Les Restos du Coeur ouvrent leur 29e campagne hivernale lundi. Ils s'attendent à nouveau à une hausse du nombre des bénéficiaires et veulent trouver de nouvelles sources d'approvisionnement. Ils réclament la défiscalisation des dons agricoles.
A partir de cette date, les 2.070 centres d'accueil vont ouvrir leurs portes quotidiennement ou au moins deux fois par semaine, jusqu'à fin mars, pour offrir des paniers repas à ceux qui se sont préalablement inscrits.
Ce week-end, les bénévoles réceptionnent les denrées et prennent les premières inscriptions. Jeunes, retraités, ou mères célibataires, à Saint-André de Cubzac, en Gironde, les bénéficiaires viennent de la campagne au Nord du département.
Le reportage de Gilles Bernard et Ludovic Cagnato :
L'association créée par Coluche en 1985 a la "quasi-certitude" que le seuil symbolique du million de bénéficiaires sera atteint cette année. L'hiver dernier, 960.000 personnes ont été aidées et 130 millions de repas servis.
La situation socio-économique ne laisse que peu d'espoir d'une amélioration, explique Olivier Berthe. Le président des Restos du Coeur rappelle que 57% des bénéficiaires sont demandeurs d'emploi. " Ils viennent un an, un an et demi après avoir perdu leur emploi, quand les allocations chômage sont en baisse."
"La reprise économique n'étant pas là, cette tendance, on va la vivre encore pendant
deux à trois ans", analyse-t-il. Selon lui, "les 66.000 bénévoles sont tous les jours face à des hommes, des femmes et des enfants en extrême difficulté".
Baisse des aides publiques
Pour faire face, la recherche de financement est une priorité. Les aides publiques, notamment européennes, ont été réduites dans le budget 2014-2020 de l'UE.Le programme européen d'aide alimentaire, dont bénéficiaient 18 millions d'Européens, sera supprimé dès l'an prochain. Cette aide s'inscrira désormais dans le Fonds européen d'aide alimentaire, abondé de 3,5 milliards d'euros, bien en deçà des besoins, selon les Restos qui en bénéficient avec les Banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix-Rouge.
"A fin novembre, nous n'avons toujours pas officiellement l'annonce du budget européen qu'on nous donnera en 2014. Mais on nous annonce officieusement autour de 70 millions d'euros (pour les quatre associations), en baisse de 10% par rapport aux aides antérieures", souligne M. Berthe.
Les subventions publiques représentent 30% du budget des Restos, le reste venant de la générosité du public (dons et legs, ventes des CD et DVD des Enfoirés).
Dons toujours en hausse
Pour le moment, les dons des particuliers "sont toujours en hausse", mais "un jour ce ne sera plus le cas", prévient le président des Restos.Alors l'association veut développer les dons en nature. "Il est urgent de voter une loi qui permette de mettre en place une incitation fiscale à la filière agricole, d'élargir à ce secteur la loi Coluche" qui accorde aux particuliers une réduction d'impôt quand ils font un don, insiste M. Berthe.
Autre cheval de bataille : lutter contre le gaspillage, en intensifiant les collectes et récupération de produits proches de la date de péremption auprès des grandes surfaces, entreprises agro alimentaires et marchés. Déjà le quart des produits distribués proviennent de cette source.
"Cela ne se fait jamais au détriment des règles de sécurité et d'hygiène", assure Olivier Berthe. Les Restos avaient été très exigeants en matière de sécurité sanitaire lors de l'affaire Spanghero, quand des plats cuisinés contenant de la viande de cheval et faussement étiquetés viande de boeuf leur avaient été proposés. Au final, les Restos n'en ont récupéré qu'une petite quantité.