A Bordeaux, Pau, Bayonne, ou Périgueux, des manifestations sont organisées pour dénoncer les idées de l'extrême droite, et ce, alors que Marine Le Pen est, pour la deuxième fois, au second tour de l'élection présidentielle. De leur côté, les élus basques organisent un vote symbolique, contre les idéaux véhiculés par le Rassemblement national.
Rendez-vous est donné ce jeudi à, 18 heures, à Bordeaux, Parvis des droits de l'Homme. Soit le 21 avril 2022, une date symbolique qui marque le vingtième anniversaire d'une soirée restée dans toutes les mémoires : l'accession de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle. Le président du Front national se trouvait alors face à Jacques Chirac (RPR), qui l'emporta haut la main avec plus de 82 % des voix.
"On ne recréera pas les mobilisations de 2002"
"Vingt ans après, on retrouve l'extrême droite au second tour pour la troisième fois", commente Pierre-Antoine Cazau, avocat au barreau de Bordeaux et président de la Ligue des droits de l'Homme en Gironde. La LDH, comme une vingtaine d'associations, dont le Collectif Bienvenue ! , la Clé des Ondes, Sos Racisme, le Planning familial de Gironde, où encore l'Union juive pour la Paix en Aquitaine seront présents à la manifestation de jeudi.
En 2002, après l'annonce de la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour, des manifestations monstres avaient eu lieu dans toute la France, rassemblant plus d'un million et demi de participants dans le pays. Des mobilisations, qui, selon des chercheurs de l'université libre de Bruxelles, avaient fait reculer le président du Front national dans les urnes.
S'il espère une forte mobilisation ce jeudi, et alors que de nombreuses manifestations se sont déjà tenues ce samedi dans plusieurs villes de France, Pierre-Antoine Cazau se veut lucide.
On ne recréera pas la mobilisation de 2002. On voit bien qu'il n'y a plus la même résistance face à l'extrême droite, et que la perméabilité à leurs idées est énorme.
Pierre Antoine CazauLDH Nouvelle-Aquitaine
"Pas une voix pour Le Pen"
Même si les sondages donnent Emmanuel Macron en tête au second tour, impossible, pour ces associations de sous-estimer le risque que les électeurs déçus de son dernier quinquennat ne se tournent vers Marine Le Pen. "Nous devons organiser cette manifestation, pour rappeler ce qu'est l'extrême droite, son projet et son programme, c'est-à-dire une menace pour les plus pauvres et les plus démunis, mais aussi pour la démocratie".
Une mobilisation qui n'est pas synonyme d'un appel au vote pour autant. "On comprend tout à fait que certains, après les cinq ans qu'on a passé, ne veuillent pas donner leur voix à Emmanuel Macron. Mais le mot d'ordre c'est : pas une voix pour Le Pen", rappelle le président de la LDH en Gironde.
En effet, parmi les associations participantes, certaines, comme la LDH, appellent ouvertement à voter Emmanuel Macron pour contrer Marine Le Pen, quand d'autres incitent plutôt au vote blanc ou à l'abstention.
Manifestations en Aquitaine
Des rassemblements similaires sont prévus à Pau et Bayonne, également le 21 avril à compter de 18 heures. A Pau, le rendez-vous est donné place du marché Laherrère, et à Bayonne, il se tient place de la Liberté.
A Périgueux, l'appel à manifester est lancé par le PS départemental pour ce mardi 19 avril, place André Maurois.
Vote symbolique au Pays basque
Autre initiative, menée par des élus du Pays basque cette fois. A Bayonne, ce mercredi aura lieu un grand vote symbolique place de la Liberté, au théâtre de Bayonne. Un vote auquel sont conviés les élus basques de tous bords, qui glisseront dans l'urne des bulletins de leur choix : "Oui à la primauté de nos libertés fondamentales", "Non à toutes les formes de discriminations" "Oui à une Europe solidaire, puissante et résiliente", "Non à un repli identitaire de la France"...
"C'est la première fois que le Rassemblement national arrive au second tour avec un tel score et des intentions de vote aussi hautes. Nous ne pouvons pas voir arriver ce second tour sans envisager le risque que notre pays ne bascule dans un régime, dont les valeurs sont contraires à celles qui nous ont fait nous engager en politique", explique Jean-René Etchegaray, maire UDI de Bayonne et président de la Communauté d'agglomération du Pays basque.
On ne veut pas fustiger les électeurs qui ont choisi l'extrême droite, mais bien les idées et les idéaux véhiculés par cette formation politique.
Jean-René Etchegaray, maire de BayonneSource : France 3 Aquitaine
"Ne banalisons pas les instants que nous vivons !"
Le président de la Communauté d'agglomération du Pays basque a écrit à l'ensemble des maires du Pays basque pour les inviter à se rendre au rassemblement. "Le 24 avril prochain, au-delà de nos appartenances partisanes ou de nos convictions politiques, il nous appartient de dire quelles limites nous ne voulons pas franchir. (...) Ne banalisons pas les instants que nous vivons ! ", rappelle la missive.
Selon Jean-René Etchegaray, déjà près de 150 élus locaux et parlementaires se sont engagés à être présents ce mercredi.