Alors que les cas suspects se multiplient, les médecins généralistes déplorent l'impossibilité de faire dépister leurs patients. Les tests, trop peu nombreux, sont réservés aux cas graves et au personnel soignant. Difficile alors de faire appliquer strictement les consignes de prévention.
Alors que le professeur Didier Raoult à Marseille propose à qui le souhaite de faire un test de dépistage à l'hôpital de La Timone, la politique actuelle de santé publique n'encourage pas une telle pratique.
Du moins pas dans l'immédiat.
#coronavirus Dans un communiqué l'IHU de Marseille, centre référence Covid-19, confirme le dépistage "pour tous les malades fébriles qui viennent nous consulter" et de proposer, "au plus tôt de la maladie", le traitement à base de chloroquine.https://t.co/dtfDrZLF0f pic.twitter.com/Ry8HKpYHkY
— France 3 Provence (@France3Provence) March 22, 2020
Tests réservés aux personnes les plus à risque
"Les tests ne sont effectués que sur les personnes les plus fragiles présentant des symptômes et risquant de développer des complications, les personnes hospitalisées, les trois premières personnes présentant des symptômes dans les structures médico-sociales telles les Ehpad et sur les professionnels de santé suspectés d'être infectés" tient à préciser l'Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine.
Cette politique peut toutefois changer en fonction du nombre de tests disponibles et des nouvelles méthodes qui pourraient être validées.
"L'objectif pour l'instant est d'éviter la saturation et de libérer du personnel soignant pour le redéployer auprès des malades" explique l'ARS.
Pour l'heure, seuls les trois CHU de la région et certains laboratoires sont équipés pour faire les prélèvements et analyser les résultats.
Dans le doute, les gestes barrières moins scrupuleusement respectés
Les médecins généralistes sont confrontés à de plus en plus d'appels de personnes inquiètes. Elles se plaignent de fièvre, de maux de tête...Contaminées ou pas, elles ne seront pas testées si leurs symptômes ne s'aggravent pas.
"On les met en garde, on les maintien à domicile mais on ne peut pas leur confirmer si elles sont ou non porteuses du virus" déplore un médecin installé à Soulac-sur-mer, à la pointe du Médoc. "Et la conduite à tenir n'est pas la même si on est contaminé ou pas. Quand on le sait, on fait beaucoup plus attention à ne pas approcher d'autres personnes".
D'autant que le confinement strict préconisé par l'ARS est contraignant : un malade présumé (sauf en cas de difficultés respiratoires appeler le 15) doit s'isoler dans une pièce à part. Le logement doit être aéré trois fois par jour au minimum et les pièces partagées telles la salle de bain et les toilettes doivent être scrupuleusement désinfectées à l'eau et à la javel.
Il faut par ailleurs se tenir à une distance de 2 mètres de chaque personne, que chacun se lave les mains au moins six fois par jour...
Et ce n'est pas tout. Le virus persiste plusieurs heures sur les surfaces, celles-ci doivent donc être régulièrement désinfectées : téléphones, poignées de porte, clavier d'ordinateur, sols...sans oublier de laver draps et vêtements à 60° pendant 30 minutes minimum.
Un nombre de cas impossible à comptabiliser
Le dernier recensement publié par l'ARS Nouvelle-Aquitaine fait état de 593 cas confirmés de Covid-19. Mais le "nombre réel de personnes atteintes de coronavirus est supérieur" prévient-elle. "Les chiffres communiqués ne comprennent pas les cas non-testés de Covid-19 identifiés par la médecine de ville".
Il est donc impossible de connaître aujourd'hui l'ampleur de la contamination.
Raison de plus pour rester chez soi et appliquer strictement les gestes barrières.