Le ministre de l'agriculture était attendu ce samedi 29 août dans les vignes de l'appellation Côtes de Bourg en Gironde, par un comité d'accueil de jeunes vignerons désireux de porter un message. La profession est en grande difficulté face au contexte économique et sanitaire.
Une vingtaine de jeunes vendangeurs avaient installé des banderoles "No future" sur leurs machines à vendanger pour accueillir le ministre sur l'un des lieux de rendez-vous de sa visite girondine. Ils entendaient attirer l'attention du ministre sur une situation critique de la profession qui subit coup sur coup ces dernières années sans parler des aléats de la météo...
Par leurs réflexions ils décrivent une situation concrète: "je n'ai pas dégagé de salaire depuis deux ans...", "on vend moins cher le vin que nos parents, il y a 20-30 ans! Alors qu'il est meilleur, plus propre et plus environnemental".
En face, le ministre connaît la situation et veut maintenir le dialogue: "je suis ingénieur agronome, je ne suis pas viticulteur, mais comme vous je suis passionné".
Il est venu parler du plan de relance, les 250 millions. "C'est un pansement!" répond un viticulteur. Mais le ministre précise "j'ai souhaité qu'on insiste sur les stocks car ça me fait mal aux tripes comme vous pour notre belle production, de faire de la distillation: je préfère qu'on stocke". Mais il veut aussi parler des problèmes structurels, le fait que "les agriculteurs n'ont pas augmenté leurs rémunérations depuis 10 ans..."
Si les grands noms du Bordeaux s'en sortiront toujours, la situation est rude pour les vignerons girondins.
Avec une baisse constante de la consommation de vin, en France et dans le monde, les ventes en baisse en chine ou les taxes américaines ou encore le Brexit, la crise du coronavirus est venue apporter le dernier coup à une profession déjà en crise.
Un des effets de la pandémie c'est que les acteurs de l'Hôtellerie-Cafetiers-Restaurateurs naviguent à vue et ne refont pas leurs stocks de vins. Pour certains, cette période a même été l'occasion de vendre une partie de leur cave pour retrouver un peu de trésorerie.
Un peu plus tôt dans la matinée, Julien de Normandie et son équipe avait rencontré les acteurs de la filière viticulture, à la maison des vins de Bourg-sur-Gironde ainsi que les élus locaux et les représentants des producteurs de la viticulture en Côte de Bourg et Côte de Blaye.
Visite au château Grand Launay
Après s'être arrêté discuter une demi-heure avec les viticulteurs, le ministre a pu poursuivre la visite au Château Grand Launay à Teuillac qui produit sur ses 30 hectares des vins en bio et biodynamie. Car c'est d'ailleurs un des atout de l'appellation Côtes de Bourg dont 70% du vignoble est travaillé en bio et biodynamie.Une rencontre au coeur des vendanges qui ont débuté ici aussi précocement (18 août). L'occasion aussi d'échanger sur les changements climatiques et l'adaptation de la filière à ces nouveaux rythmes.
Après une année difficile pour les viticulteurs, l’heure est aux vendanges.
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) August 29, 2020
Aujourd’hui, dans les côtes de Bourg et de Blaye, nous sommes à leurs côtés pour les aider à passer cette période difficile et trouver les solutions pour renforcer ce secteur d’excellence française. pic.twitter.com/PtiS1Mak2P
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazères (montage: Xavier Granger)
(Interviennent dans ce reportage: Damien Labiche, vigneron/ Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation/ Bernard Farges, Président du CIVB/ Pierre-Henri Cozyns, propriétaire du château Grand Launay)