"Sans la vidéo, j'étais foutu", assure Olivier Béziade, grièvement blessé par un tir de flashball

Olivier Béziade a été victime d'un tir de flash-ball en pleine tête pendant une manifestation de Gilets jaunes à Bordeaux. Il est aujourd'hui invalide. Le policier qui lui a tiré dessus a été mis en examen, une procédure rendue possible grâce aux vidéos tournées ce jour-là, assure le Girondin.

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Comme des millions de Français, Olivier Béziade a vu les images de Michel Zecler. Le 21 novembre, ce producteur de musique était roué de coups par des policiers à l'intérieur de son studio de musique. La scène a été filmée par une caméra de surveillance. Les images, diffusées par le site Loopsider ont suscité un émoi national, en pleine polémique sur le projet de loi de Sécurité globale. L'article 24,  qui vise à réglementer la diffusion d'images de policiers ou de gendarmes, sera réécrit ont annoncé ce lundi les présidents des groupes de la majorité à l’Assemblée nationale.
 

"Moi, j'appelle ça des violences policières"

"C'est inimaginable ce qu'ils ont fait, commente Olivier Béziade. Les policiers sont quand même censés être là pour protéger le citoyen. Ils doivent être jugés, et même licenciés", estime-t-il. 
Lui-même a connu les "violences policières". "Je sais que certains ne veulent pas utiliser ce terme, mais moi, j'appelle cela comme ça", précise-t-il. 

C'était le 12 janvier 2019. Olivier Béziade, qui habite Bazas dans le sud Gironde et peu habitué aux manifestations, est venu avec sa compagne défiler au côté des Gilets jaunes. En fin d'après-midi, le rassemblement dégénère. Le quadragénaire, pompier volontaire, cherche alors à fuir les affrontements et emprunte une rue adjacente à la rue Sainte-Catherine. 
 

Un tir en pleine tête

Soudain, une première grenade est lancée par les forces de l'ordre dans sa direction. Puis un tir de flash ball atteint Olivier Béziade en pleine tête. Il s'écroule, face contre terre. Victime d'une triple fracture au niveau du crâne, d'une hémorragie cérébrale, de blessures aux pommettes et à la langue, il sera hospitalisé et plongé plusieurs jours dans le coma.

Plusieurs témoins ont filmé la scène, diffusée le soir même dans le 19/20 de France 3 Aquitaine. En se basant sur de multiples sources vidéos, le site LeMonde.fr a également reconstitué de façon très précise le déroulé des faits. 
Des images, qui cumulées à celles des caméras de surveillance, ont permis d'avoir plusieurs angles de vue sur l'action des policiers. Un an plus tard, en janvier 2019, un policier est mis en examen pour "violences volontaires avec arme ayant entraîné une interruption de travail (ITT) de plus de huit jours, par personne dépositaire de l’autorité publique". 

Les vidéos, remises au parquet, ont été décisives, assure aujourd'hui Olivier Béziade. "C'est grâce à elle qu'on a pu reconstituer mon parcours. Après les avoir regardées, le directeur de l'IGPN m'a dit, devant mon avocat "monsieur vous n'avez rien fait, nous avons rien à vous reprocher". 
 

"On ne peut plus dire que j'étais un voyou"

Olivier en est persuadé, sans images, sa parole n'aurait eu aucun poids face à celle des policiers, assermentés. " J'ai entendu des gens s'interroger sur l'affaire de Michel Zecler, se demander ce qui s'était passé avant le passage à tabac. Moi aussi j'ai connu ça. Je me souviens que Laurent Nunez (ex secrétaire d'Etat à l'Intérieur, ndlr) avait insinué sur BFM TV qu'on ne savait pas ce que je faisais avant de me prendre ce tir…
 

Les images existent, mon avocat les a visionnées : on ne peut plus dire que j'étais un voyou. Je suis juste un père de famille qui a marché dans les rues de Bordeaux. Et ça, c'est grâce aux caméras.

Olivier Béziade



Le Girondin souhaite d'ailleurs un usage élargi de la vidéo, pour tous. Un sujet sur lequel il reconnaît avoir eu des désaccords avec ses amis Gilets jaunes. "Ils filment et ne diffusent que les violences policières. On peut aussi filmer les dégradations qui sont commises par les manifestants. Je pense que la vidéo peut servir à tous, dans les deux sens". 


"Ma vie a éclaté"

Le tir reçu par Olivier Béziade lui a laissé de lourdes séquelles. Souffrant de crises d'épilepsie, il s'excuse parfois de chercher ses mots. " Je prends des cachets à outrance. En fin d'après-midi, je m'endors… 
Les traumatismes crâniens, ça transforme complètement une personne. On change de comportement, de personnalité… Ma vie a éclaté"

En ce début d'année 2019, Olivier Béziade espérait lancer sa propre entreprise d'électricité. Un projet qu'il a dû reporter mais n'a pas abandonné. "On m'a reconnu une invalidité de niveau 1, aujourd'hui, je ne peux plus travailler. 
Je dois désormais passer des examens dans une unité spécialisée de la Tour de Gassie, pour voir si j'ai la capacité de travailler un jour, et de monter cette entreprise"
.


Indemnisation

Le volet judiciaire est également en attente de nouvelles expertises, afin d'estimer le préjudice subi, et les indemnités auxquelles le quadragénaire pourra prétendre. Un volet crucial pour ce père de trois enfants, qui touche aujourd'hui 600 euros d'allocations par mois. "Même en réduisant au maximum les factures, c'est dur. J'ai dû faire appel à une assistante sociale." 
Il y a peu, Olivier Béziade a même songé à mettre sa maison en vente. Ses proches l'en ont dissuadé. Il l'avait construite de ses propres mains avec son père, il y a sept ans. 
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