Une enquête internationale a permis d’infiltrer des groupes pédocriminels sur Telegram, mettant au jour des milliers d’images et vidéos d’abus sur mineurs échangées à travers le monde. À Bordeaux, un homme de 63 ans a été placé en garde à vue pour détention d'images à caractère pédopornographique.
C'est une opération d'envergure qui permet de lever le voile sur l'ampleur de la pédocriminalité en France. Selon un communiqué de presse diffusé par le parquet de Bordeaux ce vendredi 15 novembre, une enquête internationale dirigée par l’Office des mineurs (OFMIN) a permis de démanteler des groupes de discussion sur la messagerie Telegram, mettant en lumière une communauté pédocriminelle active à travers le monde.
Cette opération d’infiltration, menée pendant plusieurs mois, a révélé l’existence de près de 10 000 individus impliqués dans 50 pays, échangeant des contenus illégaux et produisant pour certains des vidéos documentant leurs abus.
Un homme interpellé à Bordeaux
Plus de 70 000 messages et 23 000 images et vidéos à caractère pédocriminel, échangés dans plusieurs groupes, ont été découverts au cours des investigations. Certains, particulièrement restreints, étaient réservés à des membres se définissant comme "producteurs" de contenus d’abus sexuels sur des mineurs, souvent issus de leur propre entourage. Le 12 novembre, une série d'arrestations a été effectuée en France. Parmi elles, l'interpellation à Bordeaux, d'un homme, âgé de 63 ans. Selon les informations du parquet, celui-ci a été placé en garde à vue pour plusieurs chefs d'accusation, dont la "détention, l'importation et la mise à disposition d’images à caractère pédopornographique" et "la consultation habituelle de contenus pédopornographiques en ligne".
Le mis en cause a reconnu les faits, indique le parquet. Toutefois, bien qu’accusé dans un premier temps de viol sur mineur de moins de 15 ans, cette charge a été abandonnée après expertise. "L’homme s’était manifestement vanté en ligne de faits qu’il n’avait pas commis", précise la procureure Frédérique Porterie. Après son défèrement au tribunal judiciaire de Bordeaux, le suspect a été placé sous contrôle judiciaire strict par le juge des libertés et de la détention. Il comparaîtra en avril 2025. "L’expertise psychiatrique diligentée par le parquet exclut toute abolition ou altération de son discernement", précise le communiqué.
#LeSaviezVous ☝️🧐 Il existe un Centre de lutte contre les criminalités numériques (#C3N).
— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) January 25, 2020
Cette unité d’investigations de la #GendarmerieNationale est spécialisée en #Cybercriminalité 💻🕵️♂️📱
📺 #Interview du Lcl Fabienne Lopez, chef du C3N ⤵️#Cybersécurité #experts pic.twitter.com/keZsoGFxtC
Un phénomène tentaculaire
La progression de cette enquête a été facilitée par l’interpellation du PDG de Telegram, Pavel Durov, qui a permis aux enquêteurs de cibler des suspects prioritaires en France et dans d’autres pays. Par cette première phase d'investigation, l'ampleur et le fonctionnement de la pédocriminalité en ligne sont mis en lumière.
Le procureur de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie, rappelle que "la mise en contact entre pédocriminels se fait en quelques secondes sur les plateformes et les réseaux sociaux." Cette première phase d’investigation met en lumière l’ampleur et le fonctionnement de la pédocriminalité en ligne. Contrairement à une organisation criminelle structurée, les échanges s’effectuent de manière opportuniste, souvent motivés par la possession de contenus inédits produits par les abuseurs eux-mêmes.