Pesticides : deux collectifs girondins lancent une cagnotte en ligne pour analyser des vins bordelais

Le collectif info Médoc Pesticides et Alerte aux Toxiques ont lancé une cagnotte en ligne. L'objectif : analyser la présence de pesticides dans les vins bordelais. 

Que contiennent les vins qui vous sont proposés à la vente ? Fin janvier, Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran se sont associées pour analyser la composition de vins du Médoc et du bordelais, et prouver la présence de pesticides. Elles ont donc lancé un appel aux dons, via une cagnotte en ligne, afin d'atteindre 5000€.

"Nous voulons montrer aux consommateurs ce qui se cache derrière les annonces. Nous avons déjà mené des actions de la sorte en 2019, mais c'est la première fois que nous nous associons avec Alerte aux Toxiques", explique Marie-Lys Bibeyran, la présidente du collectif Info Médoc Pesticides.
  

Entre discours et réalité


Les deux collectifs reprochent au Conseil interprofessionnel des Vins de Bordeauxun "écart entre le discours et la réalité", selon le communiqué sur le site du collectif Infos Médoc Pesticides. Ils souhaitent donc lancer une "vaste analyse indépendante de vins du Médoc et du bordelais".
 "Nous allons faire analyser les vins par un laboratoire indépendant, situé à Narbonne. Nous ne savons pas comment sont réalisées celles du CIVB, mais nous pouvons avoir des doutes sur sa parfaite indépendance. Personne ne communique sur des analyses défavorables", argumente la présidente du collectif.
 

Chasse aux sorcières


Une "chasse aux sorcières" pour Thomas Solans, vice-président des Jeunes Agriculteurs de Gironde.

"Avant même qu'elle ne soit réalisée, cette étude est accusatoire. On réalise des analyses de résidus régulièrement. Leur étude montrera des pesticides, comme les nôtres, mais largement en dessous du seuil autorisé", explique Thomas Solans.

Une explication qui n'étonne pas Marie-Lys Bibeyran. "Il n'existe pas de limite maximum de résidus pour le vin. La seule limite qui existe concerne les taux prélevés au moment des vendanges. Ce taux est d'ailleurs particulièrement élevé : trois mille fois plus que celles imposées pour l'eau."
 
Le vice-président reproche aussi aux deux collectifs la faible ampleur de leur étude. "Avec 5000 €, on ne réalise que 20 analyses. Donc il va falloir choisir des vins récents, et puis de quel château ?", questionne-t-il. 

Le collectif devrait choisir des vins issus de l'agriculture raisonnée ou labellisée Terra Vitis. "Il s'agit de montrer que malgré les discours, ces vins contiennent de nombreux résidus", avance Marie-Lys Bibeyran.

Début février, les deux collectifs avaient déjà récoltés 1856 € de la part d'une soixantaine de donateurs.
 

Casser la filière ?


Promoteurs d'une viticulture biologique, les deux collectifs veulent ainsi "apporter une information vérifiée auprès du consommateur". Mais du côté des Jeunes Agriculteurs, cette action risque de tuer dans l'oeuf les actions des viticulteurs en ce sens. 

"Nous n'avons jamais autant fait d'efforts pour réduire les pesticides. Depuis l'année dernière, nous n'utilisons plus de produits cancérigènes, on va bientôt nous retirer le glyphosate. On a un taux de conversion au bio à deux chiffres. Si l'on veut casser ces efforts, c'est la meilleure manière", explique Thomas Solans.
 
Si la qualité du vin est en ligne de mire, le collectif  Info Médoc Pesticides veut aussi informer sur la santé des personnes résidants près des vignes.
"Il ne s'agit pas seulement de donner une information vérifée aux consommateurs. Nous voulons aussi alerter sur les dangers pour la santé des personnes qui subissent les pulvérisations de persiticides et ceux présents dans les sols", explique Marie-Lys Bibeyran.
 


Si pour l'instant aucun vin n'a été choisi, le vice-président met également en garde sur la sélection. "Il va falloir choisir des vins récents, pour que les résultats soient raccords avec les nouvelles approches de la filière."

La sélection est tenue secrète par les deux collectifs qui ne veulent pas influencer les résultats. Ces derniers devraient paraître au printemps prochain.

 
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