Le parquet demande la relaxe des deux châteaux viticoles du Bordelais. Ils comparaissent devant le tribunal correctionnel de Libourne pour avoir procédé à l'épandage de fongicides à proximité d'une école. Des élèves et une enseignante s'étaient plaints de malaises.
L'affaire avait fait beaucoup de bruit à l'époque, le gouvernement s'en était ému. Y a-t-il un lien entre les traitements phytosanitaires pulvérisés sur les vignes et les malaises des écoliers de l'établissement voisins ? Depuis cinq ans, la question reste en suspens à Villeneuve-sur-Blaye.
Ce jour de mai 2014, deux domaines, les châteaux Castel La Rose et Escalette avaient traité ce jour-là leurs parcelles de vigne avec des produits autorisés, mais potentiellement toxiques.
28 enfants victimes
Pour François Ruffié, avocat de Sépanso les faits parlent d'eux-mêmes. Les traitements ont démarré à 8h20 et se sont poursuivis jusqu'en début d'après-midi. Dès 11h20, les écoliers ont commencé à se plaindre de malaises, douleurs à la gorge, et picotements dans les yeux."Il y a fréquemment des conflits d'usage entre viticulteurs et riverains au sujet de l'épandage de produits phyto-pharmaceutiques. Là, ce sont 28 enfants qui ont été victimes, et un fonctionnaire de l'état dans l'exercice de ses fonctions a dû partir à l'hôpital…"
On a dépassé le stade du normal ou du trouble de voisinages.
Pour l'avocat présents sur les dossiers environnement depuis longtemps " On est en Gironde, on ne touche pas à la viticulture ".
Relaxe demandée
Le parquet a demandé la relaxe des vignerons mis en cause. Pour la procureure Sandrine Ballanger, "le doute doit profiter aux prévenus". Elle a repris les éléments mis en avant par les avocats des châteaux et a retenu principalement qu' "aucun lien de causalité entre les malaises et les épandages" n’est avéré.
La météo en question
Les produits répandus étaient autorisés, rappellent de leur côté les avocats de deux châteaux. Les conditions météorologiques seront également abordées lors du procès. Selon météo France, les vents atteignaient ce jour une force de 20 à 32 km/h, force à partir desquelles il est interdit de traiter.
Selon Sophie Clavel, avocate du Château Escalette, qui s'appuie sur les dires du médecin scolaire, c'est l'anxiété qui a pu engendrer certains troubles ressentis par les enfants. " On ne connaît l'origine des maux des enfants. " L'avocate balaye la question autour des conditions météo " Mes clients ont toujours dit que les épandages avaient été faits dans les règles de l'art. "
Me Michel Gadrat, avocat du Château Castel La Rose dénonce quant à lui un dossier vide. " Aucune preuve n’a été apportée que des produits aient gagné la cour d’école et ne soient sortis de la parcelle."
Le jugement est mis en délibéré au 30 avril 2019.
Regardez le reportage de JP. Stahl et Ph.Turpaud