La campagne de communication #Bienvenueauxsoignants commence ce mercredi 20 avril. Elle entend d'abord restaurer l'image des professions hospitalières, avant de lancer une grande opération de recrutement.
Manque de moyens et d'effectifs, les personnels sont exténués. Certains sont déjà partis. La communication du CHU explique que "depuis 2 ans, l’hôpital public et ses professionnels sont en première ligne de la crise sanitaire. Cette période a accentué les difficultés. Il était donc nécessaire de faire de l’attractivité et de la fidélisation des soignants une des priorités fortes du CHU de Bordeaux".
L'urgence, cette année, c'est qu'il y a eu beaucoup de départs. Les différents sites du CHU de Bordeaux (Pellegrin, Saint-André, Haut-Lévêque, Xavier Arnauzan et Talence pour l'administration), connaissent un renouvellement traditionnel du personnel, tout au long de l'année. Des départs qui sont "la plupart du temps comblés par les arrivées", selon Julie Raude, directrice de la communication. Mais ce ne fut pas le cas l'an dernier.
900 départs
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Au cours de l'année 2021, sur un effectif global de 15 000 personnes (dont 1500 médecins et 8000 soignants), près de 380 aides-soignants, assistants de puériculture sont partis et 520 infirmiers. Soit un total de 900 personnes, contrairement à 780 départs en moyenne chaque année.
D'où cette mobilisation exceptionnelle de revalorisation de ses personnels comme de leurs conditions de travail, pour un meilleur recrutement. Du moins, c'est la volonté affichée. Et pour cette opération séduction, le centre hospitalier bordelais s'est appuyé sur son personnel qui a vécu cette période difficile. Il a aussi voulu mettre en avant les atouts du centre hospitalier universitaire, comme ses valeurs.
Des syndicats méfiants
Pour les syndicats que nous avons interrogés ce 20 avril "la casse s'est faite bien avant la pandémie : sur la considération des agents, l'absentéisme qui n'a pas été remplacé depuis 4-5 ans. Ce n'est pas faute de l'avoir dit à nos instances !" explique Pascal Gaubert du syndicat FO qui a déposé un préavis de grève pour ce 21 avril.
Le manque d'effectif tire les gens vers le bas.
Alain Es Sebbar - CGT CHU de BordeauxSource : France 3 Aquitaine
Le délégué CGT insiste sur le caractère critique de la situation : "le week-end dernier, on a dit aux gens de ne pas venir aux urgences !" Ils espèrent que ce ne sera pas bientôt la même chose pour les urgences pédiatriques. Mais ils alertent car, selon eux, le chiffre important ce sont les 700 lits qui, au total, ont dû être fermés "pour que le directeur puisse donner des congés de printemps".
Alors, eux aussi, ils voudraient y croire à ce recrutement de grande envergure mais pour cela, il faudrait déjà "donner envie aux agents de rester ". Pour eux, 200 recrutements seraient nécessaires dont près de 150 soignants mais aussi des administratifs, des ambulanciers,... "C'est toute une chaîne en fait".
Les syndicats ont déposé un préavis de grève ce jeudi 21 avril. Ils veulent alerter justement sur ces problèmes d'effectifs qui font que notamment des opérations doivent être régulièrement "reportées" et ils disent "inquiets pour cet été".
Casser les clichés de l'hôpital
A Bordeaux, cette campagne semble vouloir repartir sur de nouvelles bases. "De nouvelles mesures de recrutement ont été mises en œuvre dans l’établissement à l’hôpital afin d’améliorer les conditions de recrutement, de rémunération et les conditions de travail".
L'idée étant de mieux accompagner les carrières des professionnels, promouvoir les spécificités des métiers et l’intérêt de travailler au CHU de Bordeaux. Car on sait aussi ici qu'on devra faire face à une forte concurrence, "tous les établissements de santé, en fait", et qu'il s'agit de recruter notamment les nouveaux diplômés, dès le mois de mai-juin.
Pour Perrine Cainne, directrice des ressources humaines au CHU de Bordeaux, l'enjeu est double dans cette "démarche d'attractivité et de fidélisation" du personnel soignant. Il s'agit de "casser les clichés qu'on a sur l'hôpital", que ce soit sur la rémunération, revue à la hausse avec le Ségur de la santé, mais aussi les conditions de travail.
Les ressources humaines essaient de s'adapter en proposant d'autres schémas de travail. Si la personne "veut travailler 5 jours sur 7, 7 ou 7h30 par jour; ou si elle veut faire 3 jours par semaine en 12 heures, on est en mesure de le lui proposer, quelle que soit la spécialité".
En savoir plus sur la campagne #BienvenueAuxSoignants
SOIGNANT(E), SOIS FIER(E)
Pour mettre en place cette campagne, les ressources humaines et les services de communication de l'hôpital ont organisé des groupes de travail. Ils étaient composés de "soignants, des cadres de santé, des professionnels du recrutement, des professionnels de la communication, des médecins" précise Julie Raude de la communication de l'hôpital.
Dans les discussions qu'on avait, il y avait cette notion de valeurs partagées à l'hôpital, et de fierté d'y travailler.
Julie Raude - Communication du CHU de BordeauxSource : France 3 Aquitaine
S'ils partagent les même valeurs, ils ont partagé également, chacun à leur poste, un même quotidien difficile. Après les applaudissements au début de la pandémie, "petit à petit, ce sont les difficultés du métier qui sont apparues, la lassitude, le ras-le-bol parfois, ça peut se comprendre..."
C'est pourquoi cette campagne passe par une restauration de cette image positive des soignants :"On avait vraiment envie de renverser cette image-là en proposant un visuel de quelqu'un qui s'affirme, qui est fier. Un gros plan d'un soignant sur un fond coloré", avant d'inviter ceux qui se seront sans doute identifiés à poser leur candidature.
La campagne s'articule donc en deux temps :
- "Soignant, sois fier(e)" , du 20 avril au 15 mai
- "Oui, j'ai le profil", du 16 mai au 3 juillet, la campagne de recrutement se poursuit et sera déclinée sur les réseaux sociaux (Twitter, Instagram, LinkedIn et Facebook)
Ainsi, depuis ce mercredi 20 avril, vous pourrez voir dans Bordeaux, une cinquantaine d'affiches dans la ville, "qui a mis à disposition gratuitement des emplacements".
Des communications sur les réseaux sont prévues, ainsi que "des bâches sur les murs ou grilles des hôpitaux et dans les enceintes des établissements".
Des témoignages de soignants évoquant leur parcours à l'hôpital sont également mis en avant.
Pour la directrice de communication "si on récoltait entre 100 et 200 candidatures, ce serait vraiment une réussite !"
Un site internet dédié
Evidemment, la démarche s'adresse aussi bien à des soignants qui travaillent déjà mais pour beaucoup, également aux jeunes. D'où une présence appuyée sur les réseaux sociaux.
Le CHU s'est également doté d'outils numériques :
- un site internet dédié au recrutement
- ainsi qu'une nouvelle plateforme de gestion des offres d'emploi et des candidatures
- sans compter les forums de l'emploi (dont un qui a eu lieu fin mars dernier) notamment en ligne