La procédure est lancée. Le stade Chaban-Delmas pourrait bientôt être inscrit aux Monuments historiques. Mais à une condition, édictée par le maire de Bordeaux : que le toit du stade soit équipé de panneaux photovoltaïques.
C’est une première étape de franchie. Réunie jeudi 19 mai, la commission régionale du patrimoine s’est prononcée en faveur de l’inscription du stade Chaban-Delmas au registre des Monuments historiques.
► Reportage de T. Grouhel et O. Prax
La mesure concerne d’une part l’infrastructure du stade, mais également les infrastructures sportives de domaine Lescure, qui jouxtent le stade.
“La protection est une décision pour reconnaître un intérêt architectural, qui concerne tout le monde”, précise Adeline Rabaté, conservatrice régionale des monuments historiques.
Emblème Art Déco bordelais
Le stade Chaban-Delmas, alors parc Lescure, sort de terre en 1933, sous l’égide d’Adrien Marquet alors maire de Bordeaux. L’édifice conçu par Raoul Jourde et Jacques d’Welles ne dénote pas des autres bâtiments de l’époque : un style Art Déco que les bordelais retrouvent à la Bourse du Travail ou encore à la piscine Judaïque.
Il sera inauguré en 1938 lors de la finale de Coupe du monde de football. Il accueillera ensuite des arrivées du tour de France, d’innombrables matchs des Girondins et de l’UBB, et même du hockey sur gazon et de la boxe.
En 1986, le stade se fera un lifting, orchestré par Guy Dupuis puis Michel Moga en 1998. La piste de cyclisme disparaît alors. Ce n’est qu’en 2001 qu’il reçoit le nom de Chaban-Delmas, en hommage à l’ancien maire de Bordeaux.
Combat vieux de 12 ans
La demande d'inscription ne date pas d’hier. Déjà, en 2010, lorsqu’Alain Juppé avait proposé de transformer le stade en zone de commerces et de résidence, un collectif d’habitants s’était créé pour faire opposition. “Je m’étais battu à l’époque contre ce projet de destruction partielle du stade. À l’époque, cet outil d’inscription nous avait manqué”, se souvient Pierre Hurmic.
► Notre reportage en 2016, sur la mobilisation autour du projet de transformation
Le projet a fini par être abandonné six ans plus tard, mais la mobilisation a perduré.
Pour que son inscription soit effective, il faut encore que la préfecture donne son accord. Elle se base pour cela sur le compte-rendu de la commission, composée d’architectes, d’élus, mais aussi d’associations. “En général, la préfecture prend en compte l’avis rendu par la commission. Et avant de rendre cet avis, nous avons eu de nombreuses réunions avec la mairie et les services de l’Etat. Ils étaient alors d’accord”, assure Adeline Rabaté.
Des panneaux sur le toit
Si la procédure ne devrait pas rencontrer d’accroc majeur, le maire de la ville, propriétaire du stade, a ajouté une condition à son inscription : l’ensemble des toits de l’infrastructure sportive devra être recouvert de panneaux photovoltaïques. “Il ne faut pas que la protection soit incompatible avec l’obligation de multiplier les sources d’énergie renouvelable”, explique Pierre Hurmic.
Il faudrait multiplier par dix ce que nous avons actuellement. Je veux donc que tous les bâtiments municipaux soient équipés de panneaux photovoltaïques.
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux (EELV)
Contrairement au classement en monument historique, l’inscription possède une réglementation plus souple. “Les monuments historiques ne sont pas figés à un moment donné et peuvent évoluer. Seule contrainte, il ne faut pas qu’un des éléments principaux caractéristiques soit modifié”, précise la conservatrice régionale des monuments historiques.
Un critère qui ne devrait pas faire obstacle au maire écologiste de Bordeaux. Le verdict de la préfecture est attendu dans quelques mois.