Violences après la mort de Nahel : des maires en première ligne à Bordeaux et sur la rive droite

Cinq communes de la rive droite de Bordeaux ont choisi d'imposer un couvre-feu de 22 heures à 6 heures du matin jusqu'à lundi. En revanche, pas de couvre-feu à Bordeaux, on vous explique pourquoi.

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"Cela permet de garder dans les appartements, les enfants mineurs qui sortaient la nuit pour commettre des violences". Les communes de Lormont, Cenon, Floirac, Bassens, Ambarès-et-Lagrave ont opté pour le couvre-feu dès vendredi 30 juin et dressent un bilan positif, "le couvre-feu a été respecté".

Couvre-feux de 22 h à 6 heures

"Avec beaucoup d'humilité, nous avons fait le constat que le couvre-feu avait été respecté, il n'y a eu aucune difficulté la nuit dernière". Jean Touzeau, maire de Lormont, assure avoir reçu de nombreux messages de soutien des habitants qui ont pu passer une nuit calme. "Nous, les maires de cinq communes populaires de la rive, avons pris cette décision, car les enfants de 10-12 ans n'ont rien à faire dans les rues la nuit, ils doivent rester dans les appartements entre 22 heures et six heures du matin. Les mêmes qui étaient dehors la veille, entre une heure et trois heures, pour commettre des actes répréhensibles. Et puis, le couvre-feu qui interdit la circulation des voitures dans ce créneau horaire, cela permet de libérer la voie pour les interventions des forces de l'ordre et des sapeurs-pompiers".

Ici, nous menons une politique de la ville en direction des plus jeunes. Nos médiateurs et éducateurs sont sur le terrain en journée pour faire passer un message d'apaisement.

Jean Touzeau, maire de Lormont (33)

Rédaction Web - France 3 Aquitaine

Lormont a connu des dégradations de biens publics dans la nuit du 29 au 30 juin. Le service éducation de la mairie a notamment été incendié et vandalisé lors de la première nuit de violences urbaines sur le territoire après la mort de Nahel, 17 ans, tué par balle par un policier à Nanterre.

Faut-il généraliser le couvre-feu ? Pour le maire de Lormont, " il faut agir avec pragmatisme et appliquer un couvre-feu là où c'est nécessaire, sans généraliser. Ce n'est pas nécessaire pour l'heure d'établir l'état d'urgence".

Des actes positifs

Jean-François Egron, maire de Cenon, commune voisine de Lormont, a, lui aussi, opté pour un couvre-feu." Les habitants ont compris la nécessité de cette mesure."

Interrogé sur les violences urbaines lors de l'inauguration d'une nouvelle piscine publique ce samedi matin, le maire a condamné les violences. "Combattre la violence et les frustrations, les difficultés, c'est en ayant des éléments positifs, ce n'est pas en détruisant des services publics en direction de nos populations que l'on résoudra la situation.

Aucun acte violent n'a de justification. En revanche, il y a un vrai sujet dans les quartiers difficiles. L'État a investi beaucoup d'argent dans le bâti. En revanche, il faut s'investir encore plus dans l'éducation, car il y a des enfants très jeunes de 10-12 ans dans les rues. La prise en compte de leur quotidien est primordiale, il faut les accompagner dans un souci d'égalité et réussite de leur vie, et cela changera les choses.

Jean-François Egron, maire de Cenon (33)

France 3 Aquitaine

Les maires des cinq communes de la rive droite doivent faire le point lundi matin pour savoir si le couvre-feu doit être maintenu dans le temps.

Pas de transports urbains le soir

Le réseau de transports en commun de l'agglomération bordelaise Kéolis interrompra à nouveau la circulation des trams et des bus à partir de 21 heures pour des raisons de sécurité.

Pas de couvre-feu à Bordeaux

De son côté, le maire de Bordeaux, où les violences ont été d'une moindre intensité la nuit dernière, n'envisage pas de couvre-feu. "Si l'on est sur une bonne pente, pas la peine d'en rajouter. On verra dans les prochains jours, il faut rester souple et pragmatique. Par ailleurs, nous travaillons avec la préfecture et la police nationale, et je n'ai pas eu de demande de couvre-feu pour l'instant, explique le maire de Bordeaux. Pour autant, la capitale girondine n'a pas été épargnée par les violences, même dans des quartiers réputés tranquilles jusqu'alors, ce qui inquiète Pierre Hurmic, "Je suis inquiet, car il y a eu des violences dans les quartiers Tauzin et de la Médoquine, des quartiers plus calmes d'ordinaire".

Je me suis rendu sur place pour rencontrer les commerçants et les habitants, notamment aux Aubiers et au Grand parc où des commerces et des services publics ont été dégradés. Les adultes ne comprennent pas ces colères urbaines, pourquoi on s'attaque à des équipements de proximité utiles à tous.

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux

Rédaction Web - France 3 Aquitaine

Rentrez vos poubelles

Pas de couvre-feu, en revanche, le dispositif policier est renforcé dans les quartiers sensibles. Par ailleurs, Pierre Hurmic a tenu à apporter son soutien aux commerçants et invite les habitants à ne pas laisser leur poubelle sur la voie publique et les rentrer, car elles pourraient servir de combustibles lors de violences urbaines. La préfecture donne le même conseil à tous les habitants de Nouvelle-Aquitaine.

Des interdictions en Gironde

La préfecture de Gironde rappelle que les arrêtés interdisant à titre temporaire sur l'ensemble du département le transport, la détention et l'utilisation sur la voie publique ou en direction de la voie publique d'artifices de divertissement, le transport et la détention sur l'espace public de carburants, d'acides et de tous produits inflammables ou chimiques, le port et le transport d'armes, toutes catégories confondues, de munitions et d'objets pouvant constituer une arme ainsi qu’interdisant les cortèges, défilés et rassemblements non déclarés dans le centre-ville de Bordeaux, restent en vigueur en Gironde.

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