Un jeune de 18 ans scolarisé à Lormont (Gironde) avait, fin février, menacé son professeur de lui faire subir le même sort que Samuel Paty. Reporté trois fois, son procès s'est tenu ce 2 août et quatre ans d'emprisonnement ont été requis à son encontre. Soulagé de s'être exprimé, le professeur espère que son élève ne sera pas incarcéré.
Pour le ministère public, "ce n'est pas l'intention de passer à l'acte, mais l'intention de faire du mal avec des mots, qu'il faut retenir".
De l'aveu de la victime, c'est une peine plutôt sévère qui a donc été requise ce 2 août à l'encontre du lycéen de Lormont (Gironde) accusé d'avoir menacé un de ses enseignants. L'avocate générale a demandé à la cour de prononcer quatre mois d'emprisonnement assortis d'un sursis probatoire de 18 mois et de 105 heures de travail d'intérêt général.
La décision de justice a été mise en délibéré et la cour donnera son jugement le 9 août.
"J'espère qu'il ne fera pas de prison"
Ces réquisitions, tombées vers minuit, sont contestées par l'avocat du jeune homme, mais aussi contre l'enseignant menacé. Ce dernier se dit cependant soulagé "que l'affaire soit passée".
J'espère qu'il ne fera pas de prison (...) Lorsque je reprendrai mon poste en septembre au lycée, j'espère que chacun, élève comme enseignant, pourra comprendre la gravité de ces menaces en lisant dans la presse le compte-rendu du procès.
Anthony Lambertenseignant au lycée Les Iris à Lormont (Gironde)
Le procès en comparution immédiate du jeune homme, reporté trois fois déjà, s'est finalement tenu très tard le 2 août, entre 22 h 15 et minuit. "Il fallait vraiment que ça se termine, souffle l'enseignant. J'avais prévu de dire beaucoup de choses, mais avec la tension... je n'ai pas l'habitude de m'exprimer devant un tribunal. J'espère que dans sa tête, il a bien pris conscience de la gravité de ce qu'il a dit."
De graves menaces
Le 20 février 2023, ce jeune élève du lycée polyvalent "Les Iris" à Lormont avait tenu des propos gravissimes à la sortie d'un cours. "Je vais venir avec une cagoule, un opinel et lui faire une Samuel Paty", avait-il confié à ses camarades en visant M. Lambert avec qui il avait eu déjà un différend quelques jours plus tôt. Il comparaissait devant le tribunal correctionnel pour cet outrage de fin janvier.
Pour rappel, Samuel Paty, enseignant à Conflans-Sainte-Honorine, avait été poignardé puis décapité en octobre 2020 près de son collège. Son assassin lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures du prophète Mahomet.
Suite à ce qui m'est arrivé, beaucoup de professeurs - que je ne connaissais pas - m'ont contacté pour me dire que j'avais du courage de porter plainte parce qu'eux ne le faisaient pas, par peur. (...) Si chacun pouvait le dénoncer, je pense que ça pourrait faire avancer les choses.
Anthony Lambertenseignant au lycée Les Iris à Lormont (Gironde)
Pendant l'audience bordelaise, le jeune prévenu, tout en reconnaissant ses propos, a réfuté avoir voulu menacer de mort le professeur. "Je voulais faire rire mes amis, mais je me suis rendu compte que ce n'était pas drôle," a-t-il notamment déclaré, regrettant ses mots violents.
Anthony Lambert espère que son élève comprendra la leçon sans en arriver à une incarcération. "Je le connais depuis trois ans, je sais comment il fonctionne. (...) Ça faisait un an que je disais que cet élève allait probablement se retrouver un jour dans le journal. Il allait vraiment trop loin."