Placé en garde à vue la veille dans les locaux du commissariat de Bordeaux, un homme a été déferré devant la Justice ce matin du 4 avril pour passer en comparution immédiate dans l'après-midi. Il aurait renversé un sapeur-pompier dans la nuit du 31 mars au 1er avril, avant de prendre la fuite.
L’image postée sur les réseaux sociaux a suscité beaucoup d’émotion. On y voit un pompier, demander à un automobiliste de patienter, le temps que ses collègues déploient des moyens pour lutter contre un feu de poubelles. L’intervention se passe pendant la nuit du vendredi 30 mars au samedi 1er avril, route de Toulouse à Bordeaux.
Le chauffard, alors à l’arrêt, ne respecte pas la consigne, appuie sur l’accélérateur, démarre brusquement, percute la victime et la projette sur le bas-côté de la route avant de prendre la fuite.
"Visiblement ce monsieur était pressé, a entamé la marche avant et a manqué d'écraser notre collègue. Fort heureusement, c'est un officier très expérimenté qui a eu le réflexe de s'écarter au plus vite", indique le Commandant Matthieu Jomain, chef du service Communication-Protocole du SDIS33. Le sapeur-pompier, âgé de 63 ans, a été légèrement blessé, à la jambe et à la cheville. Très choqué, il a déposé plainte ainsi que le Service Départemental d'Incendie et de Secours de la Gironde.
Comparution immédiate ce 4 avril
Ce n'est pas le propriétaire du véhicule, une grosse berline noire, qui était au volant, mais un ami à qui il avait prêté son véhicule. Celui-ci a pu être retrouvé grâce à la plaque d'immatriculation.
Se sachant recherché, le chauffard, âgé d'une quarantaine d'années, s'est présenté de lui-même au commissariat. Il est inconnu des services de justice.
Déferré ce matin du 4 avril à l'issue de sa garde à vue, le mis en cause passera en comparution immédiate dans l'après-midi à partir de 14 heures.
Colère et indignation
La scène a été filmée par un témoin. Le président du conseil départemental, Jean-Luc Gleyze, a partagé la vidéo sur sa page Facebook.
Pourtant, le pompier ne lui demandait que de patienter pour respecter la mise en place d’un dispositif de lutte en cours d’installation"
Jean-Luc Gleyze, Président du conseil départemental GirondePost Facebook
"Il y en a assez des incivilités et des agressions à l’égard des pompiers, dont la mission est tout simplement de sauver les personnes et les biens " écrit-il. De son côté, le préfet de Gironde a condamné "un acte intolérable et apporte son soutien à l'ensemble des pompiers qui interviennent chaque jour pour secourir les personnes victimes d'accidents".
Des agressions en hausse
Ces dernières années, les incivilités et les agressions dont sont victimes les services de secours se multiplient. "Encore une fois, analyse le Commandant Jomain, notre métier consiste à protéger les biens, les personnes, l'environnement et en aucun cas, se retrouver dans de telles situations à cause de la bêtise et d'intentions malveillantes. C'est malheureusement le reflet d'une société qui évolue."
C’est une fois de plus, une fois trop ! Lorsque vous intervenez, vous êtes prêts à faire face à un certain nombre de choses, mais pas à un véhicule qui vous fonce dessus.
David Brunner, Président Union Départementale des Sapeurs-Pompiers de la Girondeà France3 Aquitaine
Selon les pompiers, 117 actes d'incivilités ont été enregistrés en 2022 en Gironde et ont généré 57 dépôts de plaintes. Depuis janvier 2023, vingt-cinq actes d'incivilités ont été constatés et sept plaintes enregistrées.
"Notre rapport avec l'usager a évolué. Nous devons prendre en compte cette considération, ce qui se fait déjà depuis un certain nombre d'années. Du crachat aux coups, tout acte est déclaré. Mais il est vrai qu'en plus de la dangerosité de certaines de nos missions, il faut en plus veiller à assurer sa propre sécurité pour pallier ces actes inqualifiables" détaille le Commandant Matthieu Jomain.
"On ne s'engage pas pour prendre des coups"
Régulièrement, les agents sont amenés à suivre des formations pour appréhender le mieux possible les situations d'agressions. David Brunner, préside l'Union Départementale des Sapeurs-Pompiers de la Gironde. "Aujourd’hui, on est aussi équipés de caméras piétons, cela permet, dans des situations complexes, de faire redescendre la pression. Pour autant, nous sommes de plus en plus face à des comportements qui ne respectent pas l’autorité ou la contrainte. Certains, dans notre société, ne l’acceptent plus", déplore-t-il.
Ces agressions et ces incivilités participent un peu plus à la crise de vocation chez les soldats du feu. C'est ce que redoute David Brunner. "Cela érode aussi les volontés de s’engager, que ce soit chez les professionnels ou chez les pompiers volontaires. On ne s’engage pas pour se prendre des coups, pour se faire renverser sur la route par quelqu’un qui ne prend pas garde aux gens qui travaillent".