Vendredi 3 mai, un jeune Bordelais est mort, tué à l'arme blanche, en pleine journée, place Ginette Neveu dans le quartier des Aubiers. Au lendemain du drame, les riverains font part de leur effroi face au drame, mais aussi de leur lassitude quant aux faits de violence et d'insécurité.
Les circonstances du drame ne sont pas encore connues même si la piste du règlement de comptes sur fonds de trafic de drogue est pour le moment privilégiée. Vendredi 3 mai, peu avant midi, un jeune homme de 18 ans a été agressé par arme blanche dans le quartier des Aubiers, à Bordeaux. En insuffisance cardiaque à l'arrivée des pompiers, le jeune homme, né en 2005, a été déclaré mort peu après. La police s'est rapidement rendue sur place pour sécuriser les lieux et rétablir le calme après les nombreuses échauffourées suite à la mort du jeune homme.
L'autopsie, réalisée dans l'après-midi de vendredi, fait état "d'une plaie létale unique au niveau du flanc gauche ayant perforé le cœur et le poumon", une enquête pour homicide volontaire a été ouverte. Les investigations se poursuivent, et l'auteur des faits est, pour l'heure, toujours activement recherché.
"Tout le temps des bagarres, du bruit"
Ce samedi matin aux Aubiers ressemble à n'importe quel samedi matin pluvieux sur Bordeaux et peu de gens souhaitent témoigner de l'ambiance particulière dans le quartier. "Rien à dire de particulier", estime un habitant, qui habite ici depuis seize ans. Croisée près de la place Ginette Neveu, où s'est déroulé le drame, une mère de famille fait, elle, part de son exaspération. "J'en ai marre" dit-elle, désabusée par ce qu'elle vit au quotidien, de jour comme de nuit : "tout le temps des bagarres, du bruit ! Toutes les nuits, on ne dort pas". Elle vit ici depuis 2012. Elle assure que "c'est toujours comme ça. Ça a même été pire", poursuit-elle.
Sentiment d'insécurité
Vincent Maurin, le maire-adjoint des quartiers Aubiers, Bacalan et Bordeaux Maritime s'était rendu dès vendredi soir sur place auprès de Pierre Hurmic. Le maire de Bordeaux avait rapidement exprimé son "effroi" sur le réseau social X.
⚫️ 1/2 J’ai appris avec effroi la mort violente d’un jeune homme de 18 ans dans le quartier des Aubiers. Je partage l’émotion et l’effroi des habitants de ce quartier et de tous les Bordelais, choqués par la brutalité de cet homicide.
— Pierre HURMIC (@PierreHurmic) May 3, 2024
"Toutes les réactions que j'ai depuis hier sont des réactions d'effroi, de peine, parfois d'incompréhension", confirme Vincent Maurin.
L'auteur des faits serait "déjà connu des services de police", et la piste de la rixe, sur fonds de trafic de drogue est privilégiée, selon la Direction départementale de la sûreté publique. "Il y a un sentiment d'insécurité qui est réel. Il y a effectivement des points de deal assez ostensibles en entrée de cité, note le maire adjoint. Quant aux passages à l'acte ou faits de violence, heureusement, il n'y en a pas dans la vie quotidienne, ou de façon très exceptionnelle. En tout cas, pas plus que dans d'autres quartiers". Il souhaite, à ce stade de l'enquête, rester prudent quant aux causes de la mort de ce jeune.
Un quartier en plein renouvellement
Ce drame intervient dans un contexte pourtant de renouvellement du quartier avec, parfois, une lassitude des riverains concernant les travaux "qui impactent la circulation, changent les habitudes", reconnait Vincent Maurin. Ce chantier permanent "concourt au sentiment de quelque chose qui n'est pas abouti", pouvant laisser penser aux habitants qu'il n'y a "pas de réalisations concrètes" si ce n'est l'ouverture de la nouvelle école qui devrait être inaugurée le 28 mai prochain par la mairie et l'académie.
Ce drame vient entacher cette belle réalisation, qui donne un nouveau souffle au quartier.
Vincent MaurinMaire adjoint de Bordeaux
En tant que maire du quartier, il reste, dit-il, mobilisé sur les projets en cours qui devraient contribuer à développer positivement la vie des habitants des Aubiers. "On reste déterminés à offrir à la jeunesse de notre quartier le meilleur, sur les questions éducatives et d'accès à l'emploi, aux loisirs, à la culture, au sport".
Le centre d'animation ouvert ce week-end
Un événement programmé ce week-end a dû être annulé. Depuis 2016, "l'Aloha de printemps" est un rendez-vous pour accueillir les nouveaux habitants, avec une vingtaine de stands présentant les associations.
Pour autant, la mairie de Bordeaux a souhaité maintenir une présence humaine et conviviale sur le centre d'animation, dès vendredi soir, qui restera ouvert tout le week-end, pour permettre "aux jeunes comme aux adultes d'avoir un lieu pour échanger et discuter avec des adultes encadrants d'associations du quartier".
Exceptionnellement, ces professionnels du centre d'animation, de la prévention spécialisée comme les médiateurs seront présents dans une attitude "bienveillante et conviviale". Pour Vincent Maurin qui passera dans la journée, il n'est pas question que les habitants des Aubiers éprouvent un "sentiment d'abandon ou de délaissement".