À Bordeaux, ce couple d'artisans-boulangers tire la sonnette d'alarme. Étranglés par la montée des prix de l'énergie, ils craignent de devoir fermer boutique, et de voir tous leurs efforts réduits à néant.
Sur la vitrine de cette boulangerie bordelaise, les propriétaires ont scotché une affiche inhabituelle. Un avis de décès : "Les boulangers-pâtissiers français ont la douleur de vous faire part du décès imminent de leur profession suite à une longue agonie", peut-on lire sur la feuille A4.
La hausse du prix de l'énergie frappe de plein fouet les boulangers. Et certains ne savent pas s'ils s'en sortiront. Ces artisans bordelais ont été informés par leur fournisseur d'électricité des nouveaux tarifs en vigueur à partir du 1 janvier 2023. Sur la facture, les prix ont été multipliés par quatre.
Fermer boutique après les fêtes
"On a reçu ça la facture la semaine dernière, et depuis on travaille avec la boule au ventre, la trouille...", la voix de Nathalie Lazaro se brise dans un sanglot. "Pardon... c'est notre bébé quand même l'entreprise", reprend la boulangère.
Si l'Etat ne fait rien, au moins de janvier, après les fêtes, on ferme. Parce que c'est pas possible de payer pratiquement 5000€ d'électricité par mois.
Nathalie Lazaro, boulangèreFrance 3 Aquitaine
Le couple de boulangers a fait ses calculs : le kilowattheure passera pour eux de 13 € à 57 €, soit 400 % d'augmentation à partir de cet hiver. Même en allumant seulement un four sur les quatre, les économies seront insuffisantes.
La tradition à 1,50 euro
Ils craignent que les aides de l'État ne soient pas à la hauteur. "S'ils nous aident de 500 ou 1000 euros par mois, ça ne suffira pas. Je ne sais pas quelles aides ils vont nous fournir", s'interroge Bruno Lazaro.
Face à cette incertitude, le couple a pensé à une autre possibilité : augmenter le prix du pain. "J'ai calculé, il faudrait que je passe ma tradition à 1€50, et encore, je n'arrive même pas dans mes frais", soupire l'artisan. Certains prévoient déjà une baguette à 2 €. En cause, ni le boulanger, ni le meunier, ni le blé, mais l'électricité.
Une nouvelle d'autant plus difficile à avaler pour ces deux boulangers, qui ont dédié sept ans de leur vie à leur commerce.
Je suis vraiment abattu, parce que je me dis qu'on va tout perdre : notre affaire, notre fonds de commerce. On a travaillé comme des fous pendant sept ans, à faire des heures et des heures...
Bruno Lazaro, boulangerFrance 3 Aquitaine
Ce fonds de commerce, c'est aussi leur retraite. "Pour une augmentation électrique qu'on ne comprend pas, tout tombe à l'eau. Il va y avoir des drames là, c'est sûr", prévient le boulanger. En Gironde, plus de 630 boulangeries artisanales sont concernées.