Dans un courrier envoyé aux étudiants, le président de l'Université de Bordeaux dit avoir demandé le renforcement des rondes de nuit autour de la station de tram Doyen Brus à Pessac. Là même où une étudiante a été victime d'un viol fin novembre.
"Ne laissez personne rentrer seul", "empruntez les chemins éclairés", "évitez systématiquement les raccourcis à travers les espaces verts ou les bois la nuit", "tapez à l'avance le 17 sur votre portable pour lancer rapidement un appel en cas de difficulté"...
Voilà le genre de consignes qu'a fait passer à ses étudiants Manuel Tunon de Lara, le Président de l'Université de Bordeaux.
Le courrier, datant du 7 décembre dernier, fait suite au viol d'une jeune fille, entraînée de force à la sortie de l'arrêt de tramway Doyen Bru à Pessac, un soir de la semaine du 26 novembre.
Fort sentiment d'insécurité
Dans cette zone éloignée de la vie bordelaise, sont implantées les facs de droit, d'économie, l'IUT de Gradignan, le Staps ainsi que plusieurs écoles d'ingénieur et de commerce.
Autour de 20 000 étudiants y gravitent chaque jour. Certains sont même logés sur place dans les nombreuses résidences universitaires construites dans le secteur.
Le site, désert en soirée, génère un fort sentiment d'insécurité, chez les filles particulièrement.
"En plus en ce moment, il y a des travaux" nous explique une étudiante, "on est obligé de se garer loin et de marcher, avec le risque d'agressions en chemin, d'autant qu'il fait nuit le matin au début des cours et le soir à la sortie". Depuis la rentrée, plusieurs voitures ont été vandalisées dans ce secteur.
Après l'agression de fin novembre, le deuxième viol en deux mois selon cette étudiante, le Président de l'Université a demandé "une augmentation des rondes nocturnes". Il précise que "le service sécurité incendie de l'université effectue lui-même plusieurs rondes autour de cette station de tramway, chaque soir entre 23 heures et le dernier tram".
Dans une enquête en ligne réalisée l'an dernier auprès de 4920 personnes, personnel et étudiants, 1260 disent avoir été victimes d'agression. Soit près de 25%.
"Drague lourde" pour 16%, "insultes" 9%, "rencontre avec un exhibitionniste" 5%, "agression sexuelle" 0,2%, "viol ou tentative de viol" 0,1%.
Des aménagements en cours
Face à cet état de fait, l'université a mené cinq "marches exploratoires" en 2017 afin d'identifier et de recenser, avec les étudiantes, les zones les plus à risque.
Là où il manque de lumière, là où il faut aplanir un talus, là où il faudrait aménager un chemin balisé...
Les travaux d'aménagement des abords du campus sont en cours. "Au niveau de l'arrêt de tram Doyen Bru à Pessac ils commenceront en 2019" assure la chargée de communication de l'université, Blandine Lacassagne.
Ces aménagements entrent dans le cadre du vaste programme de rénovation du campus de Bordeaux. L'objectif est de construire d'ici 2022 une quarantaine de nouveaux bâtiments et de réaménager les espaces publics.
Le campus bordelais, construit dans les années 60, s'étend sur 235 hectares. Il accueille près de 60 000 étudiants.