Trente quatre vignerons de la rive droite de Bordeaux sont réunis au sein du groupement Vignobles Gabriel and Co qui a mis en place un système équitable de rémunération et de production de vin pour les producteurs et les consommateurs. Le premier du genre en France.
"Le point de départ du collectif, c'était l'entraide entre trois quatre vignerons puis on a élargi nos objectifs pour mettre en place un autre de système de rémunération et de vente" explique Jean-François Réaud viticulteur à Saint-Aubin-de-Blaye et fondateur du collectif Vignobles Gabriel and Co.
C'est quoi le vin équitable ?
Le vin de Bordeaux est basé sur un système de production qui met en avant une appellation (Saint-Emilion, Pessac-Léognan, Blaye, Côte de Bourg, etc) et dont le négoce se fait en fonction des cours de ces appellations.
Le choix du collectif est différent car il propose la promotion du vigneron de manière individuel pour mettre en avant son travail, son vin ou son terroir. "Un peu comme en Bourgogne", précise Gérard Margeon, chef sommelier du groupe du chef étoilé Alain Ducasse, qui s'est déplacé en Gironde pour participer à une dégustation des vins des membres du collectif.
Pour sortir du système traditionnel du vin de Bordeaux, le collectif rémunère le vigneron en fonction de ses coûts de production et son appellation, et rajoute 10 % à ce prix. Les rémunérations vont de 1400 à 6000 euros par mois.
"Ce système est plus juste pour le vigneron qui peut vivre dignement de son travail et payer ses salariés correctement. Quand on dit vin de Bordeaux, on pense aux grands châteaux et aux grands propriétaires, mais il y a aussi une majorité de petits producteurs qui ne roulent pas sur l'or et ont envie de valoriser leur vin dans des appellations moins connues et prestigieuses et vivre de leur travail", explique Jean-François Réaud qui ne veut pas dépendre du négoce classique.
"Ce système est unique à Bordeaux et c'est une petite révolution dans le monde du vignoble bordelais", selon Jean-François Réaud. L'envie aussi de mettre en avant des terroirs de la rive droite du vignoble bordelais comme les Côtes de Bourg et Blaye.
Juste prix
"Notre fonctionnement est une garantie aussi pour les consommateurs d'avoir un vin de qualité et produit dans la plus grande transparence", rajoute Pauline Réaud qui s'occupe de la communication du collectif.
Le collectif compte aujourd'hui 34 vignerons qui produisent du vin de Bordeaux sur la rive droite de la Garonne en Gironde.
"Nous sommes rémunérés au juste prix et de manière équitable, c'est bien pour nous et pour le consommateur qui va payer un peu plus cher la bouteille, mais qui aura de la qualité dans le verre, c'est pour cela que l'on fait ce métier", estime Nicole Tapon, viticultrice en bio à Saint-Emilion qui a rejoint le collectif en 2021.
"En plus le collectif se charge de la commercialisation donc je peux passer plus de temps dans mes vignes". Nicole Tapon est propriétaire du Château Raymond Tapon. Ses vignes sont situées sur une appellation très réputée qu'est Saint-Emilion. Elle rejoint ce collectif qui promeut des valeurs qui lui sont chères d'entraide et de préservation des terres et de la biodiversité. Sa famille a toujours produit un vin naturel sans utilisation de produits phytosanitaires ni pesticides.
Vincent Bousseau est un jeune vigneron installé sur des terres familiales également à Saint-Laurent d'Arce, en appellation Côte de Bourg. Lui aussi a rejoint le collectif récemment. "Pour moi qui vient juste de me lancer c'est un soutien financier primordial, cela me donne de la sécurité et de la visibilité".
Le collectif commercialise une partie de sa production et va également financer la plantation de haies autour de ses vignes pour les protéger du vent et favoriser la biodiversité.
Un vin labélisé Ecocert Fair for life
En 2020, le collectif bordelais a obtenu le label Ecocert Fair for life pour son engagement dans le commerce équitable de vin éthique, le seul collectif de vignerons a avoir ce label en France.
"Dans le crade du label, nous nous sommes engagés à investir 1% des nos profits dans la protection de l'environnement et le développement de l'agriculture biologique. Ainsi, on peut financer la plantation de haies ou l'achat de matériel pour la viticulture biologique", selon Jean-François Réaud.
Ainsi 50% de membres du collectifs sont en agriculture biologiques et/ou en biodynamique, et cinq vigneron sont conversion.
Ave le collectif, nous atteindrons l'objectif de zéro glyphosate en 2023
Jean-François Réaud, viticulteur Vignobles Gabriel and CoFrance 3 Aquitaine
Mutualisation des moyens
A Saint-Aubin-de-Blaye, le collectif entrepose son matériel agricole qui est mutualisé comme des valisettes anti-grêle. "L'avantage de mettre en commun est économique et aussi humain. On s'entraide, on teste aussi des nouvelles méthodes, l'union c'est primordial pour s'en sortir aujourd'hui", selon Henri Lardière viticulteur château Subilaux en conversion bio et membre du collectif depuis plusieurs années.
Le collectif Vignobles Gabriel and Co a son siège à Saint-Aubin-de-Blaye. Avec ses 34 membres, le groupement commercialise six millions de bouteilles de vin de Bordeaux. L'objectif est de vendre dans le circuit traditionnel des cavistes et des restaurateurs.
Voir notre reportage sur le collectif de vignerons bordelais►