaux sauvages du zoo est-il en jeu ?
Oui sans aucun doute selon le défenseur des animaux bordelais. “Les animaux ne sont certes pas tués comme dans un safari mais pour leur bien-être, c’est aberrant” s’exclame Laurent Blanchard.
Du côté d'un spécialiste des animaux sauvages, c'est un peu la surprise. La mode des lodges agace. “Faire cohabiter une cage (de nuit?) avec le lodge, cela ma paraît idiot. Cela va finir par faire pas mal de polémiques si c’est pour avoir des animaux complètement à côté des touristes” déclare Pierre Thivillon, président de l’association Tonga Terre d’accueil.
Pour ce spécialiste des fauves et de leur sauvegarde, des mesures ont dû être prises si le lieu a pu ouvrir au public. “Si cela a été accepté par la DDSV (direction départementale des services vétérinaires), c’est qu’ils ont dû faire des installations conformes” ajoute-il.
Une expérience nocturne
Une équipe de France 3 Bordeaux s’était rendue dans les lodges fraîchement sortis de terre. Mathieu Dorval, directeur du zoo de Pessac évoquait alors le concept inédit en Gironde. “Nous voulons que les visiteurs, tout au long de leur visite, aient un contact avec l’animal. C’est un contact olfactif, tactile, on a du visuel, on peut vivre différentes expériences et il me semblait intéressant de rajouter une expérience à tout ça qui est une expérience nocturne, celle de pouvoir dormir avec les animaux” expliquait-il en septembre à une équipe de France 3.
Des précautions semblent avoir été mises en œuvre pour le bien-être des animaux. Une réglementation s’applique aux visiteurs des lodges comme l’interdiction de musique ou d’allumer la télévision à partir d’une certaine heure.
Des rideaux roulants peuvent être baissés du côté des soigneurs, afin d’obstruer la lumière si les lodges sont allumés en pleine nuit.
Mathieu Dorval, directeur du zoo de Pessac n’a pas souhaité nous répondre et réagir aux propos de l’association Venus.
Les lodges sont en activité depuis décembre dernier, la seule qui a pu être maintenue sur le zoo pendant le confinement donc source de revenus pour le site bordelais qui a dû continuer à prendre soin de ses pensionnaires sans la ressource financière des visiteurs.