Tabac : les fumeuses sont de plus en plus nombreuses depuis la Covid-19

Le tabac est loin d’être éradiqué. Ce mardi 13 décembre, Santé Publique France annonçait un regain de la consommation de cigarettes en 2021. Un phénomène qui concerne particulièrement les femmes.

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Dans les rues de Bordeaux, la cigarette ne se cache pas. Au bout des doigts, elle est le quotidien d’un tiers des français selon le baromètre de Santé Publique France. Un réflexe qui a augmenté en 2021, notamment chez les femmes. 23 % des Françaises fument quotidiennement, contre 20,7 %, un an auparavant.

12,7 cigarettes par jour

Croisées au détour d’une rue, les fumeuses avouent consommer en moyenne une dizaine de cigarettes par jour. La moyenne nationale s’établit elle, à 12, 7 cigarettes. Et les raisons pour allumer les cigarettes sont nombreuses. “Je fume un peu plus quand je suis en soirée, ou quand j’ai un apéro”, nous confie l’une d’entre elle.

Mais pour beaucoup, c’est le stress qui pousse à allumer le petit bâton incandescent. Le stress et l’habitude. Une Bordelaise confie fumer depuis “40 ans”.

J’ai arrêté trois fois pour mes grossesses, mais j’ai repris à chaque fois et maintenant, je crois qu’il est un peu trop tard.

une Bordelaise

Souvent débutée à l’adolescence, la cigarette est pourtant devenue le combat de 30 % des fumeurs qui ont tenté d’arrêter cette année. Programme national, mois sans tabac, consultations dans des centres dédiés, les moyens sont multiples et pourtant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous.

“Seule, ça ne marchait pas. Me dire d’arrêter ne suffisait pas. Le manque était là et je replongeais”, confie Anne-Marie Bordenave, une ancienne fumeuse.

"S'en sortir seul, ce n'est pas possible"

Son déclic, il est arrivé il y a trois ans. “Je sortais d’une bronchite qui m’avait mise à terre. Je devais me faire opérer de ma hanche et mon médecin m’a dit qu’il n’autoriserait l’intervention que si j’arrêtais”, explique Anne-Marie Bordenave.

Hypnose, psychologue, la septuagénaire multiplie les outils pour ne pas céder à l’envie d’une cigarette. “Ça me fait du bien de leur dire que parfois, parce que des gens autour de moi fument, j’ai envie de les accompagner”, lâche-t-elle dans un sourire.

Dans ce cabinet, internes et addictologues reçoivent une cinquantaine de patients addicts à la cigarette, en majorité des femmes.

Il y a cette idée, plus répandue chez les hommes que comme on a commencé seul, on doit s’en sortir seul, mais ce n’est pas possible.

Géraldine Vandersnickt, médecin addictologue

Pour le médecin, il faut contourner “un court-circuit du cerveau” en proposant des “boîtes à outils” pour “retrouver des moments à soi” sans que ces derniers ne soient liés à la cigarette.

Car le parcours est long, et tortueux. “C’est terrible, vous êtes possédée. L’addiction, c’est une bête qui se cramponne à vous”, résume Anne-Marie Bordenave.

Elle se souvient des moments de manque, “à s’en taper la tête contre les murs”. Mais aujourd’hui, elle se focalise sur le positif. “Je suis fière de ce que j’ai accompli et aujourd’hui je suis rassurée quant à ma santé”, sourit l'ancienne fumeuse. Un soulagement que la septuagénaire ressent jusque dans son porte-monnaie.

Impact de la pandémie

En 2021, les hommes continuent de fumer plus que les femmes (34,7 % contre 29,2 %). Mais si la progression est la plus visible sur les femmes, c’est du côté du stress qu’il faut se pencher, et particulièrement pendant la pandémie. 

“L’enquête Coconel a montré qu’elles ont plus souvent perdu leur emploi, connu une dégradation de leurs conditions de travail, et pour les femmes télétravaillant, une présence plus fréquente des enfants dans la même pièce”, précise Santé Publique France dans son étude.

Autre élément, le niveau d’étude qui montre une véritable inégalité face au tabagisme. 32 % des personnes sans diplômes fumaient en 2021. Ils n’étaient que 17,1 % chez les détenteurs d’un bac ou d’un diplôme supérieur.

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