[MA TERRE] : En quête de sens après dix ans passés derrière un bureau, Guillaume est devenu maraîcher bio

Guillaume a quitté sa vie dans un bureau contre celle en plein champ dans le Médoc. Il était alors en quête de sens. Il est dorénavant maraîcher bio, vend des paniers de légumes et se voit comme un pionnier de l'alimentation de demain. 

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Quand il regardait par la fenêtre, il ne se voyait pas rester comme ça. Guillaume Burnel a changé de vie un beau jour, après dix années passées dans un bureau comme technico-commercial. Un travail loin d'être une vocation. Après avoir beaucoup réfléchi, un jour, il a franchi le pas.
 

J'aimais déjà faire mon potager. Je me suis renseigné pour savoir comment je pourrais en vivre. Depuis un an, je commercialise des paniers pour un contrat d'un an, avec une quarantaine de légumes différents vendus en local et en bio.
 

Le jeune maraîcher alimente ainsi une soixantaine de clients réguliers en légumes frais, le tout dans un court rayon autour de son exploitation, baptisée la ferme des équinoxes. 
 

 


Donner du sens à sa vie


Petit à petit son choix s'est fait : travailler en extérieur et donner du sens à sa vie professionnelle, sa vie au sein de la société, redéfinir son rapport aux autres... bref repenser sa vie tout court. Ce sera le travail de la terre, en bio bien entendu, et à échelle humaine. Guillaume se lance dans une formation de huit mois au centre spécialisé de Blanquefort dans l'agglomération bordelaise. Des stages qui vont lui en apprendre beaucoup. Et qui lui donnent droit à des aides à l'installation qui vont faciliter son acquisition de terres et la construction de serres, à Listrac dans le Médoc.
L'aventure... avec cinq hectares à cultiver. 
 

Ca a été un parcours du combattant malgré des aides non négligeables. Il faut faire preuve de beaucoup d'esprit d'entreprise et de ténacité !


Guillaume a retroussé ses manches. " Les journées sont très longues. La production de paniers, plus l'installation des dernières serres, c'est beaucoup de travail, il n'y a pas de week-end. "

Quand la motivation s'émousse un petit peu, je repense à mes dix dernières années passées dans un bureau. J'avais un travail qui ne servait pas à grand chose.
J'ai énormément de chance de faire ce que je fais aujourd'hui, j'ai une certaine fierté. Et ça me redonne tout suite de la motivation pour continuer.  

 



Il produit assez de paniers pour être "presque viable". Il se dégage aujourd'hui proche du SMIC, après avoir du vivre avec l'équivalent du RSA pendant un an et demi.

Ça ne me fait pas peur. Je n'ai pas de besoins si dépensiers que ça. Et je mange mes propres légumes ! 


L'esprit pionnier

Se lancer dans le métier de la terre, alors que l'on n'est pas soi-même issu d'une famille d'agriculteurs, ce n'est pas le chemin le plus simple. Et  Guillaume n'a pas d'antécédents familiaux dans le domaine. Pour autant, la passion a vite gagné le trentenaire qui s'est plongé dans les lectures et les conseils d'agronomes attentifs à la bonne santé de la terre :  " On hérite d'un savoir de plusieurs siècles.... "
Aujourd'hui, il puise son énergie dans la perspective de lendemains meilleurs pour la biodiversité. 


Ma fierté, c'est de faire partie de ces précurseurs qui vont produit la nourriture de demain, qui rentre dans un cycle fermé. On n'use pas le potentiel du sol et de la biodiversité pour manger. On essaie de faire en sorte que tout revienne au sol.
 

Il y a aussi ce plaisir partagé avec ses fidèles clients qui s'étonnent du goût : "Les gens sont surpris, il y en a qui découvrent les épinards, leur et leur fraîcheur. "
 

Il faut garder une pédagogie pour ses clients.


Guillaume a toujours besoin d'expliquer pourquoi le bio, pourquoi en local, pourquoi pas de pesticides ou d'entrants dans la terre, avec un credo " Pas de poison dans mes légumes ". La fidèlité de ses clients prouve qu'ils entendent le message. 
 


Un autre modèle d'agriculture

Guillaume est un agriculteur heureux, loin de l'image médiatique de la profession diffusée ces derniers mois, voire ces dernières années, alors que la Une de l'actualité porte plutôt sur le malaise paysan et la crise du secteur. La situation des agriculteurs ne le laisse pas pour autant indifférent. 

Ça a été une course effrénée à la production qui aujourd'hui les étrangle. Ces agrictuleurs en difficulté ont besoin de pédagogie pour comprendre que s'ils continuent comme ça, ils vont dans le mur eux-mêmes, mais aussi la société, mais aussi l'écosytème et la biodiversité.


De nombreux agriculteurs ont eu recours à la technique et la technologie au moment de la " révolution verte ", à un moment où il fallait produire beaucoup de nourriture. "  Ils sont dépassés, ils se retrouvent à vendre leurs produits à des prix qui défient toute concurrence, ils n'ont pas le choix. "


 

"J'ai envie qu'on soit plusieurs à s'entraider"

Guillaume Burnel qui a mûrement réfléchi son projet, est allé au bout de ses envies et de ses convictions. Il fait aujourd'hui un constat : " Les nouvelles générations vont être amenées à cultiver au moins en bio."
Au-delà, c'est une autre conception, à l'opposé du modèle dominant depuis l'après-guerre, que le jeune maraîcher imagine et espère :  " J'ai envie qu'on soit un réseau de maraîchers comme moi, j'ai envie qu'on soit plusieurs à s'entraider comme ça."

Il faut que l'agriculture revienne à des petites exploitaions, à l'échelle humaine, pas plus grand.



Un projet à l'opposé du développement des fermes-usines qui provoquent tant de polémique. Question de modèle de société. Guillaume, dans son coin du Médoc, a fait son choix. 
 


 
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