Plus de 1000 candidats à l'arrachage sanitaire des vignes à Bordeaux, "ce chiffre est considérable"

Pour faire face à la surproduction, le plan d’arrachage sanitaire dans le vignoble de Bordeaux a été lancé le 5 juin dernier avec l’ouverture d’une plateforme de pré-candidature en ligne jusqu’au 17 juillet inclus. Au lendemain de la phase de préinscription, plus de 1 000 dossiers ont été déposés, représentant l’équivalent de près de 9 300 hectares.

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Cette première phase visait à mesurer et identifier les besoins des exploitations en difficulté : diversification de production agricole, reconversion agricole ou cessation totale d’activité. "On savait que ce plan d'arrachage était nécessaire, mais ces chiffres sont considérables", selon Bernard Farges, vice-président du CIVB, le conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux.

Inquiétude sur l'avenir

André Faugère, viticulteur dans l'entre-deux-mers, a déposé un dossier d'arrachage pour 8,5 hectares de vigne classée en AOT, entre Cadillac et Targon. Sa production : 1800 hectolitres de vin rouge (merlot, cabernet franc, cabernet-sauvignon) dans une année normale. "Je travaille avec des négociants depuis vingt ans pour commercialiser à l'export vers l'Afrique et l'Angleterre, mais les ventes chutent. Et dans ce contexte de baisse de la consommation de vin, le vin rouge est plus touché que le vin blanc ou le rosé." 

Je n'ai aucune visibilité à court et moyen terme, alors je me suis décidé à arracher. Le mildiou n'a pas été le moteur de ma prise de décision. C'est vraiment le constat que les habitudes alimentaires ont changé et que les gens consomment moins de vin rouge. Et la bière prend des parts de marché.

André Faugère, viticulteur candidat à l'arrachage sanitaire en Gironde

Rédaction web - France 3 Aquitaine

Ce viticulteur âgé de 65 ans a pour objectif de donner la parcelle de vignes arrachées à son fils qui a un projet d'élevage de porcs en plein air. Le vigneron conserve encore 29 hectares de vignes, mais pour combien de temps encore ? Il s'interroge. Cette année, il a opté pour la distillation avec l'idée de renflouer sa trésorerie et baisser ses stocks, mais "cela ne suffira pas", selon lui. Une grande partie de ses vignes a été touchée par le mildiou, la récolte 2023 sera maigre...

"Un vrai besoin"

Face à la crise économique profonde, beaucoup d’exploitants du vignoble de Bordeaux, aux multiples profils se trouvent plongés dans des situations très difficiles et dans l’incapacité, matérielle et financière, de poursuivre l’entretien de leur vignoble. 

Plus de 1000 dossiers, ce sont plus de 1000 entreprises en difficulté qui ont traversé deux crises en moins de 24 mois d'intervalle depuis la Covid.  Les perspectives de consommation ne sont pas bonnes pour le vin de Bordeaux, alors comment continuer à produire ?

Bernard Farges, vice-président du CIVB

Rédaction web - France 3 Aquitaine

Plus de 1000 dossiers déposés pour une demande d'arrachage, c'est beaucoup, et 300 viticulteurs qui font part de leur intention de cesser leur activité viticole ou agricole, c'est beaucoup aussi.

Cela montre qu'il y a un vrai besoin de réduction des surfaces viticoles à Bordeaux et en France. Pour l'instant, Bordeaux est la seule région productrice de vins qui a lancé un plan d'arrachage. Il y a sans doute des besoins ailleurs.

Bernard Farges, vice-président du CIVB

France 3 Aquitaine

"Nous avons en France un vrai problème de déséquilibre entre la baisse des volumes commercialisés à l'export et les stocks qui augmentent. Ce problème est assumé à Bordeaux qui a été touché plus vite par la crise et plus durement que d'autres régions. Ce plan d'arrachage était indispensable", poursuit Bernard Farges.

Plutôt des viticulteurs âgés

Les demandes d’aides devront être confirmées définitivement entre mi-septembre et mi-octobre, auprès de la Direction départementale des territoires et de la mer de la Gironde (DDTM), sur une plateforme en
ligne. "Il va falloir demander des précisions aux viticulteurs sur leur souhait d'arrêter définitivement leur activité ou non. Globalement, les demandes d'arrachage concernent tous les territoires, mais surtout la rive droite", selon Olivier Roger, chef du service agriculture et forêt à la DDTM de Gironde, chargé d'instruire les dossiers d'arrachage.

Les demandes d'arrachage concernent surtout la rive droite, les Bordeaux et les Bordeaux supérieurs, l'Entre-deux-mers et les Côtes, plus que les vignobles prestigieux. Sur l'âge des candidats, c'est variable, mais ce sont davantage des tranches d'âge élevées, plutôt des gens proches de la retraire, ou bien aussi des gens qui souhaitent se diversifier, car le vin est devenu moins rentable.

Olivier Roger, chef de service agriculture et forêt DDTM

Rédaction web - France 3 Aquitaine

Deux options

Pour compenser les pertes des exploitations liées à l’arrachage sanitaire, le plan repose sur une enveloppe globale de 57 millions d’euros, soit : 38 millions d’euros, dont 30 millions déjà confirmés, financés par l’État et 19 millions d’euros financés par l’interprofession (CIVB).

Dans ce dispositif d'arrachage, les viticulteurs ont deux possibilités : soit opter pour le circuit financé par le CIVB afin de poursuivre leur activité, soit le circuit proposé par l'État, à savoir arracher et arrêter leur activité, et mettre en jachère durant 20 ans, ou reboiser les parcelles arrachées via le Label Bas Carbone notamment.

6000 euros par hectare arraché

Ce dispositif d'arrachage sanitaire tripartite (État, CIVB et Région Nouvelle-Aquitaine) vise à arracher jusqu’à 9 500 hectares aidés quel que soit le cas de figure, à hauteur de 6 000 € par hectare.

Ces premiers chiffres démontrent à la fois l’ampleur des difficultés pour un grand nombre d’exploitants, et la nécessité d’agir au plus vite pour leur venir en aide. La DDTM va procéder à l'analyse et la vérification des dossiers afin de connaître plus en détail l'âge des candidats et la situation géographique précise. Pour Jean-Louis Dubourg, président de la Chambre d'agriculture de la Gironde, "ce ne serait pas surprenant que le Médoc, le Blayais et l'entre-deux-mers soient très concernés, car ce sont des zones dans lesquelles il y a beaucoup de vignobles et de viticulteurs en difficultés".

L'âge des candidats est aussi important. "C'est un crève-cœur pour un vigneron d'arracher ses vignes, c'est une culture au long de toute une vie et souvent un héritage familial, il y a un sentiment de culpabilité". 

En parallèle, la Région Nouvelle Aquitaine contribue au dispositif, avec une enveloppe de dix millions d’euros consacrés à la reconversion agricole des terres après arrachage (financement d’une quote-part des investissements de diversification du viticulteur). Les fonds européens FEADER seront utilisés à cet effet. 

Calendrier du plan d'arrachage sanitaire

  • 5 juin au 17 juillet 2023 : pré-candidature via un formulaire en ligne sur le site de la préfecture
  • Mi-septembre 2023 : dépôt final de la demande d’arrachage.
  • Automne : arrachage des vignes éligibles
  • Fin 2023 : demandes de paiement et premiers versements.
  • Fin mars 2024 : Clôture des demandes au titre de la campagne 2023

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