Dix châteaux viticoles, appartenant au groupe chinois Haichang, ont été saisis cette année pour des infractions dans les montages financiers ayant permis leur acquisition, indique la police judiciaire de Bordeaux.
L'affaire a commencé en 2014, lorsqu'une commandante de police a été alertée par la lecture d'un article de presse publié par Sud-Ouest portant sur un rapport de la Cour des Comptes chinoise.
Selon ce rapport, le groupe Haichang aurait détourné des fonds publics pour acquérir des châteaux viticoles dans le Bordelais.
Une enquête a été donc ouverte, menée par la police judiciaire avec l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) sur les 24 châteaux du groupe Haichang. Sur ces 24 châteaux, dix ont été saisis en avril 2018 à titre conservatoire. Une mesure qui ne devrait pas faire cesser l'activité viticole des exploitations.
Un mode d'acquisition illicite ?
"Pour dix châteaux, on a découvert un certain nombre d'infractions fiscales : blanchiment de fraudes fiscales, faux, usages de faux, etc. On a saisi durant le 2e trimestre 2018 ceux pour lesquels le mode d'acquisition était illicite", a indiqué la police judiciaire. Ces infractions ont été commises en France, a-t-on souligné de même source.
Les enquêteurs ont notamment découvert des opérations entre des sociétés offshore basées aux Iles Vierges britanniques, et des sociétés de droit français qui n'étaient pas liées, ainsi qu'un prêt de 30 millions d'euros de la banque chinoise ICBC à Paris accordé à partir de faux actes notariés.
Pour établir ces faux actes, l'identité d'un notaire bordelais a semble-t-il été usurpée. Ce dernier a porté plainte.
À Bordeaux, deux notaires, deux commissaires aux comptes et un expert-comptable auraient permis la réalisation des acquisitions sans vérifier l'origine des fonds.
Le chinois Naije Qu, 56 ans, qui dirige le groupe Haichang, est originaire de Dalian, dans le nord-est de la Chine, où a été organisé en 2012 une fête du vin avec la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux.
"On a fait appel de l'ordonnance de saisie qui n'est qu'une saisie empêchant de vendre et qui n'indique aucune culpabilité", a déclaré à l'AFP Maxime Delhomme, avocat parisien du groupe Haichang.
Le dossier a été transmis au parquet national financier à Paris.