Après avoir fait leurs preuves dans le sud de la France, les cellules de recherches des causes et circonstances des incendies se développent en Nouvelle-Aquitaine.
Traquer l'origine des feux, une nécessité. Près de Bazas, dans le sud Gironde, 18 professionnels de toute la région ont suivi une formation afin d'intégrer les cellules de recherches des causes et circonstances des incendies (RCCI).
Une nécessité à l'approche de la période estivale après les incendies des Landes et de Gironde, qui ont ravagé plus de 62 000 hectares de forêt en 2022.
"Après avoir été mobilisée sur les feux de Landiras, cela me tient à cœur de pouvoir apprendre ce travail d'investigation et de pouvoir apporter ma contribution d'une autre manière sur la problématique incendie qui ne va faire que s'étendre avec le changement climatique" explique Marjorie Batlle, technicienne forestière CNPF, l'une des stagiaires qui pourra désormais collaborer avec ces cellules RCCI.
Le renforcement d'un dispositif existant
Dès 2002, l’État a mis en place des plans de prévention des risques d'incendies de forêt. Leurs objectifs : limiter l’exposition aux risques des personnes et des biens. Ils permettaient notamment d’établir une cartographie des zones à risques afin d'adapter la règlementation.
La RCCI vient compter ces plans de prévention. Tout droit venue des pays anglo-saxons, régulièrement confrontés aux incendies, cette unité d'enquête spécialisée se veut pluridisciplinaire incluant pompiers, gendarmes, policiers et forestiers privés et publics.
"On est complémentaire, c'est vraiment un travail d'équipe", témoigne Kristelle Valenza, technicienne en identification criminelle de la Gendarmerie à Agen qui a ajouté cette corde de RCCI à ses tâches habituelles. Un moyen pour chacun de se nourrir des connaissances et compétences d'autres collègues, la lecture des feux pour les uns, la topographie des sols et les réactions de la flore pour d'autres.
Ce minutieux travail d'investigation a vocation à fournir des pièces, permettant d'établir un rapport qui vient s'ajouter aux investigations menées par les unités de recherches (auditions des témoins, réquisitions...).
Rechercher la cause pour prévenir des risques
Les RCCI sont majoritairement implantées dans les zones les plus touchées.
En Gironde, la forêt couvre 520 000 hectares, soit près de la moitié de la superficie du département. Néanmoins, la sensibilité au feu de forêt n’est pas la même partout en Gironde. 98% des incendies sont d'origine humaine et un peu moins de la moitié d'entre eux sont des actes volontaires. Les personnels RCCI ont investigué sur une cinquantaine de feux l'an dernier, permettant de bien accélérer les enquêtes qui peuvent mener à l'arrestation des incendiaires.
Cette cellule permet de mieux connaître les causes et conséquence afin que les professionnels puissent mettre en place aussi des actions de préventions, en lien avec les éléments découverts.
On part de très bas. La plupart des départements étaient entre 20 et 50% de causes d'incendies connues. Avec ces cellules, on atteint les 90 %, presque 100%.
Claude Clopez - formateur RCCI, ancien forestier de l'HéraultFrance 3 Aquitaine
Trois sessions de formation cette année sont prévues sous l'égide de la DRAAF (direction régionale de l'agriculture et de la forêt) et de l'école forestière de Bazas. Depuis deux ans, une centaine d’enquêteurs ont déjà été formés dans toute la région.
Reportage Thomas Milon et Vincent Piffeteau ⇒ avec comme intervenants, Corentin Fuster, sapeur-pompier SDIS Gironde, Marjorie Batlle, technicienne forestière CNPF, Kristelle Valenza, technicienne identification criminelle Gendarmerie Lot-et-Garonne, Claude Clopez, formateur cellule de recherche des causes des incendies, ex-forestier Hérault.