Aux vues de ses performances réalisées sur les cinq premières épreuves à l'issu de la première journée du Décastar samedi à Talence (Gironde), Kevin Mayer peut toujours envisager de battre le record du monde du décathlon.
Le mauvais souvenir du Championnat d'Europe de Berlin en août, où il avait mordu ses trois essais au saut en longueur puis abandonné, a vite été effacé.
Cette fois, Mayer a croqué dans le concours à pleine dents: après un saut assuré il a explosé son record personnel à la longueur en atterrissant à 7 m 80, puis s'est agenouillé sur la piste de joie et de soulagement.
Je n'ai jamais été aussi stressé, je n'ai jamais aussi mal vécu un décathlon
a-t-il reconnu devant les médias à l'issue de la journée.
Et pourtant, il compte à mi-parcours 4.563 points, soit 128 points d'avance sur son record de France (8.834 points à Rio en 2016), et 140 points de retard sur le passage du record du monde de l'Américain Ashton Eaton (9.045 points).
Sur la deuxième journée dimanche, qui lui est a priori plus favorable, il peut menacer Eaton s'il parvient à dompter une matinée à risque (110 m haies, disque et perche), alors que la concurrence est loin derrière (le champion d'Europe allemand Arthur Abele est 2e à près de 400 points).
Mais Mayer veut calmer l'enthousiasme à son propos :
Avec un 100 m avalé en 10 sec 55 (record personnel) et un poids expédié à 16 m, le grand blond (1,86 m) avait réussi une entame quasi parfaite.Le record du monde je le convoite c'est sûr, mais je ne dis pas encore que je vais le faire demain...
Le chouchou de l'enthousiaste public de Talence s'est ensuite fait quelques frayeurs dans un concours de saut en hauteur épique. Il a franchi à chaque fois au 3e et dernier essai 1 m 99, puis 2 m 02 et enfin 2 m 05, après avoir notamment manqué une tentative parce qu'il n'avait pas entendu les juges l'appeler...
Légèrement irrité d'avoir été très sollicité, même pendant les épreuves, le vice-champion olympique a su faire "une force" de ces désagréments, selon son entraîneur Bertrand Valcin, pour clôturer son samedi sur un 400 m en 48 sec 42.